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David Oyelowo : "Je me suis battu pour jouer Martin Luther King"

  Société, #

À 38 ans, David Oyelowo a déjà une belle carrière à Hollywood. Mais le rôle du pasteur Martin Luther King, ce Britannique y pensait depuis des années. Il nous parle des conditions de tournage de " Selma ", en Alabama (Etats-Unis), d'un film qui a mis du temps à se faire.



Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez entendu parler de Martin Luther King ?
DAVID OYELOWO.
Je crois que c'est en voyant un documentaire sur lui à la télévision. J'étais tout jeune, je voyais cet homme s'exprimer devant un micro, et cela m'a marqué. Je ne suis pas sûr que je comprenais ce qu'il disait, mais sa manière de parler, sa dignité, son assurance m'avaient impressionné.

C'est vrai que vous vous êtes battu pendant huit ans pour décrocher ce rôle ?

Oui, c'est exact. J'ai lu le script pour la première fois en 2007. Avant cela, je n'avais jamais eu l'ambition de l'incarner, ni même de lui ressembler. Lire ce script m'a renseigné sur l'homme, son caractère. Cela a résonné en moi. Je suis chrétien, et j'ai vu ça comme un appel de Dieu pour le faire. Mais le directeur de casting de l'époque pensait que je n'étais pas prêt pour le faire, et il avait raison. J'étais trop jeune, je manquais d'expérience. J'ai dû attendre 2012 pour qu'on en reparle. Ce fut un long processus, mais je me suis battu pour décrocher ce rôle.

Qu'est-ce qui a été le plus difficile pour devenir le personnage ? Sa voix, son physique ?

Le plus délicat, c'est de réussir à faire le lien entre personnage public, celui qu'on connaît, qu'on a vu dans les meetings, et l'homme privé, ayant des conversations difficiles avec sa femme, jouant avec ses enfants, parlant avec ses amis. C'était deux personnes différentes.

Etait-ce un homme ordinaire ?
C'était quelqu'un d'extraordinaire. Il avait tellement de qualités ! C'est la raison pour laquelle il a été choisi pour conduire ce mouvement. Personne d'autre n'avait la faculté de communiquer avec les gens, la presse, le président, d'une manière aussi efficace. Il était la voix des gens qui n'avaient pas la parole. Il avait une approche émotionnelle des choses mais ne s'exprimait jamais sur le ton de la colère. Il y a très peu de gens, même aujourd'hui, qui puissent se montrer aussi spirituels, et surtout faire suffisamment preuve d'humilité pour ne pas être perçus comme des stars. La gloire n'était pas son but. Mais ce n'était pas un Superman, il était resté un homme parmi d'autres, avec ses faiblesses.

Quelle était l'ambiance quand vous avez tourné à Selma, en Alabama, un Etat du Sud où le racisme a longtemps sévi ?
Il n'y avait pas de tension. Vous savez, la campagne de Selma n'est pas une des plus fameuses du mouvement pour les Noirs. La plus célèbre est la marche sur Washington, avec le fameux J'ai fait un rêve. Mais Selma fut la plus longue. Il y a eu 381 jours de protestation, qui ont fait changer la loi sur le droit de vote des Noirs. Les gens étaient très heureux de nous recevoir, car ils connaissent l'importance de ce qui s'est passé. A Montgomery également. Songez qu'en 1965, le Dr King ne fut pas autorisé à faire un discours sur les marches du Parlement de l'Etat. Pour une scène, on devait installer un drapeau confédéré sur l'immeuble, mais ils ont refusé : cela symbolisait un passé auquel ils ne veulent plus être identifiés.

Lors de la marche sur le pont, y avait-il une émotion particulière ?

Oui, beaucoup. Des gens qui marchaient avec nous étaient présents quand ça s'est passé. Imaginez, cinquante ans plus tard. Avec Oprah Winfrey produisant le film, un président noir à la Maison-Blanche. Cela montre qu'il y a eu des changements incroyables.

En tant qu'acteur britannique, c'est une fierté particulière de jouer Martin Luther King ?

Oui. Je savais que cela allait susciter des questions. Pourquoi un Anglais ? C'est une pression supplémentaire pour moi. Mais cela m'a servi d'être britannique. Je ne suis pas arrivé avec un bagage trop encombrant.

Avez-vous souffert de racisme dans votre vie ?
Pas le genre de racisme qu'on voit dans le film. Mais des petites choses. Même dans mon métier, dans l'industrie du cinéma. Si le Dr King avait été blanc, il y aurait déjà eu de nombreux films sur lui. C'est là que se situe le degré de racisme. La meilleure façon de combattre le racisme est d'être excellent. Plus vous êtes excellent, moins les gens ont d'excuses pour vous fermer une porte à la figure. Ma façon de combattre les préjugés, c'est d'être toujours meilleur.

"Selma" : juste et subtil ***
En mars 1965, le pasteur Martin Luther King entame une marche pacifique accompagné de 600 militants de la cause noire vers Montgomery, capitale de l'Alabama, pour exiger le droit de vote des Noirs. La manifestation est violemment réprimée par la police sur un pont qui traverse la ville de Selma. Pour le héros de la communauté, un dur combat s'engage alors face au président Johnson.

" Selma " est un biopic réussi, car il restitue avec justesse et subtilité les tensions d'une époque, les tractations politiques des dirigeants d'alors, l'émotion et la lutte du peuple afro-américain face à un pouvoir local raciste incarné par l'impitoyable gouverneur Wallace (formidable Tim Roth). Surtout parce qu'il n'est pas hagiographique : dans sa vie publique comme dans sa vie privée, le pasteur Luther King n'est pas toujours montré sous son meilleur jour. Cela donne du crédit à l'histoire. Et l'interprétation sobre de David Oyelowo traduit bien cette réalité.

 

Biopic américain d'Ava DuVernay, avec David Oyelowo, Tim Roth, Tom Wilkinson, Carmen Ejogo, Oprah Winfrey.
Durée : 2 h 2.

 

 



Source : www.leparisien.fr


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jordan
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