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Les confidences d'Alicia Keys, princesse R'N'B

  Musique, #

Son parcours illustre la définition du " rêve américain ". Fille d'une Italo-Irlandaise et d'un Porto- Jamaïcain, élevée par sa mère célibataire dans le quartier alors populaire et malfamé de Hell's Kitchen, à Manhattan, la jeune chanteuse et pianiste virtuose s'est imposée à 20 ans comme la nouvelle diva de la " nu soul " (soul moderne) dès son premier album - certifié platine -, Songs in A Minor (2001).

Depuis, la star prodige accumule albums et récompenses. Avec 12 Grammy Awards (les oscars de la musique) à son actif et plus de 60 millions de disques vendus dans le monde, c'est l'une des artistes les plus primées de son temps. Autre symbole fort pour cette native de Harlem, l'un des hauts lieux légendaires de la musique noire : son duo avec Jay-Z, Empire State of Mind, est devenu l'hymne officieux de la Grosse Pomme, devant le mythique New York, New York de Liza Minnelli. Devenue emblématique d'une génération, elle s'est faite militante dans la grande tradition américaine de la charité. Depuis 2002, elle soulève des fonds pour KCA (Keep a Child Alive), une association qui vient en aide aux enfants et aux familles touchés par le sida en Afrique et en Inde.
Le jour de l'entretien, dans un studio photo parisien, on la découvre en peignoir blanc, assise à la table de maquillage. Ses yeux pétillant d'intelligence, ses pommettes saillantes de statuette africaine et son nez délicat rappellent la diva du jazz Lena Horne (une des premières chanteuses noires " intégrées " dès les années 1950) que la princesse de la soul a toujours en projet d'interpréter au cinéma.
Alicia Keys (qui était déjà enceinte au moment de l'interview) dégage une force tranquille de " vieille âme ". Elle affiche une propension généreuse à se livrer, mais se ferme un peu quand il s'agit d'évoquer la sortie top secrète de son 6e album, en collaboration avec Pharrell Williams, ou l'arrivée prochaine d'un petit frère ou d'une petite sœur pour son fils, Egypt, 4 ans. " Coming soon ! " (" C'est pour bientôt ! ") prévient-elle, comblée. En attendant le dénouement heureux de cette double maternité, Mlle K nous livre quelques clés de sa personnalité.

Madame Figaro. - D'autres stars de la musique, de Beyoncé à Lady Gaga, lancent leur propre ligne de parfums. Vous avez préféré être l'ambassadrice d'une grande maison. Comment avez-vous été choisie par les parfums Givenchy ?
Alicia Keys. - Cette idée a germé progressivement, par l'entremise de mon ami Riccardo Tisci, le directeur artistique de Givenchy. Nous nous sommes rencontrés il y a quatre ans. On s'est tout de suite compris... et apprécié. À deux reprises, nous avons collaboré pour le bal du Met Gala, à New York, et Riccardo m'a aussi dessiné une tenue de scène ahurissante pour le 10e anniversaire de la sortie de Songs in A Minor. Quand Givenchy m'a proposé d'être l'égérie de Dahlia Divin, je n'ai pas hésité. Tout l'esprit de cette maison se retrouve dans le parfum, et notamment cette idée d'une féminité affirmée mâtinée de force. Cette fragrance me parle.

Quelles odeurs associez-vous à votre enfance à Manhattan ?
Quand j'étais plus jeune, c'était la mode des huiles parfumées, riches et exotiques, qui se vendaient sur les trottoirs pour quelques dollars. Santal, rose, patchouli... J'utilise encore ces huiles, mais sous leur forme essentielle. Pour me soigner, soigner mon fils ou me détendre. Dans mon studio d'enregistrement, j'ai pour habitude de diffuser une odeur qui m'inspire. J'accorde une grande importance à l'atmosphère qu'une senteur induit. Celles de mon enfance sont liées à des souvenirs et des émotions, bien sûr : l'odeur du pain en train de cuire, du gardénia, qui me rappelle ma grand-mère, ou de l'encens que j'allume parfois et que mon mari ( le rappeur-producteur Swizz Beatz, NDLR) déteste, parce qu'il lui rappelle... l'ex-petit ami de sa mère (rires). À chaque fois, l'odorat provoque un voyage étonnant dans l'espace-temps.

