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Centrafrique - Diamants du sang : Amnesty dénonce le trafic

  Société, #

 

S'appuyant sur des entretiens avec des mineurs et des négociants, le rapport d'Amnesty décrit comment les groupes armés des deux bords - les anti-balaka, chrétiens ou animistes, et la Seleka, majoritairement musulmane - profitent du commerce des diamants en contrôlant des sites d'extraction, en taxant les mineurs et les négociants, et en leur extorquant de l'argent en échange d'une protection. Avant que la Seleka ne prenne le pouvoir en mars 2013, l'industrie du diamant en RCA représentait près de la moitié des exportations totales du pays et 20 % des ressources budgétaires, soit environ 62 millions de dollars en 2012. Avant 2013, la RCA était le 14e producteur mondial de diamants bruts en volume et le 12e en valeur.

Le processus de Kimberley s'en est mêlé...

En mai 2013, deux mois après la prise du pouvoir par la Seleka, le processus de Kimberley, initiative intergouvernementale établie en 2003 pour stopper le trafic des diamants de la guerre, a interdit les exportations de diamants en provenance de RCA. Les 81 membres du processus représentent 99,8 % de la production mondiale de diamants bruts. Ces membres doivent mettre en place et appliquer un système effectif de contrôles à l'exportation et à l'importation, afin d'empêcher que des " diamants de la guerre " n'entrent dans la chaîne d'approvisionnement internationale. Mais ce processus n'a pas empêché le trafic à l'intérieur du pays. Dans certaines zones, l'activité minière a cessé, dans d'autres, elle a augmenté.

... la société belge Sodiam n'a pas obtempéré

" Depuis le début du conflit, on estime le trafic de diamants à 140 000 carats, c'est-à-dire environ 24 millions de dollars ", indique Sabine Gagnier, responsable du programme RSE à Amnesty International France. À l'index : l'un des plus anciens bureaux d'achat de diamants en Centrafrique, la société belge Sodiam, ainsi que la société Badica, qui ont à elles deux acheté des diamants pour plusieurs millions de dollars. Selon Amnesty, il est fort probable que la Sodiam, qui a constitué un stock de 60 000 carats de diamants, a acheté et continue d'acheter des diamants ayant financé les anti-balaka. Les Nations unies ont récemment imposé des sanctions sur Badica et sa sœur belge Kardiam, soupçonnées d'avoir acheté et exporté en contrebande des diamants provenant de zones contrôlées par la Seleka, dans l'est de la RCA. Les diamants transitent ensuite par le Cameroun et la République démocratique du Congo, non soumis à sanction, pour se retrouver sur les places de négoce d'Anvers et de Dubaï. La Sodiam dément le fait d'avoir acheté des diamants de la guerre. Elle affirme qu'elle n'achète pas de diamants provenant de mines contrôlées par des groupes rebelles ni à des négociants connus pour leur association avec ces groupes, mais Amnesty International émet des doutes quant à ses procédures en matière de devoir de diligence.

Un vrai risque de reprise des exportations

Malgré l'opacité et les abus dans la filière, les compagnies diamantaires en RCA pourraient bientôt recommencer à exporter des diamants stockés pendant le conflit. En effet, l'interdiction d'exportation prononcée en mai 2013 devrait être partiellement levée dès que le gouvernement aura rempli certaines conditions définies en juillet 2015 par le processus de Kimberley. Le gouvernement centrafricain a dramatiquement besoin de ressources et plaide pour une reprise de ses exportations. " Si des sociétés ont acheté des diamants du sang, il ne faut pas qu'elles puissent en tirer profit, s'alarme Lucy Graham, conseillère juridique à Amnesty International. Le gouvernement doit saisir tous les diamants du sang, les vendre et utiliser l'argent dans l'intérêt public. La population centrafricaine doit pouvoir profiter de ses propres ressources naturelles. "

Anvers et Dubaï dénoncés

Le rapport dénonce aussi le rôle des centres de négoce d'Anvers et de Dubaï, qui sont supposés mettre en place des systèmes pour réguler les importations et exportations de diamants. Certaines pratiques de manipulation des prix pour sous-évaluer les importations de diamants en provenance des pays en développement, en vue d'échapper à l'impôt, favorisent également le trafic, relèvent les chercheurs d'Amnesty. Dubaï, en particulier, est dans le viseur. Alors qu'un Sommet de la joaillerie va réunir les acteurs du secteur du diamant en mars 2016 pour discuter des approvisionnements responsables, Amnesty International appelle les gouvernements et les compagnies diamantaires internationales, comme De Beers et Signet, à soutenir une réglementation plus stricte du secteur. Les compagnies doivent enquêter sur leurs chaînes d'approvisionnement afin de détecter les atteintes aux droits humains, les liens avec des conflits et les autres pratiques illégales ou contraires à l'éthique, tout en rendant publiques les mesures prises. " Ceci est un cri d'alarme pour le secteur du diamant. Les États et les entreprises ne peuvent plus utiliser le processus de Kimberley pour rassurer les consommateurs en donnant un vernis éthique à leurs diamants ", lance Lucy Graham.



Source : afrique.lepoint.fr


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