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DOCU. "Le blanchiment des troupes coloniales" : un hommage vibrant aux tirailleurs noirs

  Politique, #

LE PLUS. "Le blanchiment des troupes coloniales", documentaire de Jean-Baptiste Dusséaux sur "le renvoi et le remplacement des soldats noirs venus d'Afrique par des recrues blanches pour la dernière étape de la Libération" repasse ce soir sur France 3 à 23 heures. L'occasion pour Guillaume Johnson, chercheur au CNRS et Matthieu Niango, professeur de philosophie, de revenir sur cette injustice oubliée.

Édité par Barbara Krief

Des tirailleurs se déshabillant en 1944 pour laisser leur uniformes aux résistants. (ECPAD)

 

Une image récurrente domine "Le blanchiment des troupes coloniales" de Jean-Baptiste Dusséaux. C'est une photo prise dans les Vosges à l'automne 1944. Elle symbolise l'horizon tragique de l'épopée des armées coloniales engagées dans deux guerres particulièrement dures pour elles.

Sur cette photo, des tirailleurs (noirs) se déshabillent pour laisser leur uniforme et leur place dans les rangs des Forces Françaises Libres à des résistants (blancs). Quelques semaines auparavant, c'étaient les Américains qui avaient imposé au colonel Leclerc de blanchir la seconde division blindée qui allait entrer dans Paris. Mais cette fois-ci, les ordres viennent des autorités françaises elles-mêmes. À l'aube de la victoire, la France conservatrice triomphe. Le serment de Koufra ne sera pas tenu. La propagande officielle pourra alors louer l'abnégation de la Résistance, venant en aide à nos "frères de couleur vaincus par la neige".

Ce blanchiment marque le début de la déroute pour les tirailleurs, expulsés du champ d'honneur par la force des préjugés, puis parqués dans des camps pendant des mois avant de regagner pitoyablement leur pays d'origine. Et quand, à Thiaroye, le 1er décembre 1944, ils auront le front de demander à l'armée française de leur payer ce qu'elle leur doit : un bain de sang.

Il faut voir ce documentaire. Parce qu'il faut se souvenir. Parce que jamais les questions mémorielles n'auront pris une telle importance qu'aujourd'hui que l'idéal républicain est mis à bas.

Au lieu de regarder les choses sereinement en face, nos maîtres de tous bords préfèrent répéter à tue-tête : "égalité républicaine", sans avoir le courage d'affronter l'Inconscient collectif qui, chargé de mille frustrations déposées par l'Histoire, en fissure de l'intérieur le bel ordre artificiel.

Bande-annonce du documentaire "Le Blanchiment des troupes coloniales" de Dusséaux, diffusé le11/07 sur France 3. (YouTube)

 

En regardant ce film, les réacs à tendance raciste pourront économiser leurs pleurnicheries habituelles sur les méfaits de la repentance. Il s'agit bien là de véritables héros, privés de gloire, et qui, pour beaucoup, aimaient infiniment la France. "Notre France", comme le rappelle le drôle et attachant caporal-chef Dieng.

Que la mémoire collective ait préféré exalter, plus tard, la mémoire des Noirs hachés menu de la bataille de la Somme, plutôt que celle des combattants victorieux de l'île d'Elbe et de la Provence, nous dit bien la place qu'on voudrait réserver aux colonisés dans l'histoire de France : au mieux, celle d'éternelles victimes.

Beau, instructif et émouvant

Mais non. Les tirailleurs sont parmi les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale. Ils constituaient la moitié des effectifs de la France libre. La moitié ! La restitution pleine et entière de leur mémoire rencontrerait sûrement l'indifférence polie de tous ceux pour qui le colonisé est, nécessairement, le pauvre type à relever en permanence, le gémissant et le ployé sous les coups de l'Histoire à protéger sans cesse. Pas le soldat glorieux évincé de la photo finale.

Ce qui trouble le plus sur celle de 1944, seul document visuel témoignant de l'épisode du blanchiment, c'est que, soldats noirs ou résistants blancs, tout le monde rit. Un peu comme si cette dure histoire, commencée à Brazzaville en 1940 avec le ralliement de l'Afrique équatoriale à la France libre, ne pouvait finir que dans une absurde pantalonnade forçant les héros de l'intérieur et de l'extérieur à poser en caleçon pour la postérité. En leur rendant un si vibrant hommage, Jean-Baptiste Dusséaux dément ce fatalisme de la mémoire.

Alors c'est beau, c'est instructif, c'est émouvant. Et on ne voit pas pourquoi France 3 programme "Le blanchiment des troupes coloniales" à 23h00 seulement, un lundi soir, un 11 juillet. Ou plutôt si. On voit très bien.



Source : leplus.nouvelobs.com


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