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Il y a dix ans, le journaliste gambien Deyda Hydara était assassiné

  Politique, #

Nous sommes le soir du 16 décembre 2004. Deyda Hydara est en voiture, il vient de finir le bouclage de son journal. Il raccompagne deux collègues avant de rentrer chez lui. Marie, sa fille, est à Londres ce jour-là.

" Ce que ses collègues ont raconté, dit-elle, c'est que mon père a pu voir dans le rétroviseur un taxi qui venait à toute allure. Il a ralenti et le taxi est arrivé à sa hauteur. Les gens qui étaient à l'intérieur ont tiré sur lui. Ils ont tiré trois fois : dans la tête, dans la poitrine et dans l'estomac. Même dix ans après, c'est toujours aussi difficile. Le manque qu'il y a, le vide que ça a créé. Il est mort le jour anniversaire de ma mère. Et comme on n'a pas encore obtenu justice, on ne peut pas tourner la page. "

" C'était son travail d'informer les gens "

La justice, ils ne l'obtiennent pas. Aucune enquête impartiale, aucune arrestation. Mais Marie Hydara sait bien pourquoi son père a été abattu. " Mon père a pris sur lui pour être un défenseur de la liberté d'expression. Ça a agacé au plus haut point les autorités, et il avait reçu des menaces pour ça. Il disait qu'il n'arrêterait, que c'était son travail de journaliste d'informer les gens. Et c'est pour ça qu'il est mort. "

 

Ce mardi 16 décembre 2014 à Dakar, des associations gambiennes et africaines de défense des droits de l'homme rendent hommage à Deyda Hydara. Un documentaire sera projeté. De son côté, l'association Reporters sans frontière a adressé une lettre ouverte au président Jammeh, consultable ici, pour demander la réouverture d'une enquête et la fin de l'impunité. L'ONG rappelle, dans son rapport annuel publié ce mardi, que 66 journalistes ont été tués dans le monde, et que 119 autres ont été enlevés, tandis que 40 restent otages. En 2013, 71 journalistes avaient été tués et 87 avaient été enlevés.

Presque carte blanche pour opprimer

Pour la Gambienne Fatou Diagne Senghor, directrice régionale de l'ONG de défense des droits de l'homme Article 19, à travers Deyda Hydara, c'est bien la liberté de la presse qu'on a voulu atteindre. " C'était le grand choc, et je pense que ça a terrifié les journalistes en Gambie, confie-t-elle. Parce que vous savez, l'impunité, c'est la plus grande source d'autocensure. Lorsque vous travaillez, et que vous savez que s'il vous arrive quelque chose, rien ne se passera, vous perdez toute confiance dans le système. "

 

Et cela a fonctionné, déplore Fatou Diagne Senghor : " Aujourd'hui, plus de la moitié des journalistes gambiens qui étaient de la même génération que Deyda, qui ont essayé de travailler de manière indépendante, ont quitté le pays. Et les jeunes qui, récemment aussi, auront essayé de faire avec les moyens du bord, ont été opprimés. Cet assassinat a vraiment ouvert la porte à tous les abus, parce que tout le monde s'est rendu compte que le gouvernement a presque carte blanche pour opprimer les journalistes, et les quelques voix qui se sont levées ont été éteintes. "

rfi.fr


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