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Flavia Coelho, la flamme brésilienne qui envoûte Paris

  Musique, #

Sous une afro digne d'Erykah Badu, son sourire jaillit, ininterrompu et contagieux. Flavia Coelho, artiste brésilienne amarrée à Paris depuis 2006, présentait mardi 3 juin son deuxième album, Mundo Meu, au Divan du monde. Poursuivant son travail de métissage musical entre bossa, reggae et ragga, elle chante son monde et son Brésil, et se prépare pour son grand show du 17 octobre prochain à l'Olympia. Rencontre.

Dans une cave biscornue réaménagée avec goût en studio d'enregistrement, on se contorsionne pour atteindre la salle de mixage où elle attend. " Bom dia ! " dit-elle, en souriant chaleureusement. On retrouve la même énergie que celle qu'elle déployait, la veille, sur scène.

 

Dans l'ambiance intimiste de l'ancien théâtre du Divan du monde, Flavia Coelho présentait à son public parisien, mardi 3 juin, ses dernières trouvailles exubérantes. Injectant à tous une dose d'optimisme brésilien, elle maîtrise la scène et en fait son terrain de jeu, danse, rit, tambourine, grimace. Les amis, les fans, ont déjà ses refrains sur les lèvres. Et elle le leur rend bien : " Sortez vos briquets ", lance-t-elle, en fin de show, à la foule qui en redemande. Aux quelques-uns qui, timidement, exhibent leurs flammes - la lutte contre le tabagisme fait décidément des progrès - elle blague : " Bougez pas, j'arrive avec ma clope ! ".

200 euros et une veste pas très chaude

Promotion d'un nouvel album oblige, elle n'en est pas à sa première interview de la journée. Emerveillée, elle feint l'étonnement face à toute cette attention, tout en se prêtant à l'exercice avec une simplicité déconcertante. L'Olympia, " Vous voulez commencer par parler de ça ? ", s'enquiert-elle. Nombreux sont les artistes brésiliens venus en France dans l'espoir de faire connaître leurs musiques et leur culture. Elle, elle y arrive.

 

Parisienne depuis 2006, elle débarque de Rio avec 200 euros et une veste " pas très chaude ". S'ensuivent quelques années de galère où elle chante au chapeau ou " contre des demis " dans les bars, dans la rue, dans le métro. Elle rencontre le Camerounais Rico Rico Pierre, qui l'aide à explorer ses propres racines africaines et la convainc de commencer à écrire. Puis son pianiste-basse et manager actuel, Victor Vagh, qui l'aide pour l'enregistrement. Trois ans plus tard, sort Bossa Muffin, édité par l'indépendant Discograph, avec qui elle signe en 2011, le lendemain de sa victoire au tremplin musical Génération Réservoir.

Flavia Coelho réussit ainsi son pari d'écarter les propositions de costumes à plumes ou à paillettes et de chanter autre chose que de la bossa nova. " Je savais en venant ici que les gens avaient un amour profond pour la musique traditionnelle brésilienne, la samba de Rio, le chorro. " Au Brésil, elle était plutôt Dr. Dre, baile funk et sound-systems. De manière insoupçonnée, elle tire sa légitimité pour le reggae de ses années passées dans le Maranhao, dans le nord du pays. " A Sao Luis, je passais toutes mes soirées aux radioles, ces murs d'enceintes qui passent du reggae pendant des heures, c'était super roots. "

 

Si elle chante depuis ses 14 ans, l'alchimie musicale qui imprègne ses compositions - ce ragga africanisé aux influences nordestines - s'est surtout produite à Paris. Elle raconte son besoin de quitter le Brésil, de vivre des choses compliquées, de travailler sa nostalgie du pays. " Si j'étais restée, j'aurais fait exactement ce qu'il y a déjà sur place, mais peut-être pas de la meilleure façon ", dit-elle, avant de détailler sa fascination pour la bouillonnement musical qu'elle rencontre dans la capitale. " Quand je suis arrivée, les bars étaient collés les uns aux autres, se remémore-t-elle. En quelques minutes, tu pouvais former un groupe avec un guitariste congolais, un batteur brésilien, un pianiste new-yorkais, et jouer de la samba, exactement la même qu'à Rio. "

 

Le Brésil schizophrénique

Un océan d'écart, et elle redécouvre des sonorités familières. Un jour, à Toulouse, en attendant ses balances allongée dans l'herbe, elle croît entendre un groupe de chez elle. " C'était les Fabulous Trobadors, un groupe de musique occitane, rit-elle. C'était exactement le même genre de musique que j'ai écouté toute ma vie au mois de juin dans les quadrilles brésiliennes ! "

 

La distance lui permet avant tout de mieux raconter son pays, afin d'y proposer un jour sa musique. " Ce n'est pas pour rien que je chante dans ma langue natale ", confesse-t-elle. La chanteuse de 33 ans se veut de cette nouvelle génération d'artistes brésiliens de l'exil. " Je pense que je suis venue à Paris à cause de Gilberto Gil. Je vis dans le 5e arrondissement parce que je sais que je pourrais tomber sur Chico Buarque à tout moment ! " A la différence près qu'elle représente le Brésil de ces trente dernières années, de la fin de la dictature, du début de la démocratie. " C'est schizophrénique ! D'un coup, les écrans sont arrivés, les jolies voitures, la violence aussi. En même temps, on est toujours contents, on se débrouille, on se débrouille, on se débrouille. C'est tout ça, mon histoire. "

On lui fait remarquer que la sortie de Mundo Meu coïncide avec le début de la Coupe du monde de football. " Tout le monde me pose cette question ! " s'esclaffe-t-elle. Elle se défend en plaisantant : " Je tiens à dire que j'étais là avant, c'était dans mon planning ! Les gens qui me suivent savent que j'ai besoin de sortir quelque chose au moins tous les six mois. " Une affaire à suivre donc, et surtout à voir en chair et en bouclettes.

Source : mondeaccult.blog.lemonde.fr


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kevin
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