Qui sont vos modèles, vos icônes de style ?
La chanteuse anglaise Sade Adu est un symbole ultime de grâce et d'élégance intemporelle. Nina Simone m'inspire aussi, depuis toujours. Elle était férocement elle-même et défiait l'opinion. On a trop tendance aujourd'hui à subir les opinions et les préjugés des autres, que ce soit notre entourage, notre compagnon, notre employeur, ou plus généralement la société ou les médias. On nous suggère une image de conformité pour être " acceptable ". C'est oppressant. Nina Simone, elle, déclarait à l'envi : " Je suis comme je suis, c'est à prendre ou à laisser. " C'est un modèle. Elle me rappelle en permanence la nécessité d'être moi !

La considération du milieu de la mode envers Alicia Keys n'est plus à prouver comme le montre cette photographie avec Anna Wintour.

Comment vivez-vous le grand écart entre vos premières photos, look treillis et baskets, et le fait de figurer depuis 2006 sur la liste Vanity Fair des personnalités les mieux habillées du monde ?
Je suis ravie d'avoir découvert une autre facette de ma personnalité grâce à la mode, mais je porte encore des treillis ! Cela fait partie de mes basiques, avec les jeans, les blousons en cuir très " edgy " et les combinaisons pantalons. D'ailleurs, celle que je porte pour cette séance photo représente parfaitement mon style masculin-féminin. Je suis amoureuse des vestes de tailleur, que je combine avec tout ! Et les chapeaux sont pour moi synonymes de mystère et d'élégance absolue. Je suis nostalgique de l'époque où les hommes et les femmes ne sortaient jamais sans couvre-chef.

Vous avez été propulsée aux sommets de la gloire à 20 ans, après avoir grandi sans père dans un quartier difficile. D'où vient cet aplomb, le naturel avec lequel vous menez votre carrière et assumez votre célébrité ?
Ma mère et ma grand-mère m'ont élevée avec de solides principes d'amour et de respect. Leurs règles d'or : " Traite les autres comme tu souhaiterais être traitée. Tiens toujours tes promesses. " Maman m'a souvent dit avoir été étonnée par ma maturité. Par exemple, elle ne comprenait pas comment j'avais pu écrire si jeune un titre comme A Woman's Worth ( extrait de son premier album, Songs in A Minor, NDLR), qui rappelle aux hommes " la juste valeur " de leur compagne, sans avoir encore rien vécu véritablement. Elle s'étonnait que je perçoive déjà ce qui se passait dans la tête d'une femme de son âge ! Quant à la célébrité, c'est une question de perception : on n'est célèbre que dans le regard des autres. Il n'y a pas de raison de s'en enorgueillir. Je trouve plus sain d'utiliser cette popularité avec sagesse, pour toucher les gens et transmettre des messages qui comptent, comme mon soutien à Keep a Child Alive. Si notre Black Ball ( un bal de charité annuel, NDLR) attire plus de monde parce que je suis connue, tant mieux : l'important est de soulever encore plus de fonds.

Votre fils, Egypt Daoud Dean, connaît les vols transatlantiques et les palaces depuis sa naissance. Votre mari et vous-même venez d'un milieu modeste. Quels principes essentiels souhaitez-vous lui transmettre ?
La gratitude, justement, qui déjoue l'arrogance. L'humilité. Mon mari et moi avons travaillé durement pour ces privilèges et nous continuons à nous battre pour les préserver. Nous lui fixons des limites, nous l'obligeons à choisir, en lui rappelant qu'il ne peut pas tout avoir. Mais, comme tous les parents, nous admirons déjà ses talents. C'est un percussionniste-né, il adore danser et bouge très bien. Et il possède déjà un sens pointu de son style vestimentaire. Il étale sa mini-garde-robe sur le sol, puis il sélectionne ce qu'il veut porter. Je sais, ça promet ! (Rires.)

Quelles sont vos activités préférées à Paris ?
Pour ce voyage de promotion ? Mon luxe ultime : dormir ! Mais, en général, j'aime déambuler dans les rues. J'ai sillonné New York dans tous les sens, je fais de même à Paris. Les passants qui m'arrêtent sont toujours courtois. Mon fils me rejoint aujourd'hui, je vais l'emmener au parc, m'arrêter à une fête foraine. Et puis dîner avec des amis parisiens. Cela me permettra de dépoussiérer mon français, appris il y a bien longtemps.

À quoi ressemblera votre nouvel album, coproduit avec Pharrell Williams ?
Girl on Fire, en 2012, affichait une tonalité positive. J'ai évolué, mûri et voulu creuser le terreau de nos expériences humaines communes. Évoquer plus d'émotions et d'indignations. Du coup, ce sera un album plus agressif, moins centré sur les mélodies. Il contient des chansons engagées, comme We Are Here, le premier single de l'album, coécrit avec Swizz Beatz. La musique reste pour moi la meilleure façon d'engager et de poursuivre un dialogue universel.


madame.lefigaro.fr


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