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L'appel de Soyinka pour défendre la vie et l'Afrique de demain

  Société, #

Une fois de plus, Wole Soyinka a lancé un appel destiné à tous les hommes de bonne volonté, leur exhortant de se montrer plus incisifs, plus " fondamentalistes " pour mieux " défendre la liberté et la vie attaquées partout par les terroristes et les djihadistes ".

L'unique lauréat du prix Nobel de littérature de toute l'Afrique noire arbore le front plissé des mauvais jours. La scène se passe à l'université de Bayreuth (Allemagne) qui a accueilli, du 3 au 6 juin, la 41 e conférence annuelle de ALA (African Literature Association).

Pas facile de tenir, à 80 ans passés, son rôle de figure intellectuelle africaine planétaire, de se renouveler tout en continuant à sillonner le monde pour prêcher la bonne parole. Mais voilà, le natif d'Abeokuta a maintes ressources et Shango - Dieu du tonnerre, de la foudre et de la justice - pour Orisha.

Guerrier à la crinière léonine

De toute la longue cérémonie d'inauguration, c'est sa courte et tonique intervention qui sera commentée et reprise dans les conversations. Ce n'est pas la première fois que le guerrier à la crinière léonine montre du doigt le fondamentalisme, ou plus exactement, le djihadisme se disant musulman. En revanche, c'est la première fois que la plus ancienne et la plus importante association des spécialistes des littératures africaines tient son congrès en Europe et le choix de Bayreuth n'est pas un hasard.

Depuis sa fondation, cette association professionnelle affiche un esprit combatif sur le plan universitaire mais également sur le terrain politique, en dénonçant hier l'apartheid ou en venant en aide aux écrivains poursuivis par les régimes dictatoriaux à l'instar de Ngugi Wa Thiong'o, Nuruddin Farah ou Jack Mapanja. Si la dernière édition qui se tint à Johannesburg sondait le nouveau monde issu des décombres de l'apartheid, l'accent est placé cette année sur la conjecture comme le signale l'intitulé du thème général African Futures & Beyond, Visions in Transition.

Le timing est parfait, à l'heure où le plus grand des pays africains amorce une transition démocratique qui ne passe inaperçue. Les défis sont énormes, l'attente aussi. Une semaine plus tôt, la nouvelle administration du président Muhammadu Buhari a pris ses fonctions. C'est toute l'intelligentsia nigériane qui surveille les premiers pas de l'ex-général qui avait emprisonné en 1984, le trublion Fela pour trafic de devises. Autre temps, autres méthodes.

L'ombre de Boko Haram sur Bayreuth

Plus de 300 chercheurs, de tous les continents, ont fait le déplacement. Il est plaisant de noter que le contingent africain (Nigéria, Kenya, Cameroun notamment) s'étoffe au fil des années. Les universitaires côtoient les artistes venus en nombre, de l'écrivain et éditeur kényan Binyavanga Wainaina à la chanteuse ivoirienne Gnahore Dobet en passant par le cinéaste camerounais Jean-Pierre Bekolo qui présente au public Les Choses et les mots de Mudimbe, un documentaire retraçant la vie et l'œuvre du grand philosophe congolais de l'université Duke en Caroline du Nord.

Petite ville estudiantine, Bayreuth recèle une multitude de musées, de salles d'opéra et autres institutions culturelles. Les arts africains y ont leur centre névralgique : Iwalewa Haus, une fondation privée travaillant en étroite collaboration avec le département d'études africaines de l'université de la ville. Pour se faire une idée précise des thèmes abordés ou scénarios ébauchés, il reste à parcourir les 320 pages du catalogue qui offre un résumé des communications.

Pour inspirer les jeunes pousses en provenance du continent qui prendront la relève demain, citons trois sujets pour l'exemple : Les romans carcéraux de Ken Saro-Wiwa, par Chinyere Nwahunanya (Abia State University, Nigeria), Afrique et Caraïbe : mémoires postcoloniales et représentations transcontinentales, par Landry-Wilfrid Miampika (Universidad d'Alcalà, Espagne) et Voir l'avenir en vidéo : expertise et émergence de Nollywood, par Matthew H. Brown (University of Wisconsin-Madison, EU). La 42 e edition se tiendra à Atlanta en avril 2016 et labourera le vaste champ de la justice et de la dignité humaine - une nécessité absolue en ces temps d'égarement et d'indifférence.

Abdourahman A. Waberi est né en 1965 dans l'actuelle République de Djibouti, il vit entre Paris et les États-Unis où il a enseigné les littératures francophones aux Claremont Colleges (Californie). Il est aujourd'hui professeur à George Washington University. Auteur entre autres de " Aux États-Unis d' Afrique " (JCLattès, 2006), il vient de publier " La Divine Chanson " (Zulma, 2015).



Source : www.lemonde.fr


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