Devenez publicateur / Créez votre blog


 

Le wax: Comment une économie s'agrège autour du pagne

  Business, #

 

Vrombissements de moteur, klaxons bruyants, vente à la criée. C'est l'ambiance du marché Dantokpa. Dans la longue histoire des activités qui se mènent dans cet univers d'échanges, le commerce du wax. Un tissu qui prêterait à une certaine arrogance à l'égard des moins nantis, selon une certaine rumeur. Cependant, elle possède sa cour d'admirateurs et d'admiratrices qui le commercialisent, l'achètent ou le valorisent. Avec tout cet écosystème qui se crée autour de ce tissu, on se demande par simple curiosité, comment se porte l'économie du wax au Bénin?

Dans le murmure du marché, à quelques pas du commissariat de Dantokpa, un grand centre Commercial s'offre à la vue du premier venu. Là, c'est l'empire du pagne. Comme à une foire d'empoigne, les commerçants se disputent la clientèle. Un peu à l'écart, devant sa boutique, Aissata vient de quitter une cliente. Elle vend du tissu wax depuis deux ans dans le marché et se flatte d'une certaine connaissance de l'économie de ce tissu. " Le wax se vend bien ici mais cela ne veut pas dire que j'en vends chaque jour. Il arrive que je n'en vende pas du tout. Par contre, il y a de ces jours fastes où je peux m'en sortir avec 50.000 frs de bénéfice.", confie-t-elle. Par ailleurs, la clientèle fait souvent un choix en relation avec son portefeuille. " Quand je viens prendre du wax ici, c'est souvent la pièce de 33.000 francs Cfa que j'achète. Alors qu'il y a plus cher. Mais c'est ce que ma bourse me permet. ", raconte Adeline, une cliente qui faisait son entrée dans la boutique. Pour Adamou, un autre client, le wax n'a pas de prix, c'est un tissu de qualité. " Je peux prendre une pièce de wax à 45.000 francs Cfa. Je ne m'en plaindrai pas parce que je sais qu'une tenue taillée dans ce tissu peut être portée durant 10 ans et même au-delà. "

 

A deux boutiques d'Aissata, loin des éloges du wax, quelques femmes sont assises devant leur commerce. Ivres d'une oisiveté que de vaines conversations peinent à tromper. Ici, on se doute bien que la clientèle se fait rare. " Moi je faisais 1,2 à 1,5 million de ventes par semaine. Mais aujourd'hui, c'est à peine si je m'en sors avec 150 ou 200 mille francs. Ceci est dû à plusieurs facteurs comme le fonds de microfinance que le gouvernement a mis à la disposition de certaines femmes. Elles se lancent aussi dans le commerce du wax et ça se ressent sur nos bénéfices.", s'indigne Céline AIZO autre commerçante du tissu wax.

Quand le wax s'invite dans la mode

Le commerce du wax s'est peut-être démocratisé mais le tissu n'en demeure pas moins très apprécié. Il est même dans une forme éblouissante chez ceux qui ont fait de sa valorisation, une religion. Maurine Aité, dite Nana Wax, est une ¨styliste¨ béninoise qui utilise le wax comme matière première pour ses créations. "Je dispose de plusieurs modèles de tenues faites à partir du tissu wax que je commercialise au Bénin et à l'extérieur. Et je vous avoue que ça marche. L'un de mes combats, c'est d'arriver à rendre le wax accessible à tout le monde. Et je porte cette vision dans le monde, puisque j'ai ouvert des franchises un peu partout. Je vends beaucoup en ligne. Le prix moyen de mes modèles varie entre 10.000 et 30.000 FCFA".

Même si elle ne fait pas l'essentiel de son chiffre d'affaires au Bénin, Maurine pense tout de même que l'économie du wax n'est pas en crise. "Le wax se porte très bien au Bénin. La preuve, mes fournisseurs du marché Missèbo s'en sortent très bien. Ils sont de plus en plus riches. Je pense que les gens vont toujours acheter du wax ; que ce soit du haut ou du bas de gamme "

Dans un autre registre, le wax peut aussi bien prêter son élégance mythique à une marque pour enfant. Chez Emilie Zinsou, créatrice de " Ayaba ", marque de vêtements pour enfants, il n'en devient pas le composant exclusif mais le fruit d'un mix dont elle est seule à détenir la formule. " Mes vêtements sont essentiellement fabriqués avec du wax mélangé à du coton, à du velours, etc... Et comme c'est des vêtements pour enfants, il faut que cela soit confortable. L'idée c'est d'arriver à une fusion entre la mode vestimentaire africaine, européenne ou japonaise, mais en conservant le tissu que j'aime le mieux : le wax." AYABA est une marque haut de gamme .Toutefois, elle se vend bien au Bénin et à l'international, nous confie la promotrice. "Nous vendons essentiellement au Bénin. Mais nous recevons aussi des commandes du Niger, de la France ou de la Grande Bretagne ".

Le wax, une muse qui nous étreint

Par ailleurs, le wax est aussi devenu une source d'inspiration pour certains artistes. Une muse qu'Uriel Mensah ne lâche plus depuis qu'elle lui permet quelques excentricités artistiques. " Je mets du wax dans les jeans, les tee-shirts, les tapettes, les ballerines, les chaussures, les bracelets, les boucles d'oreilles etc. J'exerce sur commande. Le client apporte l'objet dans lequel il aimerait bien mettre le wax et je me charge de le customiser pour lui ". De plus, l'artiste arrive à vivre de son art et réclame déjà sa présence sur la scène internationale. "Je fais en moyenne entre 200 et 400 mille francs de bénéfice par mois. L'essentiel de ces bénéfices vient des commandes que je reçois de Dakar, de Paris et de la Turquie. "

D'un autre point de vue, artisans et acteurs du Wax sont sujets à des difficultés de divers ordres. Maurine Aité déplore la qualité de la main-d'œuvre. Emilie Zinsou s'attarde sur les livraisons à domicile qui sont difficiles à cause du défaut d'un adressage précis de la ville de Cotonou. Et Uriel Mensah déplore le manque de moyens financiers qui le maintient encore dans les ténèbres de l'anonymat. Malgré ces difficultés, ces passionnés du wax ne passent pas un jour sans le mettre dans tous ses états.



Source : ecceafrica.com


PARTAGEZ UN LIEN OU ECRIVEZ UN ARTICLE

Pas de commentaire

Pas de commentaire
 
djeni
Partagé par : djeni@Belgique
Etudiante en belgique
VOIR SON BLOG 52 SUIVRE SES PUBLICATIONS LUI ECRIRE

SES STATS

52
Publications

2108
J'aime Facebook sur ses publications

136
Commentaires sur ses publications

Devenez publicateur

Dernières Actualités

Pas d'article dans la liste.