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Léonard Wantchékon, Béninois, Economiste, professeur à Princeton et membre de l'Académie Américaine des Arts et des Sciences ...

  Société, #

Il est aujourd'hui l'un des rares africains, professeurs titulaires dans un établissement de l'Ivy League, ce groupe composé des plus vieilles et des meilleures universités des Etats-Unis. A l'université de Princeton où il dispense des cours d'économie, il est considéré comme une sommité. Son histoire est celle d'un parcours hors-norme nourri de révolte, de détermination, et constellé de titres prestigieux. Membre du corps professoral de la Woodrow Wilson School et de l'Académie Américaine des Arts et des Sciences, il est en même temps, l'une des éminences grises de la Banque mondiale où ses avis sont régulièrement requis. Il est l'un des économistes africains les plus en vue aujourd'hui, et il est béninois. Pour comprendre l'itinéraire de Léonard Wantchékon, il faut remonter le temps et se rendre à Zagnanado, dans le département du Zou, où commence l'histoire d'un enfant prodige.

C'est le village de Doga Vêdji (commune de Zagnanado), qui a vu naître Léonard Wantchékon, fils d'un cultivateur, en 1956. Dans cette localité, le jeune garçon fait son école primaire sanctionnée par le certificat d'études primaires (CEP) en 1970. Un diplôme qu'il a obtenu à quatorze ans, à une époque où il était courant de l'obtenir à dix-huit ans ou plus. Classé comme la plupart de ses camarades au collège de Covè, Léonard Wantchékon préfère reprendre la classe du cours moyen deuxième année (CM2) ailleurs plutôt que de poursuivre sa scolarité au village. En réalité, il rêve déjà à cette époque, de fréquenter les grands établissements. Aussi, renonce-t-il, envers et contre tout, à sa bourse et à son entrée en sixième pour se faire accepter difficilement - il commencera sa rentrée au second trimestre - à l'école primaire d'Ibéré à Pobè, près de la frontière avec le Nigeria, l'année suivante. Une détermination qui a marqué André Yahouédéhou, alors directeur du Collège de Covè, qui a gardé toute sa vie le souvenir de ce jeune élève qui avait tenu tête à tous et avait couru de grands risques pour satisfaire son ambition. Après avoir repassé l'entrée en sixième, il fera son collège au cours secondaire protestant (CSP) de Cotonou.

Le cours secondaire protestant et l'émergence du militant

Le CSP où ce brillant esprit décrochera son BEPC en 1975 est un terrain favorable pour le jeune homme qui fera ses premiers pas dans le militantisme et la défense des libertés dans un pays dirigé par un régime dictatorial. En effet, dans cet établissement, Wantchékon devient, en classe de première, le leader d'un mouvement de contestation ayant publié en 1976 un pamphlet contre le régime du président Mathieu Kérékou. Cette action lui vaut, à lui et à ses compagnons, d'être arrêtés, molestés et retenus pendant une quinzaine de jours.

Une fois relaxé, Wantchékon change d'établissement l'année suivante pour se faire oublier et poursuivre tranquillement ses études. Ce sera le lycée Mathieu Bouké de Parakou, un milieu moins propice au militantisme dur, qui sera le cocon dans lequel il progressera et obtiendra en 1977 son baccalauréat série C avec brio, génie oblige. De son passage dans le nord du Bénin il gardera nombre d'amitiés et une meilleure compréhension des réalités de cette partie du pays. Il se sentira désormais un béninois entier et non plus un citoyen habitant la partie sud du pays. " Mon parcours a fait de moi un Béninois complet ", se plaît-il à affirmer aujourd'hui.

