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Belly...ssima !

  Mode & Beauté, #

Même si je ne remets nullement en question l'effet ultra séducteur de la morphologie version bouteille d'Orangina, l'imposer comme norme de " beauté " ou autre passeport pour le sex-appeal m'apparaît tout simplement injuste et contre nature à l'égard de la femme. Ce ventre qui va porter la vie et bien souvent, pas qu'une seule fois, pourquoi lui imposer de renier son histoire ? Pourquoi torturer la femme au corps à corps avec des machines et exercices de fitness tous plus hardcore les uns que les autres ? La frustrer en alourdissant sa liste de privations gastronomiques ? La boudiner dans des tenues qui la privent d'une respiration agréable ?


Personne ne contraint la femme à s'astreindre à tous ces efforts, à accepter ou subir avec frustration cette tendance, me direz-vous. Personne, exception faite de la propagande des médias et du regard des autres, eux-mêmes manipulés, qui exercent une pression psychologique sur sa liberté...

Je suis un peu déboussolée en jetant un œil sur la toile, où, trouver une photo de femme avec " du ventre " est devenu une véritable mission impossible ! Des diaporamas et des galeries en pagaille, où mannequins professionnels et modèles pris sur le vif dans la rue, adoptent tous la même posture, exhibent le même " beauty access ". A couper le souffle !

Tenter par tous les moyens de faire disparaître ce ventre, ce panneau " sens interdit " sur la route de la féminité épanouie, revient à cantonner la femme à être une éternelle séductrice qui ne vieillit jamais. Elle est un sex-symbol ambulant qui défie le temps, quoi qu'il en coûte. En s'attardant même un peu plus sur le sujet, on pourrait y lire des messages subliminaux, des images qui titillent notre subconscient collectif. Une jupe noire, taille haute, ceinture large à lacets croisés dans le dos, chemisier blanc à col frou-frou, lunettes, chignon, baguette à la main pour rappeler à l'ordre les plus distraits ou cravache pour corriger les plus atteints. Cela ne vous parle-t-il pas ? C'est LE portrait de la directrice, de la présidente générale ou de toute autre femme exerçant une domination sur autrui. " Regarde, je suis maîtresse de mon corps, de ma vie, je gère. " Car oui, une femme qui présente un ventre plat dans des tenues moulantes, donne une impression de contrôle, de pouvoir, d'autorité. Afficher une calebasse, petite ou grande, est synonyme de relâchement, donc d'un certain laxisme, intimement lié à une...faiblesse ? Mais aujourd'hui, tu parles ! Quelle domination même ? La femme tend toute seule sa baguette ou sa cravache à la société pour se faire taper dessus : " continuez ! Imposez-moi des normes ! Forcez-moi à acheter et à faire tout ce que vous voulez, j'obéirai ! J'apprends tout par cœur " mais je ne tire aucune leçon...

Pourquoi la femme s'obstine-t-elle autant à vouloir exister en séduisant tout le monde avec son corps ? Plutôt que de rentrer leur ventre à outrance, certaines auraient mieux fait de sortir toutes leurs dents à travers un sourire dénué d'intention narcissique.

A côté de cela, l'homme se la coule pépère sous une montagne de poignées d'amour qui ne séduisent que sa paresse. Il se paye même le luxe de posséder un physique se bonifiant avec le temps ! Mais nos histoires sont différentes. Il faut visiblement le rappeler quand même. Le corps de l'homme ne supporte aucune grossesse ! Non ? Sans rire ? Laver, habiller, coiffer, faire manger, bercer, coucher, lever, emmener jouer, crier, répéter, pleurer, attendre, s'inquiéter, faire le ménage, préparer à manger, repasser derrière...tout le jargon lié à l'enfance, à la vie de femme, que l'homme n'épouse pas autant que nous ou pas du tout.

Il y a de cela quelques années, une jeune sista Mauritanienne à l'aube de son mariage et bien assise sur ses rondeurs, me disait qu'elle ne voulait surtout pas perdre son ventre. Les Mauritaniens le classent au rayon " articles de séduction " et son futur mari comptait bien en faire acquisition. Cette vision différente sur une " règle " qui me semblait " établie " et indiscutable, m'a interpellé et a éveillé ma curiosité sur ce point. A bien y réfléchir, on trouve très peu (pas ?) de salles ou cours de fitness aux Antilles par exemple. Avoir une tablette de choco est peut-être même le cadet des soucis de mes sistas. Et en Afrique ? Je retiens surtout avec quelle élégance désinvolte les Sénégalaises, les Maliennes attachent et portent leurs pagnes, sans tenter de cacher cet arrondi qui caractérise une certaine maturité féminine. Avez-vous observé avec quelle classe une Caribéenne, peu importe son âge ou son poids, avec la coquetterie qui lui est propre, à l'art de revêtir des toilettes qui embrassent son ventre ? Pour la touche humour, une maman Malienne venue pour la rééducation du périnée confiait à la sista, secrétaire médicale : " ah non ! Je ne veux pas perdre mon ventre ! Quand mon mari et moi on..., il a dit, il aime ça ! Ca fait matelas ! ". Et quel vent de fraîcheur en regardant des Afro-Américaines, exquises, dans des tenues qui, sans l'exhiber toutefois, ne censuraient pas la visibilité naturelle de leurs ventres. Toute la beauté était dans l'assurance qu'elles dégageaient ! La sensation d'être bien dans leur peau en acceptant la vue globale de leur silhouette, faisait jaillir un charisme inégalable.

Il m'en aura fallu des mois (je pense même quelques années) avant de tirer cette conclusion, mais aujourd'hui, je dirai qu'en réalité, le bidon ? Ben il a tout bon ! Ce dernier possède sa beauté physique, son pouvoir attractif sexuel, ne le boudons pas. Ce ne sont ni les Egyptiens se laissant envoûter par la danse du ventre, ni les Indiens dévorant du regard ce que le sari dévoile subtilement de ces dames, qui oseraient dire le contraire. C'est une part de nous qui est une source de chaleur, de réconfort, de tendresse lorsque nous l'offrons amoureusement en repose-tête à ceux que nous aimons. Parons-le de bijoux, adaptons des tailles-basses qui le soulignent avec justesse, composons avec raffinement et créativité pour ne plus l'exclure de notre féminité lorsque l'on croit percevoir les rires moqueurs du miroir.

N'attendez pas qu'une célébrité venue de je ne sais où, portée par une tempête marketing vous incite à aimer votre ventre, quand il a déjà la côte dans votre culture, auprès des hommes de chez vous, depuis la nuit des temps.

Souvenez-vous comme les sistas au postérieur " présent " se sont laissé gagner par les complexes à cause de ce dernier. Moquées par une société qui fermait les yeux sur la diversité ethnique et abolissait le droit d'être jolie à toute femme qui n'en respecterait pas les codes et tenterait d'exister en étant elle-même. Regardez comme les législateurs de cette beauté et de la mode d'hier, sont ces mêmes escrocs qui aujourd'hui, applaudissent cet attribut, en apposant la mention " découvert et approuvé par les Occidentaux ".

La tendance actuelle c'est " beautiful avec son booty " alors que l'on ne s'y attendait guère, qui sait, demain sera peut-être " bella avec son belly " ?


Source : www.femmesnoiresamoureuses.com


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