Trois morts (un militaire israélien, un travailleur africain, un terroriste) et dix blessés. Tel est le bilan de l'attentat perpétré dimanche soir à la gare routière centrale de Beer Sheva par un assaillant armé de couteaux et d'une arme de poing.

Le bâtiment, qui comprend une galerie commerciale, était bondé à cette heure-là. Des familles, mais également de nombreux soldats en permission. Malgré les importantes mesures de sécurité prises sur l'ensemble de l'Etat hébreu -parmi lesquelles le renforcement du filtrage à l'entrée des lieux publics- l'assaillant n'a eu aucun mal à y pénétrer. Après avoir vidé le chargeur de son arme de poing, il s'est emparé du fusil-mitrailleur d'un soldat qu'il venait de tuer et a poursuivi son œuvre avant d'être abattu à son tour.

Alors que la police dressait des barrages en pensant qu'un complice du terroriste venait de fuir en taxi, la foule déchaînée a voulu lyncher un Erythréen en croyant qu'il s'agissait également d'un poignardeur. En réalité, l'homme était un nettoyeur de surface. Blessé à la tête par le tir d'un agent de sécurité, il a été frappé au sol par des passants en fureur avant de mourir à l'hôpital. "A cause de la couleur de sa peau", titre ce lundi matin le quotidien populaire de droite Yediot Aharonot.

Cet attentat est le plus grave depuis le début de l' "intifada des couteaux". Pour les services de sécurité israéliens, il est également le plus interpellant puisque les mesures de protection annoncées avec force communiqués par le ministère de la Sécurité intérieure se sont révélées inefficaces.

A Hébron (Cisjordanie), la ville où quatre Palestiniens avaient été abattus durant le week-end après avoir tenté de poignarder des colons de la colonie voisine de Kyriat Arba ou des soldats chargés de les protéger, l'attentat de Beer Sheva a été accueilli par des tirs de feu d'artifice. Et par des distributions de sucreries dans la rue. Parce que cette ville est un bastion du Hamas et que cette organisation a publié samedi un communiqué appelant les Palestiniens à dépasser l'étape des attaques au couteau pour lancer des attaques plus sanglantes.

Pour l'heure, le Hamas et le Jihad islamique sont les seuls à appeler au durcissement de la révolte. A Ramallah, Mahmoud Abbas tente au contraire de la calmer, en dépit de ce que prétendent les dirigeants israéliens, qui l'accusent de "faire de l'incitation".

A la fin de la semaine écoulée, les services de l'Autorité palestinienne (AP) ont ainsi interpellé une série de personnes suspectées de préparer des attentats contre l'Etat hébreu. En outre, Abbas maintient en personne un dialogue permanent avec les durs de son parti. Surtout les dirigeants des Tanzim, sa branche armée officielle qui dispose de stocks d'armes cachés dans les camps de réfugiés.

A Jérusalem, Benyamin Nétanyahou et ses ministres redoutent que l'attentat de Beer Sheva ne marque un changement d'orientation de l' "intifada des couteaux" qui perdrait en spontanéité pour être reprise en main par des organisations préparant des attentats plus importants.