De l'obscurité des années d'exclusion de l'université au pinacle états-unien

Après le passage à Parakou et la mise entre parenthèses du patriotisme militant, il retrouve son marigot à l'Université Nationale du Bénin (UNB). Inscrit à la Faculté des Sciences et Techniques (FAST), il poursuit son rêve d'enfant : finir professeur de mathématiques. Mais ses démons le reprennent et le revoici dans la peau du militant. Un amour alors proscrit qu'il paiera au prix fort. Identifié comme l'un des meneurs du soulèvement estudiantin de 1979, il sera exclu de l'Université pour une période de cinq ans. Retour en 1984 après une existence dans la clandestinité et rebelote. Il est à nouveau exclu après un soulèvement. Mais cette fois, Leonard le patriote passera par la case prison. Après 18 mois de tortures et de vexations dans les sinistres prisons de Ségbana et de Parakou, l'oiseau s'envolera loin de son pays avec ses rêves de liberté.

Pour le futur professeur de Princeton, l'exil prendra la forme de deux escales africaines (Nigéria et Côte d'Ivoire) puis il échouera au Canada, plutôt qu'en Suède, l'autre pays ayant répondu favorablement à sa demande d'asile politique.

Après être passé par l'Université Laval et l' University of British Columbia, toutes deux au Canada, il obtient son PhD en économie, en 1995, à la Northwestern University aux Etats-Unis, sous la direction de Roger Myerson (Prix Nobel d'économie en 2007). Ce parchemin en poche, la voie lui est ouverte pour une brillante carrière d'enseignant qui le conduira d'abord à Yale (1995-2001), à la New York University (2001-2011) et enfin à Princeton où il intervient depuis 2011.

Pour l'ex militant fugitif, c'est la consécration: il est au point culminant de son ascension professionnelle et devient un chercheur de renommée internationale, capable d'apporter ses compétences à son pays, qui a, entre-temps, choisi le chemin de la liberté et de la paix après une historique conférence des forces vives de la nation en 1990.

L'African School of Economics, un projet majeur

En amoureux de son Bénin natal, Leonard Wantchekon crée en 2004 l'Institut de Recherche Empirique en Economie Politique (IREEP). Loin de vouloir s'arrêter à ce seul établissement, il se lance le défi de doter le continent africain, car sa vision transcende les frontières nationales, de sa meilleure école d'économie : l'African School of Economics (ASE). Celle-ci, dit-il, s'inspire des modèles de la London School of Economics et de l'Ecole d'Economie de Toulouse. Ouverte depuis cette année académique et abritée dans des locaux provisoires en attendant d'intégrer son site propre, un gigantesque projet architectural en chantier à Akassato, (30 km de Cotonou) l'ASE offre des formations en Master en Business (MBA) et Master en Mathématiques, Economie et Statistiques (MMES). Les programmes de Master en Administration Publique (MPA) et en développement (MDS) seront disponibles en 2016. Deux programmes doctoraux (PhD en Economie et en Management) sont prévus pour être effectifs en 2018.

Cette haute école se veut un centre d'excellence appelé à dispenser des formations de très haut niveau en anglais et à faire du Bénin le pôle principal de l'émergence de l'Afrique du futur. L'objectif est de " contribuer à l'émergence de jeunes ayant le niveau de compétence requis pour développer l'Afrique ", affirme le quinquagénaire. Pour y parvenir, le fondateur de l'ASE compte faire appel aux meilleurs professeurs, tant Africains qu'Occidentaux et développer des partenariats avec les universités les plus huppées d'Amérique du Nord: Harvard, Yale, (toutes deux membres de l'Ivy League) et Princeton bien entendue. Pour Leonard Wantchekon, la vision qui porte la création de l'ASE est claire. Il s'agit, dit-il, de dispenser sur le continent des formations pour lesquelles les Africains investissent des sommes colossales en Occident et contribuer ainsi à lutter contre la " fuite des cerveaux"

"Je ne baisse pas les bras, je me bats jusqu'au bout". Quelques mots, qui, martelés avec conviction au sortir de ce retour sur son parcours, résument la recette du succès de cet universitaire à la santé fragile qui s'est engagé dans les études doctorales à trente-six ans.



Source : ecceafrica.com


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