Bien connu des fashionistas, c'est dans Blackamorphoses, l'émission de relooking diffusée sur A+, que le grand public a découvert Elie Kuame.

Depuis octobre dernier, son émission est devenue le rendez-vous hebdomadaire de nombreuses téléspectatrices qui rêvent de passer dans les mains expertes du styliste, Directeur artistique de la maison Elie Kuame Couture. Rencontre.

Comment est née Blackamorphoses ?

Si vous posez la question à Mathilde (la productrice Mathilde Lafarge, Ndlr), elle vous dira que l'émission est née de notre rencontre. Elle dit souvent que je " lui ai inspiré Blackamorphoses " parce que je suis quelqu'un d'hyper passionné et il paraît que c'est plaisant de me regarder travailler. Ensuite, A+ et Mathilde ont mis en place le programme. De mon côté, j'ai recherché les artistes ( coiffeurs, maquilleurs, créateurs...) prêts à nous accompagner dans cette aventure. Cette émission me permet de rencontrer des gens fabuleux. C'est super.

Qu'avez-vous appris avec Blackamorphoses ? J'ai appris que je pouvais faire mieux, j'appris sur moi-même, et vu de quoi j'étais capable. J'ai commencé à moins douter car on a fait de belles choses, redonner le sourire à certaines personnes. J'ai appris que mon continent a des ressources inestimables. Je m'aperçois aussi que les gens m'apprécient, n'hésitent pas à me dire un mot gentil dans la rue, en Afrique ou à Paris. Ils aiment ma disponibilité. Aussi, je muris professionnellement avec cette émission.

Pour vous qui relookez désormais une candidate toutes les semaines, que vous inspire la femme africaine ?

En général, je n'aime pas catégoriser les femmes même si elles sont leurs particularités selon leurs origines. Dans l'émission, on a aussi relooké des hommes. Mais pour vous répondre, le fait de travailler avec les femmes en Afrique me permet de développer ma technicité.

J'ai été formé pour réaliser du sur-mesure, la construction du vêtement et être confronté à des morphologies différentes m'enrichit techniquement et professionnellement.

C'est aussi de belles rencontres puisque je garde le contact avec les gens. Il y a aussi un aspect psychologique car avoir un bon look redonne confiance à certaines personnes. En général, dès que je vois la personne, il y a une espèce de symbiose qui se créée, un état d'esprit et tout un ensemble de définitions qui m'amènent à créer la silhouette adaptée à la cliente.

Votre métissage vous aide t-il dans votre travail ?

complètement. Le corps féminin est ma principale source d'inspiration mais je me base sur ma culture et mon multiculturalisme est un vrai atout. Ma mère est Maurtanienne, Malienne et Libanaise, mon père, Ivoiro-libanais et ils sont nés en Côte d'Ivoire. J'ai travaillé un an en Arabie Saoudite, six mois au Liban, un an en Chine, je voyage beaucoup. J'ai choisi un métier où on apprend toujours, on est un éternel élève.

Tous mes voyages, rencontres, diverses expériences me permettent de mélanger du Ndop camerounais avec un satin de soie, ou avec une jupe en crêpe ou en mousseline, etc.

Mon esprit n'a pas de frontière ni de barrière. La mode est un art donc on peut créer autant qu'on le souhaite. Je dis toujours qu'il y a des mauvais goûts mais jamais de mauvaises créations. Il faut savoir mélanger les matières pour ne pas aller vers n'importe quoi.

Cela vous arrive -t-il encore de faire des erreurs ? Oui, je ne suis pas parfait. J'estime avoir reçu un don pour créer des vêtements et si je vous dis que je ne me trompe pas, je manque de respect à celui qui m'a donné cette grâce. Donc, oui il m'arrive de me tromper et j'espère me tromper encore car c'est aussi de cette manière que j'avance.

Une définition de l'élégance ? L'élégance, c'est pouvoir avoir une serpillère sur soi et rester noble. L'élégance, c'est des fois être silencieuse, des fois généreuse, des fois en colère mais toujours avec cette maîtrise de soi. L'élégance, c'est aussi maîtriser les préceptes de l'habillement de la façon la plus simple qui puisque exister. Une femme élégante, un rien l'habille.

Des fois on a des femmes qui ont tout mais elles peuvent être mal habillées ou faire preuve de mauvais goût. Une femme élégante ne fait pas de bruit, même avec des sandales.

On comprend qu'elle a une belle éducation et pour cela, elle n'a pas forcément besoin d'adresses de grands couturiers.

Fashion faux pas impardonnable ? c'est mettre un jean taille basse alors qu'on n'a pas la morphologie adaptée. C'est mettre des chaussettes blanches avec des mocassins, c'est mettre un vêtement mal coupé car c'est vulgaire.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la ligne Antikod lancée avec la chroniqueuse du Grand 8, Hapsatou Sy ? Je connais Hapsatou depuis 2001. Elle a fait appel à moi et à d'autres créateurs (Sara Coulibaly, Raphaëlle H'limi, Karel Mills, Cédric Dumont, Ndlr) pour lancer sa ligne de vêtements. Je crois que nous avons réussi à faire quelque chose qui lui ressemble. Hapsatou est une vraie amie et je l'aime beaucoup.

Et que faites-vous en ce moment ? Je fais mes achats et prépare ma prochaine collection. Je me remets aussi en condition pour les prochains tournages de Blackamorphoses.

blackamorphoses.com