Saint-Denis, ce dimanche. Près de 200 personnes venues d'Ile-de-France, de province et même d'Afrique, ont réclamé justice pour Frey. (LP/C.S.)

Quelques sanglots percent tandis que des louanges sont entonnées en lingala. Une rose blanche à la main et des lunettes de soleil pour dissimuler sa tristesse, un grand gaillard de deux mètres se confie : " Je n'arrive pas à réaliser que mon petit frère est mort, pourtant je l'ai vu à la morgue... C'est en voyant tout ce monde-là, qui marche, tous ses amis que je commence à réaliser.

" Derrière lui, près de deux cents personnes venues d'Ile-de- France, de Strasbourg et même d'Afrique le matin, avec le même tee-shirt floqué du visage de Frey Mienandi. Ce jeune homme de 25 ans a été poignardé à mort à la sortie d'une boîte de nuit à Saint-Denis, au petit matin, le week-end dernier. Ce dimanche après-midi, tous ses proches, majoritairement issus de la communauté congolaise, ont refait dans la douleur, son dernier trajet.

Le Tapis rouge, boîte de nuit qui accueille des soirées africaines dans les anciens ateliers Christofle, le week-end, n'a pas rouvert. (LP/C.S.)

Le cortège s'est ébranlé en silence devant le " Tapis rouge ", la boîte de nuit africaine où Frey a passé sa dernière soirée du 1 ^er au 2 août et qui n'a pas rouvert depuis. " Il est arrivé avec des amis après minuit " se souviennent deux jeunes de l'Essonne présents ce soir-là. Pour eux, la soirée s'est passée normalement jusqu'à la fermeture. " Une embrouille a éclaté, tout le monde s'est sauvé, on s'est mis à courir, explique le plus jeune. Avec Frey on s'est retrouvé à un virage, lorsqu'une voiture est arrivée en faisant un dérapage vers nous, on s'est dit qu'on pouvait pas rester là alors on s'est a couru. " Lui explique s'être caché dans un coin et Frey, ailleurs. " J'ai entendu dire "Attrapez-le, attrapez-le". " Ensuite, il a découvert Frey, à terre, en sang, dans ce parking partagé par les clients d'un hôtel et de plusieurs entreprises. Exceptionnellement, la grille était ouverte. " Quand je suis reparti j'ai aperçu Frey au sol, je l'ai appelé, il a levé un bras, j'ai prévenu les pompiers. " Il est mort à l'hôpital Bichat, à Paris.

Les proches de Frey, ici, sa petite amie, ont déposé des bougies au pied de l'arbre où il a été poignardé. (LP/C.S.)

Un jeune homme de 19 ans, vivant en foyer, s'est rendu mardi au commissariat, s'accusant des coups de couteau. L'arme a été retrouvée par la police judiciaire mais leur enquête n'est pas bouclée. Des complices sont recherchés. En le poignardant au cœur et à l'abdomen, on voulait le tuer. Pourquoi ? Tant que la réponse manquera, les rumeurs vivront. Parmi celles-ci, un motif financier lié à la visite du président congolais Sassou Nguesso à Paris, début juillet. " Des jeunes ont été recrutés pour le service d'ordre et tout le monde n'a pas été payé ", croit savoir une connaissance sans plus de détail. Sauf qu'aucune preuve ne permet d'accréditer cette tenace rumeur. Et la famille préfère s'en tenir aux éléments fiables. " Que tous ceux qui ont des informations les communiquent à la police ", supplie Gervais, l'aîné des frères.

Près de 200 personnes venues d'Ile de France, de province et d'Afrique ont marché en hommage à Frey. (LP/C.S.)

" Mon frère était très costaud mais ce n'était pas un bagarreur ", assure Boris, un autre frère. Frey était le petit dernier de sept enfants. Il avait grandi à Brazzaville au Congo et avait rejoint sa famille à Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne), à 11 ans. Amoureux du basket, il avait renforcé l'équipe de Vichy quand celle-ci jouait en Pro A en 2008.-2009. De retour en région parisienne, il était devenu commercial. Il laisse derrière lui un petit garçon de 3 ans et toute une famille orpheline, éprise de vérité et de justice.

Source : www.leparisien.fr