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Au Bénin, des paysans tournent le dos au trafic du bois

  Société, #

" Cette année, il n'y a pas eu de pluie du tout. Vraiment, les champs n'ont rien donné. Pas de maïs, ni de coton, ni de soja ". Gloto se plaint des rendements de sa terre. Il est pourtant l'un des meilleurs producteurs de la région des Collines, qui regroupe six communes du centre du Bénin, et a souvent bénéficié des projets d'appui au secteur agricole.

Au-delà des revenus de cet agriculteur de 47 ans, rondouillard et vêtu d'un boubou délavé, c'est le grenier du pays qui est menacé par la diminution des précipitations. " Cette année, à cause des changements climatiques, la pluviométrie a baissé de 300 mm. La moyenne était de 1 100 mm ", dit Aubin Oloudaré, responsable du développement rural à Dassa, l'une des communes de la région, à 200 km au nord de Cotonou. " Avec une période sèche de plus en plus longue, les feux de brousse causés par l'agriculture sur brûlis, l'utilisation abusive des engrais et la monoculture, les sols se sont dégradés ", ajoute-t-il.

A défaut de terres fertiles, les agriculteurs se sont donc rués vers les massifs forestiers pour y faire du charbon - et trouver de nouvelles terres. La région des collines est la plus boisée du pays (70 % du couvert végétal) avec ses 3 millions d'hectares de forêts dont 500 000 occupés par des forêts classées et 2 500 000 ha protégés par l'Etat. " Le champ ne donne pas assez ces derniers temps. Nous coupons du bois pour faire du charbon et nourrir nos familles ", confesse un chef de village.

Le marché du charbon, lui, est lucratif. Dans les villes, 72 % des ménages utilisent le bois énergie comme combustible, principalement pour la cuisson. Selon le ministère de l' environnement, plus de 500 000 tonnes de bois énergie sont consommées chaque année à Cotonou et Porto-Novo. Les sacs de charbon de bois, que l'on aperçoit le long de toutes les routes du Bénin, coûtent dans les 3 000 francs CFA dans les régions et plus de 6 000 francs CFA dans les grandes villes.

L'abattage à rythme effréné est ainsi devenu rapidement un facteur de déforestation. Le Bénin a perdu 31% de son couvert végétal ces dernières années, selon une étude de Greenpeace et de World Resources Institute. Le Bénin perd 60 000 hectares de forêts par an, selon le gouvernement.

" Les paysans défrichent les forêts pour le charbon et la recherche de terres fertiles. Il faut qu'on puisse les sédentariser avec des techniques de gestion durable des terres ", explique Edouard Akpinfa, de la communauté forestière du Moyen Ouémé dont fait partie la ville de Dassa ainsi que huit autres communes. Le Groupement intercommunal des Collines (GIC), un établissement public de coopération a donc mis sur pied un programme d'appui à la gestion durable des terres et d'adaptation aux changements climatiques pour former les producteurs aux technologies de fertilisation des sols et limiter leur pression sur les forêts.

Ces projets sont soutenus par l'Agence française de développement (AFD, partenaire du Monde Afrique). Parmi ces techniques, la culture de légumineuses ayant des propriétés fertilisantes. Des graines certifiées de mucuna, de haricot fourrager ou de pois d'Angole ont été mises à disposition de centaines de paysans.

" Ces légumineuses permettront de fixer l'azote atmosphérique pour pouvoir le rendre disponible au niveau de la terre. Ensuite la biomasse issue des récoltes sera enfouie dans le sol lors d'un prochain labour. Elle va permettre une meilleure décomposition des éléments minéraux pour la culture vivrière qui sera installée ", explique Aubin Oloudaré, le responsable du développement rural à Dassa.

Edouard, l'un des producteurs bénéficiaires du programme expérimente sur une superficie d'un hectare le pois d'Angole, qu'il a associé avec le maïs depuis le mois d'août. Avant ce projet, il n'avait récolté sur cette même superficie que six bassines de maïs. Cette année, les récoltes des épis présagent un meilleur rendement. " Je suis très content de ma récolte, cette fois-ci. Je vais continuer l'utilisation des légumineuses fertilisantes et éviter d'aller couper du bois ", conclut-il.

La communauté prévoit cependant de replanter 235 000 hectares en essences à croissance rapide qui permettront de produire du charbon de bois sans empiéter sur les forêts naturelles. Dans le même temps, le gouvernement béninois a notamment promis, dans sa contribution volontaire (Intended Nationally Determined Contributions, INDC) à l'accord de Paris sur le climat, signé le 12 décembre, de subventionner à hauteur de 35 % les bouteilles de gaz butane, pour rendre cette alternative au charbon le plus accessible possible. La bouteille de 12 kg coûte actuellement 40 000 francs Cfa (60 euros).



Source : www.lemonde.fr


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chakirou
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