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Les fabuleux destins de Lupita Nyong'o et de Feddy Tesha

  People, #

L'expression "?femmes africaines?", qui a mobilisé la rédaction du Monde Afrique et ses partenaires, a-t-elle seulement un sens?? Quels noms, quels visages surgissent à l'évocation de ce vocable?? Le simple fait qu'il faille désormais préciser son pays, sa catégorie sociale ou professionnelle est le signe des progrès considérables accomplis depuis quelques décennies.

L'expression ne désigne plus seulement les femmes obligées de porter l'eau entre le puits et le village, ou le bois pour faire cuire les repas. Il y a des présidentes, des entrepreneures, des artistes, des juristes, des journalistes, des couturières - et bien sûr encore beaucoup de femmes au foyer ou aux champs.

D'une certaine manière, les femmes africaines sont devenues aussi diverses que leur continent. La preuve par un double portrait, celui d'une actrice célèbre et d'une paysanne. Deux ­façons d'être femme africaine, deux extrêmes peut-être entre lesquels existent aujourd'hui - heureusement - mille et une possibilités.

 

Commençons par l'actrice. Comment ne pas être bouleversé par Lupita Nyong'o?? Bien sûr, la Kényane de 32?ans a crevé l'écran dans son rôle de Patsey, la jeune esclave martyrisée dans la plantation de 12 Years a Slave, de Steve McQueen (2013). Pour sa première apparition au cinéma, elle a été récompensée par l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle. Elle est aussi devenue célèbre du jour au len­demain.

La route du Mexique

Née au Mexique, originaire du Kenya, suivant depuis deux ans des études d'art dramatique à l'université Yale, aux Etats-Unis, elle semblait faite pour ça?: incarner une femme universelle qui soit aussi une femme noire, à la beauté et la grâce si éclatantes qu'elles ont des vertus étonnantes, comme celle de faire renoncer de jeunes filles noires à l'usage de crèmes éclaircissantes pour la peau.

Lupita Nyong'o, qui fait remonter les ventes de Vogue quand elle apparaît en couverture, est aussi le produit d'une histoire politique particulière. Son père, Peter Anyang Nyong'o, est l'un de ces intellectuels un temps marxisants qui se sont dressés contre le régime à parti unique de l'ex-président Daniel Arap Moi.

Dans les années 1980, le Kenya est sous le coup de son pouvoir autoritaire. Peter Anyang Nyong'o est arrêté sans cesse, malmené. Pour s'éloigner, il prend, comme Trotski, la route du Mexique et y sera embauché pour créer le département d'études africaines dans une université. C'est là que naîtra sa fille, Lupita.

Au Kenya, les temps changent. Bientôt, les Nyong'o sont de retour. Peter milite pour le retour au multipartisme. Longtemps opposant, puis ministre, sans jamais renier ses valeurs morales, il est aujourd'hui sénateur du comté de Kisumu, à l'ouest du Kenya. Lupita Nyong'o est l'enfant de ce Kenya-là, ouvert sur le monde, prometteur en toutes choses.

Feddy Tesha, elle, est loin des sunlights. Lorsque l'on croise ce petit bout de femme de 59?ans dans les réunions officielles à Dar es-Salaam, dans les travées de sa ferme ou sur les routes de Tanzanie qu'elle arpente sans cesse, on se pose deux questions. D'abord?: quel est le ressort qui lui a permis de développer une des principales exploitations laitières de son pays?? Mais aussi?: à quoi ressemblerait l'Afrique si tout le monde était comme elle??

Une deuxième vache, puis d'autres, une étable, puis deux

Un jour, il y a dix-huit ans, Feddy Tesha installe une vache à l'arrière de sa maison pour mieux nourrir ses quatre enfants. Les soins qu'elle prodigue à l'animal lui font produire 10 litres de lait par jour, bien plus que la moyenne de 3 litres. Elle commence à en vendre à ses collègues fonctionnaires. Devant le succès, elle prend une deuxième vache, puis d'autres, construit une étable, puis deux.

Aujourd'hui, Feddy Tesha a 60 vaches, produisant plus de 1?000 litres par jour, et son usine de traitement du lait reçoit la production de 135 petits producteurs, en majorité des femmes. Elle est présidente de l'association laitière de Tanzanie et sa société, Profate Investment Ltd, cherche 1,2 million de dollars pour développer une coopérative laitière dans le district de Mkuranga, au sud de Dar es-Salaam, où 624 petits producteurs, des femmes massaï pour la plupart, se préparent à livrer leur lait. Elle a des chances de trouver cet argent?: les investisseurs internationaux considèrent désormais le lait comme plus sûr que le pétrole, et l'Afrique comme l'une des destinations les plus rentables de la planète.

Feddy Tesha veut transformer la filière laitière de son pays. Entre-temps, son succès a transformé la vie de ses enfants. L'aînée est laborantine dans un hôpital. La deuxième informaticienne. Le troisième fait un MBA dans une bonne école. Quant à son fils adoptif, le dernier, il a étudié la ­finance et travaille dans l' immobilier. Mais alors, qui va s'occuper des vaches?? "?Ne vous inquiétez pas, plaisante Feddy Tesha. Il y a assez de paysans en Tanzanie.?"



Source : Le Monde.fr


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