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Le récit poignant d'un policier réunionnais face aux terroristes au Bataclan

  Politique, #

"Jamais je n'aurais pu imaginer une telle horreur". Encore choqué, bouleversé par ce qu'il a vu, David cherche les mots. Calmement, en prenant de grandes inspirations, il raconte à La1ère.fr. Les corps empilés, déchiquetés par les balles de kalachnikovs, le sol maculé et l'odeur du sang mêlé à celle de la poudre.

Il est un des premiers policiers à être entré au Bataclan lors du massacre. A 37 ans, le policier réunionnais, en attente de mutation depuis 15 ans, n'est pas prêt d'oublier ce vendredi 13 novembre.

La peur

"J'étais sur la route pour me rendre au travail lorsque mon coéquipier m'a téléphoné, raconte David. Il m'a dit qu'il y avait des attentats en cours et qu'il fallait faire vite. Dès cet instant, la peur est montée". En arrivant au commissariat, le policier embarque dans une voiture, direction le Bataclan.

Les blessés appelaient à l'aide

"Arrivés sur la zone, on a progressé avec mes collègues par une petite rue à l'arrière du bâtiment", explique David. "Des personnes blessées sortaient en courant, on les faisait entrer dans les halls d'immeuble pour les mettre en sécurité".


A ce moment là, David ne sait pas où sont les terroristes et ne connaît pas l'ampleur du drame. Sa mission est d'avancer vers une issue de la salle de spectacle.

"Sur le chemin, tous les blessés nous appelaient à l'aide, mais nous devions avancer", se désole le policier. "J'aurais voulu les aider, mais il fallait continuer pour aller sécuriser le Bataclan". Dans sa progression, le Réunionnais découvre plusieurs victimes au sol. Décédées de balles dans la tête. Défigurées. "A un moment donné, j'étais près d'un groupe de personnes qui secouraient un monsieur au mollet arraché. Je leur ai dit que les pompiers allaient arriver bientôt, qu'il fallait continuer à mettre la jambe du blessé en l'air. Malheureusement, je me doutais que les secours n'arriveraient pas tout de suite".

Face aux terroristes

 

Dans la petite ruelle, les détonations résonnent. Les tirs de kalachnikovs fusent encore dans la salle de spectacle. David n'est qu'à quelques mètres de l'entrée du bâtiment lorsqu'il voit apparaître deux terroristes à la fenêtre de l'étage. "J'ai très bien vu le visage de l'un d'eux. Son regard. Un jeune homme entre 20 et 30 ans, se souvient David. Ils nous ont hurlé dessus - Reculez, barrez-vous, dégagez ! - Cela a duré quelques secondes, sans échange de tir, puis ils sont retournés à l'intérieur. Moins d'une minute plus tard, il y a eu un bruit énorme. Ils venaient de se faire exploser".

De l'autre côté du Bataclan, les forces spéciales viennent d'intervenir. David et son coéquipier font alors le tour et entrent par l'entrée principale. "Il y avait des corps partout", raconte David dans un souffle de voix. "Je revois le vigile mort sur son poste de travail dans l'entrée. Devant le bar, il y avait une quinzaine de corps au sol. Plus on avançait, pire c'était".

Le policier et ses coéquipiers progressent jusqu'aux pieds de la scène de la salle, appelée la fosse.

 

"Les corps étaient partout, entassés, empilés les uns sur les autres, déchiquetés à tirs de kalachnikovs, raconte David. I l y avait une forte odeur de sang mêlée à une odeur de poudre. C'est indescriptible. L'horreur est indescriptible".


Se frayer un chemin entre les morts

Avant de recevoir l'ordre d'évacuer la salle, David est planté face à cette fosse remplie de morts. Il tourne les talons. "Je suis sortie dehors quelques minutes. Il fallait que je prenne l'air". Entre deux portes, David envoie un message à sa femme plongée dans l'inquiétude. "Elle savait où j'étais, je lui ai juste dit que j'allais bien. Sans précision".

Puis le policier retourne dans la salle. Quelques minutes plus tard, l'évacuation est lancée. "Nous marchions dans le sang dès l'entrée, décrit le policier réunionnais. Nous étions obligé de nous frayer un chemin entre les morts pour sortir les vivants. Les gens que j'évacuais fermaient les yeux et me tenaient par l'épaule pour que je les guide jusqu'à la sortie".

"Je veux rentrer chez moi"

David ne sait plus à quelle heure il a quitté les lieux. Il se souvient juste "d'avoir eu très froid". Le corps tremblant, éprouvé, abattu, il a retrouvé ses collègues pour discuter et se réchauffer au commissariat autour d'un café.

Vers 5 heures du matin, il a rassuré sa famille à La Réunion. " Après un drame comme ca, je veux juste rentrer chez moi, explique David, en attente de mutation dans son île depuis quinze ans. J'ai déjà perdu deux collègues en 2013 lors d'une course poursuite sur le périphérique parisien. Là, ça suffit. J'ai donné".

Samedi soir, après quelques heures de sommeil, encore bouleversé par ce qu'il a vu de "trop près", David a repris son poste, pour une nouvelle nuit de travail emplie des fantômes du Bataclan.



Source : www.la1ere.fr


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Raymonde
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