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Entreprise solidaire: le nouveau modèle de développement que veut impulser "SENS"

  Business, #

Solidarités Entreprises Nord-Sud (Sens Bénin) est une société coopérative créée en 2012 dans l'objectif d'encourager la création d'entreprises au service de l'homme et du territoire dans les secteurs de la transformation agro-alimentaire, des intrants naturels agricole, la construction en matériaux locaux et de l'énergie. Sens Bénin est elle-même issue de Sens France, la société coopérative créée en 2008 par Michel Pernot Du Breuil, ancien cadre du Centre international de développement et de recherche (Cidr), à l'origine du concept d'entreprise solidaire. dans les villes de Dassa et Parakou , Sens Bénin appuie financièrement et techniquement une quarantaine d'entreprises en milieu rural et de ce fait participe à la réduction de la pauvreté. Entretien avec Kèmi Fakambi, directrice de Sens Bénin, qui nous explique les objectifs de l'institution et les résultats obtenus en 2015.

Ecce Africa : D'où est partie l'initiative de créer la société coopérative Solidarités Entreprises Nord-Sud (Sens) ?

Kèmi Fakambi : " Sens " est une initiative qui vient d'une personne qui s'appelle Michel Pernot Du Breuil qui a travaillé pendant une trentaine d'années dans le milieu des grandes O.N.G de développement international comme le Centre international de développement et de recherche (Cidr). En sortant de ce grand centre de développement qui intervient en Afrique, Michel Pernot était convaincu qu'il y avait d'autres façons de faire du développement, plus efficace, plus efficiente que l'approche classique qui existe partout dans le monde, avec des résultats qui sont souvent mitigés pour des résultats à long terme qui s'inscrivent dans la durée et qui peuvent changer la vie des gens. Il a donc eu l'idée de créer " Sens France " dans la région de Picardie en 2008.

Et quelles sont ces nouvelles façons de faire du développement qu'a apportées la société coopérative Sens ?

En ce qui concerne la finalité, on est résolument tourné vers le rural. Parce que c'est par là qu'on développe un pays.

 

Quand on parle de développement, c'est réduire la pauvreté. Mais nous nous préférons dire améliorer les conditions de vie et d'envie. Il y a la vie des individus mais il y a aussi les conditions d'exercice d'une activité professionnelle. Cela nous a amenés à créer une société coopérative dans laquelle nous avons développé deux outils et deux mécanismes. Un mécanisme d'appui-conseil et un mécanisme de financement des entreprises sur fonds privés. On parle d'une société coopérative avec des membres qui vont confier une partie de leur épargne pour que cette épargne-là serve à financer des entreprises.

Au Bénin, comment se sont développées les activités de Sens ?

Au départ, c'est la société mère Sens France qui est intervenue au côté du Groupement intercommunal des Collines (Gic) en 2008. Elle compte 40 investisseurs solidaires désireux de mettre leur épargne à disposition. Le fonds d'investissement constitué a permis d'accompagner les premières entreprises au Bénin pendant la période 2008-2012. Il s'agit notamment de deux sociétés à responsabilité limitée (sarl) dont l'une commercialise du miel spécifique (Ruche des Collines) et l'autre, des intrants agricoles naturels à base de neem (Philéol-Huiles végétales des Collines). Après 7 ans d'activités, ce sont ces deux entreprises qui ont quand même réussi à structurer tout un ensemble de maillons, de production et de distribution de leur produit.

 

Là vous parlez de Sens France. Qu'en est-il de Sens Bénin? En quoi se distingue-t-elle de la société mère ?

Pendant les premières années, c'était " Sens France " qui venait en appui technique au Bénin. A l'issue de cette phase, on a décidé de créer, en 2012, Sens Bénin qui est une filiale de Sens France dans l'état d'esprit mais pas juridiquement. La grande différence au Bénin, c'est qu'on n'a pas mis dans la même société le bras financier et le bras technique. Sens Bénin est la société d'appui-conseil qui accompagne une quarantaine d'entreprises sur tous les axes de compétence et de développement d'une entreprise. Nous appuyons les entrepreneurs à développer leur marché, à maîtriser leur production, à structurer leur réseau d'approvisionnement sur la mise en place d'un système d'information et de gestion sur le pilotage de la rentabilité, sur leur organisation interne, sur leur stratégie de financement et une dimension qui est très importante: leur utilité sociale.

 

Mais quelles sont vos sources de financement ?

