, c'est une musicophile dans l'âme, rencontrée en début d'année à une soirée grâce au magazine Trafalgar. Tout de suite, le feeling est bien passé et j'ai eu envie de faire sa connaissance et de la photographier. De rues en rues, de soirées en soirées, nous avons depuis bien rigolé ensemble car c'est une vraie go en or passionnée par ce qu'elle fait et super cool. Je vous présente dans cette interview musicale Astha, DJ, chroniqueuse ainsi qu'auteur du blog You are Unik.

Pour toi quelle chanson ou artiste évoque ton enfance?

J'ai plein de souvenirs et de chansons qui me reviennent, dur de devoir en choisir une. Je dirais Siwo de Kassav, je revois sur cette chanson mes parents danser. C'est fou comment la musique accompagne des moments importants de nos vies. Mes parents écoutaient de tout, ça éduque une oreille très vite. Tiens il y en a une autre qui me vient en tête, Pona Pona de Tom Yoms, une des préférées de ma mère et mes tantes. Bon j'arrête la sinon je ne vais pas pouvoir m'arrêter.

Quel est le premier album que tu as acheté dans ta vie, à quel âge?

Shakira, l'album Donde estan los ladrones, j'avais 14 ans! Vers 12 ans j'ai découvert via ma meilleure amie a l'époque, Virginie, le rock. Elle débarquait du Canada au Cameroun avec dans ses valises Red Hot Chilli Peppers, Alanis Morrisette, the Cranberries. A partir de là, j'écoutais pratiquement que du rock et de la pop. J'ai découvert le hip-hop vers 15 ans.

On venait avec mes parents passer les vacances d'été à Paris, étant eux mêmes des collectionneurs de CDs et cassettes on faisait toujours un tour à la Fnac avant de repartir à Douala.

On venait de m'offrir mon premier cd Walkman alors j'allais pouvoir enfin m'acheter mes propres skeuds. (rires) L'album de Shakira a été le premier. Je ne la connaissais pas. Je l'ai écouté en boucle toute l'année qui a suivi surtout le titre No creo.

La chanson qui te met d'emblée de bonne humeur?

Move on up de Curtis Mayfield! Un petit coup de mou ou une envie de tout laisser tomber il suffit que j'entende: " Remember your dream is your only skin so keep on pushing " et tout va mieux d'un coup. Il y a aussi le titre original Keep on pushing, sorti en 1964. un pure bonheur, il se trouve dans l'album Curtis Mayfield and The Impressions.

La chanson qui te met les larmes aux yeux?

J'ai perdu mon père dans un accident de voiture quand j'avais 16 ans et encore une fois la musique a été mon refuge. Et une particulièrement, c'est I wish de R.Kelly. Aujourd'hui je ne pleure plus en l'écoutant mais l'émotion est toujours aussi forte.

La chanson où tu es obligée de danser?

Saturday Night (remix) feat The Brand New Heavies & Mos Def par Jay Dee. Tant que ça groove tu me verras sur la piste.

La chanson que tu écoutes en cachette?

Take That Back for good. Je n'ai pas échappée à la vague Boys Band et j'assume plutôt bien Ahaha.

Les chansons engagées qui te parlent le plus?

Tracy Chapman avec Talkin bout a revolution. Elle résonne encore aujourd'hui.

Je suis très sensible aux différents défis que notre société rencontre de nos jours: l'injustice, les inégalités, le rejet de l'autre, l'acceptation de soi... Je trouve que c'est un rôle plus que noble de voir un artiste s'engager et vouloir éveiller les consciences.

Plus il y aura des messages de paix, d'amour et de tolérance plus des changements s'opéreront. J'ai toujours été de ceux ou celles qu'on appelle idéalistes. Pendant longtemps j'ai cru que cela était une part de naïveté de ma part. Vivre dans les Bisounours en gros. Aujourd'hui avec du recul et de l'expérience je me rends compte qu'au contraire avoir cet idéal, se battre pour, me pousse à être le meilleur de moi même chaque jour.

Il y en a encore d'autres Say it loud ( i'm black and I'm proud) de James Brown, Asa avec Jailer, Billie Holiday avec Strange fruit, Tiken Jah Fakoly avec Plus rien ne m'étonne .

