" Quand j'ai voulu me connecter sur YouTube et que j'ai vu que notre compte n'existait plus, j'ai complétement pété les plombs. Sur le coup, je me suis défoulé sur Facebook en écrivant des trucs vénères sur Booba. " Aie ! Amdyaz, co-fondateur de la web tv N-Da-Hood, en a gros sur la patate. Le 17 janvier dernier, sa chaîne YouTube au million de vues par mois a été fermée, entraînant la chute de son site d'actu sur le rap français.

Depuis plusieurs années, le site N-Da-Hood, animé par " le reporter du ter-ter " Tonton Marcel, est une référence parmi les sites d'actu sur le rap français. StreetPress vous en parlait même ici. Mais patatras ! Depuis la mi-janvier N-Da-Hood ne répond plus. La faute à Booba qui, d'après ses fondateurs, aurait multiplié les plaintes contre le site. Amdyaz a du mal à s'en remettre :

" Aujourd'hui, c'est de la haine que je ressens pour Booba. "

Sur N-Da-Hood, Tonton Marcel et son acolyte Amdyaz donnent la parole à tous ceux qui font le rap français. Au total, plus de 900 vidéos, avec des illustres inconnus et des freaks, comme Brahim Tavarez aka B3O, le sosie non-officiel de Booba. Mais aussi des vedettes comme Sexion d'Assault, la Fouine ou Médine. Les vidéos sont à l'arrache, les punchlines potaches. Et ça marche : Certaines interviews peuvent monter jusqu'à 150.000 vues sur YouTube tandis que Tonton Marcel revendique 500.000 visiteurs par mois sur son site.

Mais tout ce travail, débuté en 2007, a volé en éclat un soir de janvier 2015. Objet du délit, une vidéo dans laquelle apparait pendant quelques secondes un extrait d'une vidéo produite par Booba.

Le rappeur de Boulogne se plaint auprès de YouTube, en invoquant une violation de ses droits d'auteur. L'équipe de N-Da-Hood réplique avec une vidéo dans laquelle elle présente l'affaire à ses fans. Elle divulgue au passage une copie de la plainte de Booba, son adresse email à l'appui, pour prouver ce qu'elle avance.

N-Da-Hood est attaqué une nouvelle fois pour atteinte à la vie privée. Conséquence : La chaîne est fermée sous 48 heures, en vertu des conditions générales de YouTube qui ordonne la fermeture d'un compte au bout de la 3e infraction. Dans la foulée, Tonton Marcel et Moussa ferment leur site qui n'est plus alimenté en vidéos.

Guéguerre entre sites spécialisés sur le rap français

Mais pourquoi est-il si méchant ? " Peut-être qu'il m'en veut d'avoir publié des vidéos où il se fait clasher ", émet Tonton Marcel. Son acolyte Amdyaz rappelle qu'ils sont coutumiers des piques à l'encontre Booba depuis ses débuts. Pourtant, rien de très méchant d'après ce que StreetPress a pu voir.

La raison est peut-être à aller chercher du côté de la guéguerre 2.0 que se livrent les sites d'actu spécialisés dans le rap français. Avant Booba, c'est le reporter Sinox, un concurrent de N Da Hood, qui s'était plaint auprès de YouTube des vidéos de Tonton Marcel. Ce dernier a d'ailleurs répliqué en l'insultant copieusement sur Facebook.

Booba vient lui aussi de rentrer dans le game des sites d'actu, avec sa propre plateforme de partage vidéo, appelé OKLM du nom de l'un de ses morceaux. Le concept : mettre en lumière les futurs talents du rap français. Comme Tonton Marcel. C'est d'ailleurs par l'intermédiaire d'OKLM que Booba a déposé sa première plainte sur YouTube. Et c'est toujours sur cette plateforme que le clash continu : dans une vidéo, l'équipe d'OKLM parodie les interviews de Tonton.

Les sites de partage de vidéos dédiés au rap made in France font un petit carton. Booska-P, sa tête de proue, revendique plus d'1 million de visiteurs par mois. Derrière, des petits enjeux financiers.

Avec ses millions de vues, N-Da-Hood rapportait 3.000 euros par mois, selon ses deux propriétaires. Leur notoriété était telle que les débutants devaient payer 200 euros pour avoir le droit d'être interviewé par Tonton Marcel. Ce dernier promet qu'il va revenir et poster ses archives en ligne. Joint par StreetPress, l'entourage de Booba n'a pas donné suite à nos demandes d'interview.