Sens Bénin vit essentiellement de fonds publics pour appuyer des entreprises qui vont faire du développement. La Coopération Suisse et le conseil régional de Picardie nous accompagnent à cet effet. Les fonds publics servent à financer tout ce qui est appui-conseil, éventuellement au niveau des collectivités territoriales pour financer des actions de type infrastructures collectives, pépinières d'entreprises...

 

Et puis ' 'Investi-Sens'', la deuxième société et bras financier, va financer les équipements et matériels dont l'entreprise a besoin pour croître ou va s'associer avec une institution financière locale pour financer du fonds de roulement parce que l'entreprise a besoin d'augmenter son volume d'activités. " Investi-Sens " compte aujourd'hui six investisseurs solidaires et nous nous apprêtons à prendre un nouveau groupe d'investisseurs solidaires.

Quels sont les secteurs dans lesquels vous intervenez ?

Nous intervenons au niveau de plusieurs secteurs. Nous avons l'agroalimentaire avec l'apiculture et le Moringa. L'apiculture reste un bel exemple. Le marché du miel est en pleine expansion. Et les 4 apiculteurs que nous accompagnons ont derrière eux un réseau de plus de 200 apiculteurs qu'ils forment au métier de l'apiculture et à qui ils rachètent le miel produit pour le commercialiser dans les centres urbains. C'est là, le concept d'entreprise solidaire dont nous faisons la promotion.

 

On travaille autour de la valorisation des céréales locales, en particulier le soja mais aussi le sorgho. Nous avons aussi des entrepreneurs qui développent aussi des filières de provende pour l'élevage. Après sur le secteur agro-santé, c'est là que nous avons tout le travail effectué autour du neem, avec l'huile végétale comme intrants agricoles.

Nous sommes aussi dans le secteur de l'énergie. En milieu rural, le problème de l'énergie est crucial. Nous avons une dizaine d'entreprises que nous accompagnons et qui fournissent des services de recharge de portables ou de froid.

Vous êtes très axés sur le monde rural. Qu'est-ce qui explique cela ?

En matière de finalité, on est résolument tourné vers le rural. Parce que c'est par là qu'on développe un pays. C'est la clé pour amorcer un développement des villages qui sont peu attractifs et où il ne fait pas bon vivre. Notre pari est de créer, à l'échelle d'un village, un tissu économique qui va rendre la vie au village plus attractive. Qui va améliorer le revenu des petits producteurs, qui va permettre le développement d'activité de transformation et mieux valoriser les produits agricoles.

 

Nous travaillons aussi dans les agglomérations urbaines avec des entrepreneurs qui ont besoin de fournisseurs fiables pour au final transformer les matières premières.

Comment se fait la sélection des entreprises que vous accompagnez ?

Il y a déjà le profil de l'entrepreneur. C'est l'expérience qui nous a amenés à choisir ces critères. C'est vraiment important de sélectionner des personnes qui sont déterminées à entreprendre.

 

Nous regardons aussi le potentiel du marché. S'il n'y a pas de marché, il n'y a pas d'impact. Pour des produits très innovants, parfois c'est tout un marché qui est entièrement à créer. S'il n'y a pas de visibilité, on va aller à une période de faisabilité. On peut décider de tester le marché. Et on peut tester le marché de différentes façons. Cela peut être de la prospection ou de l'étude de marché classique. Cela peut aussi consister à introduire le produit sur le marché pour voir les réactions à cette nouvelle offre.

Le troisième critère c'est la dimension sociale. En quoi cette entreprise va impacter son territoire, en quoi elle va créer des revenus aux fournisseurs, en quoi elle va améliorer la situation nutritionnelle des personnes qui vont consommer ces produits.

Quels ont été les résultats de Sens Bénin en 2015 et les perspectives ?

Cette année, les résultats sont éloquents. Notre fonds a un capital de 20 millions Francs Cfa. Nous en avons investi 17 millions à la fin de l'année 2015 et le chiffre d'affaires de toutes les entreprises cumulées est de 70 millions de Francs Cfa. Il faut dire que les projets que nous finançons ne nécessitent pas de grands budgets mais ont un fort impact sur le social et sur leur territoire. Nous voulons surtout faire école. Notre ambition n'est pas forcément de faire de Sens, une grande firme avec plusieurs filiales. Nous voulons surtout essaimer le concept d'entreprises solidaires. Actuellement nous sommes en train de travailler au Sénégal en Casamance où des institutions ont été intéressées par notre modèle de développement.

 



Source : Ecce Africa


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