L'Afrique de l'Est est une des rares régions du monde, avec l'Islande, où les mécanismes telluriques affectant la planète amènent le manteau terrestre (à une température de 1300°C) à remonter à faible profondeur du fait de la dynamique des plaques. De ce phénomène d'extension résulte un flux de chaleur qui peut être jusqu'à dix fois supérieur à la moyenne terrestre : il peut atteindre de l'ordre de 1 MW par Km2. En conséquence, des températures de 250°C peuvent être atteintes à 1.500 ou 2.000m de profondeur. De ce fait, une électricité renouvelable peut y être produite par forages exploitant de la vapeur directement envoyée en turbine. De très nombreux sites favorables à de tels développements ont été identifiés tout le long de la vallée du rift, depuis l'Erythrée au nord jusqu'à la Tanzanie au sud, et le Kenya a pris le leadership de ce développement avec plusieurs centaines de MWe installés sur le site d'Olkaria et l'objectif d'atteindre 4.000Mwe en 2030.

La géothermie pourrait transformer les économies d'Afrique de l'Est. Accroître la production d'électricité est essentiel dans cette région où la majorité de la population n'a pas accès à l'électricité. La Vallée du Grand Rift possède un potentiel de 20.000 MW d'énergie géothermique. Le Kenya fut le premier pays du continent africain (et reste aujourd'hui le seul) à avoir mis en exploitation cette énergie renouvelable non intermittente, avec l'ouverture de la centrale d'Olkaria au début des années 80. Depuis, de nouvelles tranches sont venues accroître la puissance totale de la centrale, dont une nouvelle de 140 MW inaugurée récemment. Avec un total de 280 MW, c'est désormais l'un des plus grandes centrales géothermiques du monde : elle alimente 500.000 foyers et produit plus de la moitié de l'électricité Kényane.

Plus de 50% de l'électricité du Kenya provient de la géothermie

Au Kenya, le président Uhuru Kenyatta a inauguré jeudi 19 février la dernière tranche (140 MW) de la première centrale géothermique d'Afrique. Avec 280 MW de puissance, Olkaria Geothermal Power Plant, située à Naivasha dans le Nord du pays, est désormais l'une des plus grandes centrales géothermiques du monde. Si Olkaria est pour le moment la seule centrale géothermique du continent, dans la région, beaucoup d'espoirs repose sur cette nouvelle source d'énergie. D'autres centrales sont en projet en Afrique de l'Est, en Ethiopie, en Tanzanie ou encore à Djibouti.

La centrale produit à hauteur de 280 MW depuis Décembre dernier. Cette puissance a permis au Kenya d'accroître fortement sa production d'électricité, de réduire sa consommation d'énergies fossiles, et de moins dépendre de l'hydroélectricité dont le niveau de production fluctue énormément. La géothermie a ainsi contribué à plus de la moitié de la production électrique du pays sur le mois de Décembre, avec 381,6 GWh produits sur un total de 756 GWh au niveau national.

Dans ce pays où la consommation d'électricité est faible, Olkaria permet d'alimenter l'équivalent de 500.000 foyers. Et le gouvernement kényan ne compte pas s'arrêter là, avec l'ambition d'ajouter 5.000 MW de capacités de production électrique dans les cinq prochaines années. Une révolution pour le Kenya, dont seulement 23% de la population a accès à l'électricité.

" Nous ne parviendrons pas au développement que nous voulons si nous n'accroissons pas la production d'énergie, n'en réduisons pas le coût et n'améliorons pas la stabilité de l'approvisionnement. On ne peut pas combattre la pauvreté quand il n'y a pas de courant pour alimenter l'économie et les industries qui créent les emplois et la richesse " a déclaré le président Uhuru Kenyatta.

Le président a également insisté sur l'importance d'améliorer le réseau en parallèle. Le plan gouvernemental prévoit que d'ici le 30 Avril 2015, toutes les écoles du pays soient alimentées en électricité.

Plus de 50% de l'électricité du Kenya provient de la géothermie

Les 280 MW de puissance d'Olkaria vont permettre de limiter les pénuries d'électricité que le Kenya connaît régulièrement, du fait de sécheresses et d'une diminution importante de la production hydroélectrique. L'hydroélectricité représentait jusqu'alors la grande majorité de la production électrique kényane, un choix intéressant pour son faible de coût de production mais risqué dans ce pays au climat parfois rude.

La croissance de l'offre d'électricité a également permis une chute des prix du kilowattheure d'un tiers depuis Décembre. Une bonne nouvelle pour l'économie du pays, alors que des prix élevés de l'électricité pénalisent les ménages modestes et les entreprises. Le président Kenyatta espère que la baisse du coût du kilowatt se traduira par une baisse des coûts de production et in fine une baisse du coût de la vie dans le pays.

La géothermie n'est pas seulement une source d'énergie propre et renouvelable, elle est également compétitive en matière de coûts de production. Selon les informations fournies par le gestionnaire de réseau kenyan, le coût de l'énergie primaire, une part importante du coût total du kilowattheure, est passé de 0,09 dollar par kilowattheure en Août dernier (en l'absence de géothermie) à 0,03 dollar par kilowattheure aujourd'hui grâce à Olkaria.

Les pays voisins du Kenya vont profiter de cette nouvelle production via les interconnexions de leurs réseaux. Un accord a été signé avec le Rwanda pour l'export de 30 MW de puissance, et un accord similaire a été validé avec l'Ouganda. La Tanzanie vient de lancer un appel d'offres pour la construction d'une ligne haute-tension de 510 km pour être connectée au réseau kényan.

20.000 MW de géothermie dans la Vallée du Grand Rift ?

Le programme des Nations-Unies pour l'Environnement (UNEP) considère la géothermie comme une opportunité pour les pays d'Afrique de l'Est. Grâce à la géothermie, la production d'électricité dont la région a besoin peut par exemple permettre une production agricole sous serre. Cette énergie est disponible 24 heures sur 24 localement et permet une production électrique respectueuse de l'environnement, sans émissions de CO2.

L'UNEP va soutenir la création de 500 nouveaux mégawatts d'installations géothermiques dans six pays de l'Afrique de l'Est, dont le Kenya, avec un fonds de 4,7 millions de dollars. " Notre rôle sera d'accompagner les gouvernements nationaux dans le repérage des ressources et la gestion du risque exploratoire " a déclaré le directeur de l'UNEP, Meseret Zemedkun.

L'Afrique de l'Est possède de grandes ressources en la matière, grâce à la présence d'une immense faille, la Vallée du Grand Rift. Le potentiel est estimé à 20.000 MW, dont 7.000 MW au Kenya. Le gouvernement kényan souhaite mettre en exploitation jusqu'à 5.000 MW.

L'exploitation de cette faille géothermique présente cependant des problèmes économiques et environnementaux. La Vallée du Grand Rift est un parc naturel qui attire des milliers de touristes chaque année, qui viennent observer ses espèces animales protégées. 11% du PIB du Kenya provient du tourisme. Si l'exploitation géothermique devient trop intensive, elle pourrait menacer la biodiversité, mais aussi rebuter les touristes et diminuer les recettes du secteur.

SOURCE: encyclopedie-dd.org/encyclopedie/territoires/3-1-quels-choix-energetiques/la-geothermie-en-afrique-de-l-est.html

www.lenergieenquestions.fr/le-kenya-produit-la-moitie-de-son-electricite-grace-a-la-geothermie/