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Guy Moussi : Le footballeur qui reverse l'intégralité de son salaire à des œuvres de charité ... Un Grand Monsieur !

  Sport, #

Il vient de signer à Birmingham et a décidé de reverser l'intégralité de son salaire à des œuvres de charité. Entre son passage à Angers, son arrivée en Angleterre et son avenir, Guy Moussi nous explique le pourquoi du comment.

Pour ceux qui ne te connaissent pas, peux-tu résumer ton parcours ?

J'ai commencé dans la région parisienne, au centre de formation CFFP, dans le 94. J'y ai passé deux ans avant de partir à Angers. J'ai débuté avec les pros en octobre 2004, contre Reims. Malheureusement, on est descendus. J'ai ensuite passé deux ans en National avant de remonter, avec Olivier Pickeu et Jean-Louis Garcia. J'ai ensuite effectué une nouvelle année en Ligue 2, avant de partir à Nottingham Forest, à l'été 2008.

L'Angleterre, c'était ton premier choix ?

Pas du tout. Au départ, ce n'était pas mon choix préférentiel. J'arrivais en fin de contrat, et j'avais quelques contacts. Valenciennes s'était montré intéressé au mercato d'hiver, vu qu'après le 31 janvier, je pouvais négocier librement avec n'importe quel club. J'ai finalement prolongé mon contrat pour 4 ans, avec une clause libératoire. Ensuite, il y a eu un fort intérêt de Lille. Tout le monde pensait que j'allais être transféré là-bas, moi y compris. J'étais à 90 % sûr de signer là-bas. Au final, c'est l'année où Claude Puel est parti à Lyon, et je ne sais pas ce qu'il s'est passé ensuite, s'il y a eu un problème dans les négociations, ou si son départ a tout chamboulé. Dans le même temps, Nottingham Forest m'a fait part de son intérêt. Je suis allé visiter les installations, mais malgré cela, je ne voulais pas forcément partir, puisque je voulais absolument jouer en Ligue 1. Mais j'ai ensuite contacté mon entourage, et notamment Jean-Marc Nobilo, dont je suis assez proche, car il m'a lancé en professionnel, qui m'a dit : " Tu va t'éclater là-bas. " Je l'ai écouté, j'y suis allé, et j'ai passé 6 ans là-bas.

Tu marques ton premier but contre Barnsley, et tu te fais exclure. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Déjà, je ne suis pas un joueur qui marque beaucoup de buts ! En Angleterre, l'ambiance dans les stades, c'est un autre monde comparé avec la France. On le ressent aussi dans les divisions inférieures. À Nottingham Forest, il y a 25 000 spectateurs en moyenne, 30 000 quand le stade est plein. On luttait chaque saison pour la montée, donc il y avait de l'affluence à pratiquement toutes les rencontres. On était sur une lancée de victoires, quatre ou cinq d'affilée, et sur ce match, il y a 0-0, et je marque à la 90e, d'un petit geste acrobatique. Dans l'euphorie, j'ai sauté dans les tribunes pour célébrer avec les fans. Quand je reviens sur le terrain, l'arbitre m'appelle, et me dit : " Je suis vraiment désolé, mais c'est la règle ", en sortant un deuxième jaune. Donc premier but en Angleterre, et premier carton rouge dans ma carrière ! Heureusement, on a fini par gagner le match !

Donc la semaine dernière, tu as signé pour Birmingham pour deux mois. Dans quelles conditions s'est conclue ton arrivée ?

Financièrement, c'était un peu compliqué pour eux. Donc dans un premier temps, ils voulaient me voir, au moins pour savoir si j'étais capable d'enchaîner des matchs. Birmingham, c'est une grande ville, un grand club avec de super infrastructures. Ils me connaissaient bien parce que la personne en charge du recrutement faisait autrefois partie du staff à Nottingham Forest. Il sait de quoi je suis capable, et même s'il faut toujours faire ses preuves, je préfère m'engager dans un endroit où l'on me connaît plutôt que dans un club où c'est le président qui te ramène. Je me suis entraîné deux semaines avec eux, donc là, il faut juste que je me remette en forme pour être compétitif en match. Je ne suis pas non plus " à la rue ", puisque je m'entraîne avec Angers depuis fin août. J'ai fait 90 minutes avec la réserve, et j'espère être dans les plans pour samedi, car on joue contre Nottingham Forest, mon ancien club.

