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Comment la France a-t-elle aidé Blaise Compaoré à fuir en Côte d'Ivoire?

  Politique, #

BURKINA FASO - François Hollande persiste et signe... ou presque. Le président a admis lundi 3 novembre, sans rentrer dans les détails, que la France avait fait en sorte que "l'évacuation de Blaise Compaoré puisse se faire sans drame" mais "sans y participer" elle-même. "Cette évacuation, nous ne l'avons pas faite nous-mêmes", a-t-il néanmoins tempéré.

 

L'ancien chef de l'Etat burkinabé est réfugié depuis vendredi en Côte d'Ivoire. Après les premières manifestations populaires et la dégradation de la situation la semaine dernière, "j'ai fait une déclaration (vendredi) demandant à Blaise Compaoré de prendre les bonnes décisions, c'est-à-dire de partir. C'est ce qu'il a fait dans les heures qui ont suivi", a ajouté François Hollande.

Compaoré était attendu

Mais selon Jeune Afrique qui cite des "sources diplomatiques concordantes", la France aurait en réalité joué un rôle direct dans l'exfiltration de Blaise Compaoré. Le président burkinabé aurait ainsi quitté son palais de Kosyam "vers midi" vendredi 31 octobre. "En contact avec les autorités françaises", son convoi aurait pris la direction du sud. Mais il aurait alors été "averti" qu'il y était attendu par la population.

 

"Un hélicoptère français, probablement des forces spéciales basées à Ouagadougou, est envoyé sur les lieux", écrit Jeune Afrique sur son site, avant de préciser que "Blaise Compaoré et quelques proches" ont été exfiltrés puis héliportés vers la Côté d'Ivoire, affirme encore Jeune Afrique. Là, une piste d'atterrissage a permis à un avion venu de Côte d'Ivoire de se poser. Le groupe embarque à son bord et décolle en direction de Yamoussoukro, où il arrive en fin d'après-midi".

Hollande reconnaît l'implication directe

Contacté par le HuffPost, le ministère des Affaires étrangères n'a pas commenté ces informations. Mardi en fin d'après-midi, François Hollande est finalement revenu sur le sujet, semblant accréditer la version de Jeune Afrique: la France "a veillé à évacuer" Blaise Compaoré avec les "moyens utiles", a-t-il affirmé.

 

"Pour permettre la transition" au Burkina, la France a "fait en sorte que le président Compaoré puisse être évacué vers la Côte d'Ivoire" et "nous avons veillé à ce qu'il soit évacué en mettant à disposition tous les moyens qui pouvaient être utiles", a-t-il dit.

La France veut un transfert rapide du pouvoir

Lundi soir, la France avaut par ailleurs exigé un transfert rapide du pouvoir aux civils et en affirmant avoir joué un rôle indirect dans le départ "sans drame" de son vieil allié Blaise Compaoré.

 

En marge d'un déplacement au Canada, le président français François Hollande, qui avait salué vendredi le départ du président Compaoré mais ne s'était pas exprimé sur la prise du pouvoir par un militaire burkinabè, le lieutenant-colonel Isaac Zida, avait réclamé un transfert du pouvoir aux civils "dans les prochaines heures".

Le nouvel homme fort du Burkina Faso avait promis quelques heures auparavant une transition "dans un cadre constitutionnel", laissant entrevoir un passage de flambeau aux autorités civiles.

Sauvegarde des intérêts et non-ingérence

"Les institutions africaines doivent montrer les dents. C'est aux Africains de s'exprimer, pas à nous", indiquait récemment un diplomate, résumant la nouvelle "doctrine" française après l'acte officiel de décès de la Françafrique, ce réseau d'influences et d'affaires entre Paris et ses ex-colonies, proclamé par le socialiste François Hollande à son arrivée au pouvoir en 2012.

Blaise Compaoré, chassé par un mouvement populaire massif contre ses tentatives de rester au pouvoir après 27 ans de règne, était l'un des piliers de la Françafrique.

"Blaise (Compaoré) faisait partie des chefs d'Etat proches de la France, il a joué un rôle très important dans les médiations de conflits en Afrique de l'Ouest (notamment dans la crise ivoirienne) et a rendu beaucoup de services notamment pour des libérations d'otages", rappelle l'expert indépendant ouest-africain Gilles Yabi.

"Ce n'était certainement pas un paria de la communauté internationale, bien au contraire. Pour autant, la France comme les Etats-Unis avaient assez clairement donné le signal qu'ils ne le soutiendraient pas" s'il s'obstinait à vouloir rester au pouvoir, ajoute-t-il.

La France ne choisit pas de camp

La France ne choisit pas de camp au Burkina Faso, insiste-t-on à Paris, même si le rôle de l'ambassadeur français sur place, Gilles Thibault, diplomate atypique au passé militaire, est mis en avant. "Il joue un grand rôle" et "connaît tous les acteurs de la crise", fait-on valoir dans l'entourage de François Hollande.

 

"Notre ligne est de trouver un équilibre entre notre implication, évidente compte tenu de l'Histoire et de nos intérêts sur place, et la non-ingérence", indique une source française.

Quelque 3.500 Français résident au Burkina Faso - la plus importante communauté étrangère dans ce pays -, une quarantaine de filiales d'entreprises françaises y sont présentes dans la plupart des secteurs de l'économie, et Paris est son principal bailleur de fonds.

Des présidents "piliers de la stabilité régionale"

En outre, le Burkina est une pièce importante dans le dispositif Barkhane de lutte antiterroriste au Sahel. La France dispose d'une centaine d'hommes des forces spéciales, dotés d'hélicoptères, sur le sol burkinabè. Actuellement, "il n'y a plus que quelques militaires" au Burkina Faso, la majeure partie des troupes qui y sont déployées étant engagée dans de "grosses opérations" au Mali contre des jihadistes, selon une source diplomatique française.

 

En dépit de ses multiples intérêts, "je ne pense pas que la France soit encore à la manoeuvre au Burkina, ce n'est pas elle qui a les clés et les ressorts", juge toutefois le spécialiste de l'Afrique Antoine Glaser. Selon lui, Paris n'a pas vu venir la crise ni pris la mesure des désirs de changement de la société civile et de la jeunesse africaines.

"Pour certains en France, notamment chez les militaires, des chefs d'Etat comme Compaoré, Sassou N'guesso (Congo) et Idriss Deby (Tchad) sont toujours considérés comme des piliers de la stabilité régionale", déplore-t-il.

Source : www.huffingtonpost.fr


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mick_69
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