Très codifiée, la cérémonie sous la coupole de l'Académie française, n'a pas réservé de surprise. En présence de nombreux invités dont François Hollande, Michaëlle Jean, ou encore Lilian Thuram, Dany Laferrière, dans son nouvel habit vert d'académicien a d'abord, tradition oblige, prononcé son discours de réception, en rendant hommage à son prédécesseur au fauteuil numéro 2 de l'institution, Hector Bianciotti.
L'écrivain haïtien a fait référence dans son discours à trois grandes figures de la négritude:
Pour moi ce fut d'abord ce trio qui a inscrit la dignité nègre au fronton de Paris : le Martiniquais Aimé Césaire, le Guyanais Léon-Gontran Damas, et le Sénégalais Léopold Sédar Senghor. Ce dernier a occupé pendant dix-huit ans le fauteuil numéro 16. C'est lui qui nous permit de passer, sans heurt, de la négritude à la francophonie. Chaque fois qu'un écrivain, né ailleurs, entre sous cette Coupole, un simple effort d'imagination pourra nous faire voir le cortège d'ombres protectrices qui l'accompagnent.
C'est ensuite un autre académicien, Amin Maalouf, qui a pris la parole pour répondre au discours de Dany Laferrière. Il a longuement évoqué l'histoire tourmentée entre la France et Haïti :
Les terres d'Amérique d'où vous venez, Monsieur, nous les chérissons depuis toujours dans cette Compagnie, comme dans ce pays. Nouvelle-France, Saint-Domingue, Québec, Canada, Haïti... Tant d'affinités ! Tant de réminiscences ! Tant de passion réciproque ! Tant de fidélité ! Et cependant, que de rendez-vous manqués ! Tel celui qui faillit avoir lieu à l'époque de la Révolution, qui aurait changé bien des choses pour Haïti, pour la France, et sans doute aussi pour l'humanité entière, mais qui s'acheva, hélas, dans le remords et l'amertume.