Le contrat peut-être renouvelé ?

Pour l'instant, c'est deux mois. Après, on va sûrement rediscuter quelques semaines avant la fin du contrat. D'ici janvier, il va y avoir des départs, des retours de prêt aussi, et le staff prendra des décisions quant à l'effectif souhaité pour la deuxième partie de saison. Mais même si je n'entre pas dans les plans, je pense que si je fais de bons matchs et que je joue régulièrement, il pourra y avoir d'autres opportunités dans d'autres clubs.

J'ai décidé de donner l'intégralité de mon salaire et des bonus. Je ne suis pas né avec une cuillère d'argent dans la bouche, mais mes parents m'ont toujours appris à partager. Eux-mêmes n'ont jamais vraiment eu beaucoup d'argent, mais ont toujours essayé d'aider un peu, que ce soit 5 ou 10 euros pour certaines associations. Je me rappelle que ma mère envoyait régulièrement un peu d'argent aux Restos du cœur, par exemple. Donc c'est quelque chose qui me parle. Après, je ne suis pas impliqué au quotidien avec ces associations, mais c'est quelque chose que j'aimerais faire aussi, plus tard. L'année dernière, lorsque j'étais à Nottingham, je faisais aussi des dons à l'hôpital de Nottingham pour les enfants malades, mais personne ne le savait. C'est une démarche assez intime. Je suis chrétien, et j'essaie de tourner toutes les situations négatives en choses positives. Personnellement, j'ai été sans club durant quelques mois, ce n'est pas forcément facile pour un footballeur. J'ai eu quelques propositions en Grèce, mais je n'étais pas vraiment intéressé. Lorsque j'ai reçu cette offre de Birmingham, j'ai discuté avec mes parents, à qui j'ai exposé mon idée et ils m'ont encouragé à le faire.

"Quand je suis arrivé à Birmingham, je pensais que cela allait se faire directement" 

Comment as-tu sélectionné les associations et œuvres de charité ?

J'en avais discuté avec mon agent, qui m'avait conseillé de me tourner vers une œuvre du club. Ensuite, la veille de ma signature, je regardais Écosse-Angleterre, et à la mi-temps, je vois une pub avec Rooney et Fletcher qui demandent d'envoyer un texto pour faire un don pour le combat contre Ebola. En plus, l'été dernier, j'étais allé à la Nuit du football africain, où j'avais pu discuter avec l'entourage de George Weah, qui est très impliqué dans ce combat. Ebola, cela me touche particulièrement, car je suis d'origine africaine, donc j'ai décidé de soutenir l'organisation Stop Ebola. Pour revenir au club, j'ai finalement choisi d'aider les supporters handicapés de Birmingham. La troisième est une église à Paris que je fréquente assez régulièrement et où je connais le pasteur. La quatrième est pour Soma Disaster, qui aide les gens victimes du désastre qui a eu lieu en Turquie. En fait, mes agents sont turcs, et j'avais eu écho de la situation dramatique en Turquie. Mes agents m'ont vraiment soutenu dans les moments difficiles. Lorsque tu n'as pas de club, il y a plein de mecs qui peuvent te dire " on va essayer, on va essayer... " et qui te lâchent. Eux ont été vraiment impliqués, m'ont montré qu'ils croyaient en moi, c'est une manière comme une autre de leur redonner un peu, en aidant leur communauté. Donc mon salaire et mes bonus vont être divisés à parts égales pour ces quatre organismes.

Tu gardes quand même de quoi payer ton loyer ?

