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Bénin : la cruelle fin de mandat de Thomas Boni Yayi

  Politique, #

Thomas Boni Yayi transmettra-t-il officiellement les dossiers de l'Etat à son ennemi juré Patrice Talon, nouveau président élu du Bénin ? Participera-t-il à la cérémonie d'investiture de l'homme d'affaires le 6 avril ?

Le président sortant, qui s'était impliqué dans la campagne électorale de son premier ministre Lionel Zinsou, se prépare à quitter le pouvoir après deux mandats de cinq ans passés à la tête du Bénin. Deux mandats aujourd'hui très décriés au point que certains s'esclaffent à Cotonou que Boni Yayi a tout raté, même sa succession. De fait, Pour l'instant, il n'a pas adressé ses félicitations à son successeur. " Voir son plus grand ennemi prendre le pouvoir, alors qu'on l'a tout le temps vilipendé et humilié, c'est cruel ", confie un ancien proche. Plus qu'une déroute, une gifle.

" Le peuple voulait une rupture "

Pourtant, Thomas Boni Yayi a été un animal politique puissant qui, en dix ans, a remporté presque tous ses combats électoraux. Il haranguait les foules et inspirait la peur grâce à la machine politique qu'il a créée, les Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE). " Il fallait être de son côté pour ne pas être victime de la foudre, commente un observateur. Le peuple voulait une rupture, mais qui pouvait se douter qu'elle serait si radicale ? "

Mercredi 24 mars, le chef de l'Etat a brillé par son absence lors du conseil des ministres au palais de la Marina. La réunion, présidée par le premier ministre Lionel Zinsou portait sur l'organisation de la cérémonie d'investiture du nouveau président.

En 2006, Thomas Boni Yayi incarnait le changement. De la même manière que souhaite l'incarner aujourd'hui Patrice Talon. " Ses premières équipes étaient d'une compétence remarquable ", se souvient Edgar Kpatindé, ancien conseiller spécial du chef de l'Etat. Mais voulant s'affranchir très vite des véritables artisans de sa victoire, il a versé dans le populisme et la démagogie. " Il avait une telle folie des grandeurs qu'il aimait être encensé. Ses différents collaborateurs lui ont fait croire qu'il était le meilleur. Ce n'était pas sans conséquence sur les finances publiques ", explique un membre de la société civile.

Scandales financiers, corruptions, trafic d'influence, clientélisme, musellement de la presse, gouvernement pléthorique ont jalonné les deux mandats de cet économiste, ancien président de la Banque ouest-africaine de développement. Sous sa présidence, le Bénin aura tout de même connu quelques avancée, comme la mise en place d'un régime d'assurance maladie (RAMU) en décembre 2011.

Plus de 150 ministres en dix ans

Thomas Boni Yayi aura aussi surfé sur le " régionalisme " pour avoir bonne presse, en renforçant le clivage entre le nord et le sud du pays. On dénombre plus de 150 ministres nommés et démissionnés sous sa présidence et presque autant de conseillers. " Malgré cela, il ne les écoutait jamais. Il avait surtout un tel mépris de ces proches collaborateurs ", confie un ancien ministre de la justice.

Le premier ministre Lionel Zinsou a fait les frais de ces frustrations, au grand bonheur de Patrice Talon, plébiscité par les Béninois.

Pour Antoine Sekko, conseiller spécial de Sébastien Ajavon, troisième homme de cette présidentielle béninoise, Thomas Boni Yayi n'était pas un homme parole et n'en faisait qu'à sa tête. " C'est moi qui ai écrit son programme économique en 2006. Une fois élu, il m'a ignoré. C'est normal qu'il se retrouve seul aujourd'hui ", affirme-t-il.

Thomas Boni Yayi se retrouve donc isolé. Isolé jusque dans son cercle familial. Chantal de Souza, la première dame, aurait quitté la résidence familiale de Cadjèhoun au cœur de Cotonou. Kogui N'douro, cousin du président et ancien ministre de la défense ainsi que Marcel de Souza, son beau-frère, ancien ministre du développement, ont fini par rejoindre les rangs du président élu. Tous deux se sont ralliés à la coalition dite de la rupture, mise en place à la mi-janvier avec les principaux adversaires du candidat Lionel Zinsou. Cet accord prévoyait que celui qui arrive en tête au premier tour du scrutin soit soutenu par les autres.

Tentations de fuite ?

Le chef de l'Etat béninois termine son mandat tellement seul que personne ne sait où il se trouve depuis la victoire dimanche de son ennemi juré Patrice Talon, accusé d'avoir tenté de l'empoisonner en 2012. " Il est toujours au pays ", affirme un de ses proches, sans plus de précisions. D'autres affirment qu'il séjourne dans sa résidence, à Tchaourou, son village natal qui se trouve, au nord, à 20 kilomètres de la frontière du Nigeria.

La résidence de M. Thomas Boni Yayi dans son village natal à Tchaourou, nord du Bénin, juin 2015. Crédits : Le Monde Afrique

De fait, Thomas Boni Yayi pourrait être tenté de quitter le pays. Ces derniers mois, certains de ses adversaires se sont promis qu'il serait le premier président béninois à subir des poursuites judiciaires à l'expiration de son immunité. Et cela même si les membres de la coalition de la rupture ont fait savoir qu'ils ne se lanceraient pas dans une " chasse aux sorcières ". Les faits qui lui sont reprochés sont d'avoir cautionné les activités controversées d'une entreprise qui allait occasionner ce qui a été dénommé sur place " Madoff béninois ", la surfacturation de certains marchés publics, notamment l'un financé à l'époque par la Libye de Kadhafi, ainsi qu'une quinzaine d'affaires de prises d'intérêts supposées dans des projets d'infrastructures, notamment ferroviaires.



Source : Le Monde.fr


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