Devenez publicateur / Créez votre blog


 

Affaire Malabo-CBGE : pourquoi le Boeing 777 de la Guinée équatoriale a été saisi en France

  Politique, #

Nouveau rebondissement dans le litige qui oppose depuis bientôt 15 ans la Guinée équatoriale et la Commercial Bank de l'homme d'affaires camerounais Yves-Michel Fotso : l'avion de la compagnie nationale est saisie depuis le 10 juillet en France. Retour sur un feuilleton judiciaire.

 

 

 

 

 

Un Boeing 777-200 flambant neuf " - selon les termes utilisés par une source judiciaire proche du dossier - appartenant à la compagnie nationale de la Guinée équatoriale Ceiba Intercontinental, est cloué au sol depuis le 10 juillet à l'aéroport de Bâle-Mulhouse, dans l'est de la France. Il a été saisi en vue de la vente au profit de la Commercial Bank Guinea Ecuatorial (CBGE) qui réclamait une créance de près de 70 millions d'euros à l'État équato-guinéen.

 

Une " affaire embrouillée "

Un nouvel épisode dans ce feuilleton aux incessants rebondissements et qui oppose, depuis bientôt 15 ans, le camp de l'homme d'affaires camerounais Yves-Michel Fotso, détenu depuis bientôt quatre ans au secrétariat d'État à la Défense à Yaoundé, et celui du président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema. Une " affaire embrouillée ", comme l'a confié à Jeune Afrique Me Jean-Charles Tchikaya, avocat de la Guinée équatoriale.

 

Tout est parti du refus en 2002 du régime d'Obiang Nguema d'accorder un agrément d'établissement de crédit à la CBGE alors que le pays s'y était engagé aux termes d'une convention. Une procédure d'arbitrage, initiée à Abidjan début 2007 devant la Cour commune de justice et d'arbitrage de l'Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada), aboutit deux ans plus tard à la condamnation de la Guinée équatoriale à verser à la CBGE près de 70 millions d'euros " en réparation du préjudice matériel qu'elle a subi du fait de ses investissements [...] et au titre de son manque à gagner ".

Alors que des tractations étaient en cours entre les représentants de Yves-Michel Fotso et de Teodoro Obiang Nguema, une série de saisies s'abat en 2012 sur des biens appartenant à l'État équato-guinéen en France et en Belgique, notamment les avoirs bancaires de son ambassade à Bruxelles et l'avion présidentiel, immobilisé à l'aéroport du Bourget. Mais peu de temps." J'avais rapidement obtenu la main levée sur ces biens et la partie adverse s'était désistée ", se félicite encore aujourd'hui Me Tchikaya. " Faux ", rétorque une source proche de la CBGE. " C'est Yves-Michel Fotso lui-même qui a demandé à l'un de ses avocats " d'ordonner la main levée sur la saisie opérée à l'aéroport du Bourget sur l'aéronef Falcon 900 [avion du président Obiang] et d'arrêter toute action à l'encontre des actifs de la Guinée équatoriale ".

Qui a touché l'argent ?

Il ne fallait donc pas faire capoter les négociations qui aboutiront le 17 décembre 2012 à la signature d'un protocole entre les deux parties : la créance de 70 millions d'euros est ramenée à 30 et la CBGE s'engage à renoncer au montant initial qui lui était dû par la sentence arbitrale de 2007. Très rapidement, les choses bougent. Le gouvernement équato-guinéen effectue dès le 21 décembre de la même année le premier paiement, soit environ 15 millions d'euros.

 

 

7,5 millions d'euros ont été détournés par les fonctionnaires de l'État équato-guinéen

" Mais de cette première tranche, notre client aura touché moins de 8 milliards sur les 10 prévus, la banque nationale de la Guinée équatoriale ayant décidé entre-temps de bloquer ses comptes ", dénonce aujourd'hui l'un des conseils de la CBGE. Et ce n'est que le début de l'embrouille. " Par la suite, un protocole fictif a été signé entre les anciens conseils de mon client et un représentant de la Guinée équatoriale en France : on a appris qu'une somme de 7,5 millions d'euros a été versée à un huissier non mandaté. Mais mon client n'a jamais touché cet argent ", ajoute-t-il, " convaincu " également que " les 7,5 millions d'euros ont été détournés par les fonctionnaires de l'État équato-guinéen ".

Se considérant abusée, la CBGE estime que le protocole conclu fin 2012 avec la Guinée équatoriale est désormais " nul et non avenu ". En conséquence : la banque réclame la créance initiale et les intérêts, soit environ 58 millions d'euros, si l'on déduit les quelques 8 milliards de francs CFA versés qu'elle reconnaît avoir perçus.

Me Jean-Charles Tchikaya préfère en rire. " Dans l'accord entre la CBGE et la Guinée équatoriale, il est clairement stipulé qu'en cas de difficultés, il faut s'en remettre à un tribunal arbitral, avance-t-il. La dénonciation du protocole ne peut donc être unilatérale mais constatée par une décision arbitrale. " Pis, pour l'avocat de l'État équato-guinéen, " [son] client a déjà payé toute la créance que lui réclame aujourd'hui la CBGE ". Une " banque d'ailleurs qui n'existe pas en Guinée équatoriale, n'a ni clientèle, ni guichet ", tance-t-il. Et de promettre : " La Guinée équatoriale va saisir le juge compétent pour obtenir très rapidement la main levée sur l'avion de la Ceiba international. "

Source : www.jeuneafrique.com


PARTAGEZ UN LIEN OU ECRIVEZ UN ARTICLE

Pas de commentaire

Pas de commentaire
 
Daya
Partagé par : Daya@Senegal
VOIR SON BLOG 12 SUIVRE SES PUBLICATIONS LUI ECRIRE

SES STATS

12
Publications

559
J'aime Facebook sur ses publications

38
Commentaires sur ses publications

Devenez publicateur

Dernières Actualités

Pas d'article dans la liste.