Coup de cœur aussi pour Lettre ouverte au président de Gyovanni, un jeune artiste originaire du Bénin qui est installé à Boston maintenant.

La pochette d'album qui t'a le plus marqué?

Le plus je ne sais pas mais c'est elle qui m'a introduit au Pop Art, celle de Slave to the rythm de Grace Jones par Jean Paul Goude.

L'album qui ne t'a jamais quitté?

The Miseducation of Lauryn Hill sans hésitation! Les prods, les paroles. Elle a mis ses tripes dans cet album. Lauryn Hill fait partie de celles qui m'ont donné envie de chanter et surtout de rapper! Je ne rappe toujours pas mais je chante (rires).

Le clip que tu pourrais matter en boucle tellement tu le trouves génial?

J'aime beaucoup aussi son album Mtv unplugged, sortie en 2002.

Ce n'est pas un clip mais un documentaire. Celui sur Charles Bradley, Soul of America.

C'est un chanteur de Soul qui après avoir vécu de nombreux drames se retrouve à 60 ans sur le devant de la scène.

Une vie incroyable pour un homme bon dont la foi ou l'espérance l'ont toujours accompagné et littéralement sauver. Bon préparez les mouchoirs hein mais c'est un documentaire riche en enseignements. La persévérance, le pardon tout y est.

J'adore les témoignages ils sont vraiment inspirants et je pense c'est un peu une forme de relais pour les générations qui suivront.

Ton dernier coup de cœur musical?

Pour la petite histoire j'ai eu la chance de pouvoir le rencontrer deux fois et ces moments resteront inoubliables pour moi.

J'écoute vraiment peu ce qui sort, je veux dire pour le grand public mais je suis toujours en train de digger les internets pour essayer de trouver des perles rares. Mon dernier coup de cœur est un londonien Sampha, plus particulièrement son titre Happens. Il a une voix aérienne, apaisante par ses prods. C'est aussi un compositeur et producteur. Il est d'ailleurs en featuring dans l'album Nothing was the Same de Drake sur le titre Too much.

Si tu avais le choix tu pourrais te réincarner en quel style de musique ?

J'adore Londres pour cela c'est une pépinière à talents dans tous les styles musicaux. D'ailleurs j'ai souvent eu des coups de cœurs musicaux qui venaient d'Outre-Manche vous pouvez en retrouvez quelques uns sur Night Groove (un média web lyonnais), j'y tiens une chronique soul/ afrobeat.

Soul ou gospel ! Les musiques de l'âme. Celles qui sont nourries par nos souffrances, mais aussi nos plus grandes joies. J'ai commencé à chanter dans un groupe de gospel en 2008/2009. Une découverte pour moi mais aussi une révélation.

Si tu avais le choix tu serais quel instrument de musique?

Le gospel a inspiré tous les courants musicaux qui ont suivi le blues, la Soul, le jazz. J'aime quand ça respire la vie, le vécu et c'est une musique qui a évolué avec son temps mais qui reste intemporelle. Maintenant on fait une différence entre la Soul vintage ou rétro Soul et le reste. Alors qu'au final c'est la première qui reste plus que jamais vivante. J'adore les Daptones ( c'est un ensemble de musiciens crée par les fondateurs du label indépendant Daptone Records : Gabriel Roth et Neal Sugarman, eux même musiciens). J'ai eu l'occasion de les rencontrer et de les voir au Théâtre Antique de Vienne dans le cadre du festival Jazz à Vienne. Ils envoient une énergie de fou sur scène.

La chanson qui symbolise pour toi l'universalité et l'intemporalité?

Batterie!!!! Je suis une grande fan des percussions en général. J'avais commencé à prendre des cours de percus brésiliennes mais j'ai du arrêter. C'est mon rêve de pouvoir jouer de la batterie plus tard. C'est l'instrument qui donne l'impulsion, la cadence, le rythme. Dans un concert en général je guette toujours le batteur! (rires)

Black or white de Michael Jackson. On assiste un peu partout à une montée des discriminations, actes xénophobes, racistes etc.... Cette chanson nous rappelle combien notre différence ne doit pas diviser mais au contraire nous rapprocher. Au final peu importe d'où l'on vient nous voulons plus ou moins la même chose, juste être heureux.

Merci Astha pour cette interview!