Non, pas du tout. Mais j'ai négocié avec le club pour qu'ils prennent en charge mon logement, c'est-à-dire l'hôtel, et les repas durant les deux mois. En Angleterre, tu arrives au club le matin, tu as un petit-déjeuner, tu peux aussi manger là-bas le midi, et le soir, c'est inclus dans mon contrat. Après, ça ne reste que deux mois. Je suis quelqu'un de simple, et je ne suis pas venu pour faire la fiesta. Ce sont deux mois où je dois me concentrer sur le football, donc je n'ai pas besoin de millions pour faire ça.

C'est plutôt surprenant de voir que tu es à contre-courant du cliché du footeux. On a souvent entendu des critiques sur leur mode de vie " bling-bling ". Cela t'arrive de te sentir différent de tes coéquipiers ?

Il y a une caricature du footballeur, dans laquelle je ne me sens pas représenté, mais je ne suis pas une exception. Les gens se focalisent beaucoup sur les quelques joueurs qui sont comme cela, mais ce n'est pas une majorité, loin de là. En plus de la médiatisation, beaucoup de jeunes passent par des centres de formation sans avoir un solide entourage familial, sont jetés dans un milieu où l'on gagne beaucoup d'argent très tôt, et voient certains grands footballeurs dépenser énormément. On te fait croire qu'être footballeur, c'est ça. Personnellement, j'ai eu la chance d'être très bien entouré, que ce soit par ma famille, ou par mes agents, qui m'ont toujours fait garder les pieds sur terre. Je ne me sens pas concerné par rapport à ça, et je pense que c'est le cas de beaucoup de joueurs. Il y en a beaucoup qui aident. Leur famille d'abord, mais aussi des associations, sauf qu'ils n'en parlent pas. Quand je suis arrivé à Birmingham, je pensais que cela allait se faire directement, par le club. Donc j'ai prévenu le club, qui a aimé l'histoire, et c'est sorti dans les journaux, alors que moi je n'étais pas sensé savoir que ça allait sortir. Le club m'a dit que cela pouvait être une bonne histoire pour moi, mais aussi pour eux, pour l'image du club. Donc ils m'ont dit que si les journalistes de Birmingham m'en parlaient, je pouvais sortir l'histoire. Pour en revenir à l'argent, le football est aussi un monde où tout le monde veut percer, mais il n'y a qu'une poignée de joueurs qui réussissent. Or, tout le monde pense à Zlatan, Beckham, Cristiano Ronaldo ou Messi et leurs salaires astronomiques, mais ils restent des exceptions.

Tu as des coéquipiers qui, comme toi, sont très impliqués dans le milieu associatif ?

Je sais que certains aident. Déjà, il y a énormément de footballeurs qui aident leurs familles et leurs amis. Après, dans le milieu associatif, sans sortir de noms, je connais pas mal de joueurs impliqués, mais qui ne le disent pas. Aujourd'hui, si Birmingham n'avait pas sorti l'info, personne n'aurait su que j'aide des associations caritatives. Il ne faut pas se fier aux apparences. Je dis ça pour les gens qui pensent que tous les footballeurs ne pensent qu'à claquer leur argent.

Tu aurais préféré garder l'information privée ?

Au départ, c'est une démarche assez intime, dont je parle avec mes proches uniquement. Je ne m'attendais pas à avoir autant de retours. Mais aussi des gens qui me demandent pourquoi telle association et pas une autre, j'ai parfois l'impression de devoir me justifier. Je n'avais pas mesuré l'impact. Après, il y a aussi des gens qui me disent que c'est bien d'en parler, car cela peut être un exemple pour certains jeunes. Leur faire comprendre qu'il ne faut pas faire n'importe quoi avec l'argent, qu'il faut aider son entourage et les autres, si tu en as la possibilité. Peut-être que demain, je n'en serai plus capable, ou au contraire encore plus.

Pour terminer, tu espères quoi pour l'avenir ? Tu aimerais revenir en France ?

J'aime beaucoup voyager, mais je trouve que l'Angleterre m'a vraiment ouvert l'esprit, c'est une expérience très enrichissante. J'aimerais découvrir d'autres pays, d'autres cultures. Au niveau des championnats, je dois dire que suis heureux en Angleterre. Pour moi, c'est le top. Après, l'Allemagne peut être intéressante au niveau des ambiances aussi.

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