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Le corps des femmes noires est-il davantage sexualisé?

  Société, #

Je suis tombée cette semaine sur ce palmarès de vedettes qui, dit-on, " ont montré trop de peau " à la soirée des Grammy au cours des dernières années. " Trop, c'est comme pas assez " et " Sexy ne rime pas nécessairement avec joli ", écrivait-on sur Facebook pour présenter cette liste.

Il s'agit bien sûr d'un cas classique de slut-shaming, l'attitude consistant à dénigrer des femmes en raison de leur comportement jugé trop sexuel. J'ai déjà parlé de ce phénomène ici. Mais en parcourant cette liste, j'ai été étonnée par la grande présence de femmes noires ciblées : Rihanna, Beyoncé, Eve, Lil Kim... Sur les 19 vedettes qualifiées d'indécentes, la majorité ont la peau noire (10 Afro-Américaines + 7 Blanches + Jennifer Lopez, d'origine latine + M.I.A, d'origine sri-lankaise).Est-ce un simple hasard?En ce Mois de l'histoire des Noirs, je m'interroge sur le rapport que nous entretenons avec le corps des Afro-Américaines, qui, selon une récente étude, déclarent subir plus d'expériences d'objectification sexuelle que les autres femmes.

Les femmes noires sont-elles davantage sexualisées, ou est-ce plutôt que leur sexualité et leur corps sont jugés plus sévèrement?

Danse et décadence

Souvenez-vous, il y a deux ans, lorsque Miley Cyrus a popularisé le twerking avec des danseuses noires qui agitaient les fesses sur scène. Cela avait été jugé très choquant, et fait pousser de hauts cris dans les chaumières

 

Or, on observe depuis longtemps, au cours de l'histoire, une certaine méfiance scrupuleuse envers la culture afro-américaine.

Dans les années 1960, on considérait que la manière dont les Noirs dansaient était obscène. La musique " nègre " était comparée à des " bruits sauvages " invitant à " la jouissance brutale du rapprochement corporel ".

Si on remonte encore plus loin, après l'abolition de l'esclavagisme aux États-Unis, l'historien (visiblement raciste) Philip A. Bruce affirmait en 1889 que les femmes noires étaient débauchées par nature et que leurs pulsions sexuelles étaient trop fortes. Il soutenait que les hommes noirs ne pouvaient pas comprendre ce qu'était le viol parce que leurs femmes étaient toujours disponibles et prêtes à avoir des relations sexuelles.

Selon des historiens plus contemporains, cette méfiance des Blancs à l'égard de la sexualité des Noirs vient de l'époque esclavagiste. Lorsque les Européens sont arrivés en Afrique, ils ont estimé que les Africains n'avaient pas de morale et comparaient leur sexualité à celle des animaux parce qu'ils étaient plus dénudés qu'eux et que leurs danses les choquaient.

Encore de la discrimination?

Aujourd'hui, dans l'industrie du sexe, il semble que les femmes noires sont moins bien traitées. Les danseuses nues qui ont la peau noire gagnent moins d'argent que leurs consoeurs blanches et les actrices pornos noires jouent dans des productions de moindre envergure, où les conditions de travail sont moins bonnes. Il semble aussi que les prostituées noires sont souvent moins payées.

 

Hors du champ de l'industrie du sexe, les femmes noires subissent de la pression par rapport à leur apparence physique dans les grands médias, selon Arisa Cox. L'animatrice de Big Brother Canada, qui porte fièrement sa coupe afro, a récemment raconté que, au début de sa carrière, un patron d'une chaîne de télé où elle travaillait lui a demandé de se décrêper les cheveux. Plutôt que d'obtempérer, elle a préféré démissionner. Mais toutes ne peuvent se permettre ce luxe, et Arisa Cox croit que les femmes noires dans les médias préfèrent souvent se conformer aux standards de beautés occidentaux.

De son côté, la journaliste québécoise Myriam Fehmiu note que la réalité américaine n'est pas la même que la réalité canadienne et québécoise pour les femmes noires, notamment parce qu'aux États-Unis la culture pop, hip-hop et R&B, qui représente beaucoup la femme en mettant l'accent sur ses attributs physiques, est prédominante.

Carla Beauvais, coordonnatrice du Mois de l'histoire des Noirs, un peu choquée par ma question, me dit qu'elle n'est pas d'accord avec l'idée que les femmes noires seraient davantage sexualisées que les autres. " C'est une mode dans l'industrie en général ", estime-t-elle. Elle reconnaît toutefois que oui, le jugement peut être plus sévère envers Nicki Minaj, par exemple, qu'envers Madonna.

" Mais nous, en tant que communauté noire, nous sommes passés à autre chose ", dit-elle.



Source : blogues.radio-canada.ca


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ashley
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