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Avenir du rock : la piste africaine

  Musique, #

En 2050, plus d'un Terrien sur quatre vivra en Afrique. Sur ce continent en pleine explosion démographique, les émulations artistiques d'une jeunesse désormais bien connectée bousculent les traditions. Plus besoin de télévision, les clips tournent en boucle dans les cybercafés et sur les smartphones, imposant les codes d'un rock pop globalisé jusque dans les villages de brousse. Et si la prochaine Amy Winehouse débarquait du Swaziland ?

Un demi-siècle de culture rock

Grâce à l'afrobeat de Fela Kuti à la fin des années 60, le monde entier sait que le golfe de Guinée a été la région la plus funky d'Afrique. Pour le blues en revanche, il faut remonter en pays mandingue, comme dans le documentaire de Martin Scorsese Du Mali au Mississippi, en 2004. Et pour le rock ? Le producteur français Doctor L (Tony Allen, Mbongwana Star) rappelle que le continent vibre au son des guitares depuis un demi-siècle : " Dans les années 70, les Africains ont pressé des milliers de disques de rock pendant que nous, on ne s'intéressait qu'au son américain." Plusieurs rééditions en témoignent, dont le travail du label Now-Again sur le "zamrock", un style inventé par la jeunesse de Zambie qui a détourné à sa sauce la culture pop-rock des Anglais venus exploiter les mines de cuivre avec, dans leurs bagages, des disques de Led Zeppelin ou des Pink Floyd.

 

Des traditions électrifiées

On le sait depuis le succès du groupe touareg Tinariwen : les guitares électriques résonnent à l'infini dans le désert, Thom Yorke et Robert Plant en sont les premiers fans. En 2015, on amplifie plus que jamais les instruments traditionnels de Kinshasa à Bamako, des likembés (pianos à pouce) de Konono n°1 aux ngonis (banjos africains) de Bassekou Kouyaté et de ses fils. Ces derniers trafiquent leurs instruments avec un acharnement qui confine à la torture. Leur nouvel album, Ba Power, rénove les coutumes mandingues à grands coups de pédales wah-wah et de distorsions tonitruantes. Si Bo Diddley est ressuscité quelque part en Afrique, il martyrise les cordes de ngonis au sein de la famille Kouyaté.

 

De nouvelles fusions urbaines

Dans l'agglomération monstrueuse de Pretoria-Johannesburg, 12 millions d'habitants, la création musicale est aussi nébuleuse qu'à New York ou à Tokyo. La croissance démographique fulgurante y engendre une urbanisation sauvage, et les villes vibrent au son de nouveaux (trans)genres. Cette année par exemple, l'inclassable collectif Fantasma mené par Spoek Mathambo a fusionné psych-rock, rythmes zoulous et electro-pop dans un style unique. Même des capitales africaines plus modestes, comme Ouagadougou au Burkina Faso (2,5 millions d'habitants), foisonnent d'énergies nouvelles, à l'instar de Patrick Kabré, 27 ans, dépositaire d'un warba-rock lumineux, ou de son aîné Baba Commandant, surnommé "le punk noir du Faso", à l'afrobeat féroce (1).

L'effet Damon Albarn

"Le Mali a transformé ma façon de faire de la musique", avouait Damon Albarn au quotidien anglais The Guardian. Et le leader de Blur répète la même chose à propos du Congo, où il a enregistré le merveilleux album Kinshasa One Two en 2011. Qu'une star internationale de la stature d'Albarn ne jure plus que par l'Afrique incite forcément d'autres musiciens, ainsi qu'une partie de ses fans, à tendre l'oreille vers le continent. Autre trip, autre exemple : la rencontre sur les trottoirs de Kinshasa du Français Doctor L avec des dissidents du Staff Benda Bilili, ayant abouti à la formation du Mbongwana Star. Leur album farouchement psyché ne mérite aucunement d'atterrir sous l'étiquette hideuse de la "world music", et s'impose plutôt en candidat sérieux au titre d'album rock de l'année 2015, tout simplement.

 

Des rockeurs déjà en Trans

"Ce quatuor joue un rock garage à la fois héritier de Jacques Dutronc et The Sonics. Sauf que tout ça se passe à Tananarive, capitale de l'île de Madagascar, dans un des pays les plus pauvres, corrompus et dangereux du monde..." Ainsi débute le texte de présentation du duo The Dizzy Brains dans le programme des prochaines Trans Musicales de Rennes (2). Toujours en quête de nouvelles sonorités, le festival a déjà hébergé plusieurs délégations de rockeurs africains lors de précédentes éditions. Cette année également, The Brother Moves On débarquera de Johannesburg, avec leur batteur cinglé et cinglant. Comme le festival breton a souvent un riff d'avance, ces punks arty devraient bientôt écumer toutes les scènes en Europe.

 

(1) Patrick Kabré et Baba Commandant joueront au festival Africolor, qui se tient jusqu'au 24 décembre en Ile-de-France. Rens. : www.africolor.com

(2) Les Trans Musicales de Rennes, du 2 au 6 décembre. Rens. : lestrans.com



Source : next.liberation.fr


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