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Attentat au Kenya : trois mois après "Charlie", la France se tait. Elle doit se mobiliser

  Société, #

LE PLUS. Jeudi 2 avril, 148 personnes ont été tuées par des shebabs somaliens à l'université de Garissa, au Kenya. Comment cette information a-t-elle été traitée en France, trois mois après les attentats de "Charlie Hebdo" et de l'"Hyper Cacher" ? Pour Béchir B., étudiant en droit, les médias français n'ont pas suffisamment relayé le drame. Il appelle les Français à dire non au fanatisme.

Édité par Anaïs Chabalier

Un hommage aux victimes de l'attentat de Garissa, au Kenya (S.V.ZUYDAM/AP/SIPA).

Il y a quelques jours, une nouvelle immonde est arrivée à nos oreilles. Qu'il s'agisse des sites internet de médias généralistes ou des chaînes d'information en continue, peu de faits nous ont été rapportés.

Il aura fallu dans la plupart des cas attendre plusieurs heures voire plusieurs jours, pour avoir des articles qui méritent d'être lus.

Contrairement aux massacres précédemment perpétrés, celui dont je parle n'a eu aucune couverture médiatique mondiale, aucune grande réaction politique, point de solidarité internationale. Et aucune grande marche n'est prévue.

La France ne doit pas devenir complice de cette barbarie

Seul le silence est de mise. Ce silence que la mort de 147 innocents tait. Ce silence dont Euripide disait qu'il est un aveu. Ce silence que l'histoire n'oubliera pas.

Car quand il y a des morts partout dans le monde, quand il y a des étudiants que l'on tue parce qu'ils ont essayé d'étudier et qu'ils sont allés à l'université, quand il y a des fous qui se permettent de frapper au cœur un État qui ne cesse de se battre pour se relever, notre silence est une confirmation des actes.

Et lorsque ces shebabs auront conquis plus de territoires, qu'ils auront mis à mal plus de populations, qu'ils auront continué le massacre de dizaines voire de centaines de milliers d'innocents et qu'ils seront à nos portes, notre silence ne marchera plus.

On ouvrira alors les yeux et on se rendra compte de cette barbarie. Sauf qu'il sera trop tard, car elle frappera des peuples plus proches, ces peuples "amis". Et à ce moment-là, pour se donner bonne conscience on ira manifester, on sera parfois même contraints de s'engager militairement. Sauf que cette barbarie, avant d'en avoir été la victime, on en aura été les complices.

Une hiérarchisation des informations

Entre le silence des médias et le bruit causé par Twitter, on voit bien aujourd'hui qu'il y a une forme de hiérarchisation des informations qui ne peut que nous inquiéter.

Ainsi, le soir même des attentats, BFMTV nous parlait par exemple de foot et de l'état psychologique du copilote de l'A320 (quatre jours interminables d'information sur ce sujet) alors qu'au même moment, sur Twitter, on pouvait lire des messages de solidarité venant de la Terre entière.

Quand est venu le moment où le média prend la place du réseau social et que l'information est confirmée, il est déjà trop tard. Dans le torrent d'images qui déferle alors sur le public, certains médias (surtout africains d'ailleurs) ne se cacheront pas de publier les images des corps ensanglantés gisant sur le sol de l'université.

À l'exception de quelques tribunes fortes et encourageantes, comme un éditorial du "Monde" ou de véritables articles d'information, comme celui de "L'Obs" sur la situation post-massacre, le véritable travail journalistique se fera longuement attendre.

Un ethnocentrisme à peine caché

Alors que pour le musée du Bardo et pour "Charlie Hebdo", nous avions fait preuve de retenue face aux morts, la réaction française face au drame de Garissa a été de se taire longtemps et de transmettre ensuite des images accablantes presque de manière zoologique, montrant comme dans un documentaire animalier les carcasses humaines.

Cette réaction doit nous inciter à faire preuve de plus de retenue et à être plus modestes. Face à cet ethnocentrisme à peine caché, il faut que nous réagissions et que nous nous exprimions. Euripide disait :

"Parle si tu as des mots plus fort que le silence".

Alors parlons, disons qu'il n'y a pas de différence entre les victimes kenyanes et les victimes françaises de "Charlie", qu'il n'y a pas de hiérarchie entre d'un côté les morts blancs et de l'autre les morts noirs, assumons-le !

Nous devons donc être solidaires des Kenyans

Après ce qui nous a touchés début janvier, nous ne pouvons plus nous taire.

 

La France, qu'on le veuille ou non, a repris depuis quelques mois le flambeau de la grande guerre de civilisation face aux fanatismes et aux obscurantismes. Et il s'agit ici d'une guerre qui n'oppose non pas les chrétiens aux musulmans mais bien la civilisation face à la barbarie.

Nous devons donc être solidaires des Kenyans et le leur montrer en allant manifester, en allant dire haut et fort à la Terre entière que là où des individus seront inquiétés dans leurs libertés par des extrémistes nous seront là pour rappeler le droit, rappeler les libertés et les principes qui guident notre engagement.

Au-delà de la solidarité des paroles, il faut que celle des actes suivent, qu'un renforcement des missions déjà existantes soit proclamé et étendu de Bangui à Djibouti et de Nairobi à Mogadisho, pour que plus aucun acte meurtrier de ce genre ne soit toléré.

Ainsi, au travers de ce message, j'invite tous les étudiants, mais aussi tous les Français à se lever et à dire non au fanatisme à nouveau. Trois mois presque jour pour jour après "Charlie", notre sentiment de combat et notre rage de vaincre ne doivent pas sonner creux.

À Paris, un rassemblement est prévu mercredi 8 avril à 18h, place de la République.



Source : leplus.nouvelobs.com


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Estelle
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