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L'agroécologie essaime en Afrique de l'Ouest

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La piste bordée de pierres traverse un paysage aride. Autour de Betta, à une soixantaine de kilomètres au nord de Ouagadougou, les rares arbustes semblent en sursis, assoiffés et ternis par la poussière. Ici, à la lisière du Sahel, le déboisement (pour les besoins en combustible), l'élevage extensif et le défrichement par les feux de brousse ont accéléré la désertification et l'érosion de sols, soumis à des pluies plus rares mais plus violentes.

C'est pourtant là qu'une ferme école a été installée par une association locale pour enseigner l'agroécologie. " On a choisi délibérément des terres très dégradées pour montrer aux paysans que, quand on aménage bien son terrain, ça pousse, raconte Ablacé Compaoré, le coordinateur de l'AIDMR (Association interzone pour le développement en milieu rural). Au début, les gens se moquaient de nous parce qu'on essayait de cultiver des aubergines. Aujourd'hui, ils viennent chercher nos légumes ! "

L'association a planté des arbres et combiné le zaï (culture traditionnelle en poquets), le compostage et les cordons pierreux, des petites digues construites suivant les courbes de niveau, pour aider l'eau de pluie à s'infiltrer. Elle continue à expérimenter toutes sortes de techniques qui améliorent les rendements, tout en régénérant les sols et en économisant l'eau.

C'est là aussi que se sont réunis, du 16 au 20 février, une centaine d'agroécologistes et d'organismes de coopération venus du Burkina, du Mali, du Niger, du Togo ou du Bénin, à l'initiative de l'ONG française Terre et Humanisme, pour échanger leurs expériences et réfléchir à une stratégie de diffusion de l'agroécologie. " Aujourd'hui, les conditions sont réunies en Afrique de l'Ouest, parce qu'on est arrivé au bout d'une logique intenable, l'autonomie alimentaire devient indispensable ", estime Pierre Rabhi, invité d'honneur de ces rencontres.

Voir le diaporama des rencontres de l'agroécologie au Burkina Faso : THOMAS SANKARA, PRÉCURSEUR DE L'AGROÉCOLOGIE

Le philosophe paysan français connaît bien le contexte local, lui qui a rêvé de faire du Burkina un pays précurseur en formant, dans les années 1980, plusieurs centaines de paysans à l'agroécologie, avec le soutien du président révolutionnaire Thomas Sankara. Mais l'assassinat de ce dernier en 1987 a coupé court à l'aventure, et le Burkina Faso a poursuivi, comme ses voisins, un développement agricole favorisant intrants extérieurs et cultures de rente. Un modèle qui a enfermé nombre de paysans dans une dépendance à des filières organisées, et qui a montré ses limites en termes de fertilité des sols et de productivité. Le souvenir de Sankara, " belle conscience " que Pierre Rabhi " continue à pleurer ", était bien présent lors de ces quatre jours à Betta, où sa sœur Blandine Sankara représentait l'association Yelemani qui œuvre à éduquer les populations à la souveraineté alimentaire tant prônée par l'ancien président.

 

Azétou Nassa, cultivatrice et animatrice agricole au nord de Ouagadougou, a elle aussi choisi l'autonomie en se convertissant à l'agroécologie : " Au début, ça a été dur physiquement, mais maintenant, je dépense moins, et je gagne assez pour nourrir ma famille et scolariser mes sept enfants. Tous ceux qui ont visité mon champ ont fait comme moi. " Ces pratiques demeurent pourtant marginales en Afrique de l'Ouest. Vues par certains comme un retour en arrière, car proches des savoir-faire de leurs grands-parents, et difficilement applicables à grande échelle, elles exigent aussi davantage de travail manuel.

" Il faut multiplier les champs de démonstration pour dépasser les préjugés, car les paysans ont besoin de voir pour croire, et harmoniser nos approches, qui diffèrent beaucoup d'un acteur à l'autre ", estime Adama Tiégoum, coordinateur de l'association UAVES, qui forme à l'agroécologie dans le nord du Mali. C'était tout l'enjeu de ces rencontres, qui ont conclu à la nécessité d'organiser en réseau ces expériences éparpillées, pour obtenir des politiques incitatives nécessaires à cette transition écologique. Quelques jours plus tard, à Ouagadougou, le fonds d'investissement social Livelihoods, lancé par les groupes Danone et Mars, proposait lui aussi trois journées de travail pour " une agriculture familiale durable et prospère " dans les zones arides du Sahel. L'occasion de s'allier pour faire pression sur les gouvernements ?

lemonde.fr


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