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Les marathoniens africains : un marché en or pour les agents sportifs ?

  Sport, #

" Ceinture attachée : embarqué pour New York, prêt à défendre mon titre ". Le Kényan Wilson Kipsang, vainqueur du marathon de New York 2014 (en 2 h 10 min 59 s), exprimait il y a quelques jours son enthousiasme sur Twitter, avant de s'envoler pour " Big Apple ", où il défendra son titre dimanche 1er novembre. Ancien détenteur du record du monde sur la distance reine, il fait partie des 45 Kényans de la compagnie de management d'athlètes Volare Sports, qui gère au total 52 coureurs. Dennis Kimetto, l'actuel recordman du monde (2 h 02 min 57 s) et lui aussi kényan, fait également partie de l'équipe, l'une des plus importantes du milieu.

Comme ces deux athlètes, la très grande majorité des coureurs africains font appel à des agents sportifs occidentaux pour négocier leurs participations. Ceux-ci sont 38 à être agréés par des fédérations africaines, selon l'Association internationale des fédérations d' athlétisme (IAAF), dont quatre en France, parmi les neuf agents d'athlètes reconnus par la Fédération française d'athlétisme (FFA). Ils s'occupent des têtes d'affiche, mais aussi des centaines de coureurs africains désireux de percer dans la discipline.

Basés en Europe ou sur place, ces agents sportifs occidentaux dénichent les talents dans leur pays d'origine, sur les stades. Au Kenya, les athlètes s'entraînent à Iten, à 2 400 mètres d'altitude, en Éthiopie, à Assella, plus haute de quelques centaines de mètres que sa rivale kényane. Ces conditions d'entraînement améliorent les capacités respiratoires des coureurs.

" C'est la première fois que je viens à Paris, confiait début octobre Musa Babo Ido, un Ethiopien arrivé à la 10 e place des 20 km de Paris. Je suis déjà allé aux Pays-Bas il y a quelques années, et en France aussi... Mais jamais à Paris ! " Pour son classement, Musa Babo Ido touchera 400 euros. Le vainqueur lui empochera 4 500 euros. Mais à cette somme, il faut déduire le billet d'avion, le logement et la commission de l'agent. La très grande majorité des dix premiers, tous Africains, viennent pour l'occasion en France, et repartiront après une, deux, ou trois courses vers leur pays d'origine.

Comment expliquer la présence de tant d'athlètes africains sur les courses françaises, alors que la rentabilité financière n'est souvent pas au rendez- vous ? " Ils ont certes des conditions d'entraînement particulières, mais bénéficient de l'émulation, explique Yannick Perroteau, l'un des trois agents sportifs français agréés par la fédération kényane Athletics Kenya (AK). Quand ils sortent de chez eux, leur voisin de palier est soit champion du monde, soit champion olympique... Alors tout le monde tente sa chance. " Beaucoup de ces coureurs méconnus écument les marathons français, en espérant se faire repérer et courir des courses internationales. Pour les agents français, le marché est florissant. " C'est du gagnant-gagnant, continue Yannick Perroteau. Les athlètes ont besoin de nous autant qu'on a besoin d'eux. "

La profession est régie en France par la loi, qui limite à 10 % les rétrocessions des agents sportifs sur les gains des athlètes, et n'autorise à exercer que des agents reconnus. Mais les dérives, nombreuses, entachent la profession. Les agents sportifs " pirates " se multiplient, sans qu'ils ne soient reconnus par la fédération française ou agréés par la fédération du pays d'origine des coureurs. " Nous n'avons pas de deal avec la fédération éthiopienne [pour nos coureurs éthiopiens], glisse à l'issue des 20 km de Paris un Européen travaillant dans une agence de management d'athlètes, non reconnue par la fédération française et souhaitant garder l'anonymat. Mais les fédérations africaines lâchent du lest car elles savent que c'est un moyen pour les athlètes de gagner leur vie. "

L'une de ces fédérations, la kényane AK, a jeté en avril 2015 un pavé dans la mare, en suspendant pour une durée de six mois deux des principaux agents européens, l'Italien Federico Rosa et le Néerlandais Gerard Van de Veen, l'agent derrière Volare Sports. Ils sont soupçonnés d'être impliqués dans le dopage de leurs athlètes. Ce dimanche, les coureurs de Van de Veen s'élanceront pourtant à New York, sans être inquiétés par l'interdiction kényane. L'IAAF explique au Monde que " les décisions de telle ou telle fédération de suspendre l'autorisation donnée à un ou plusieurs manageurs de représenter leurs athlètes n'empêchent pas aux manageurs en question de continuer d'exercer leur métier en dehors du pays qui a suspendu leur autorisation. "

Une suspension de façade donc, qui n'empêche en rien Gerard Van de Veen de présenter ses athlètes kényans sur les courses internationales. " Cette suspension provisoire était un problème politique, analyse pour sa part Yannick Perroteau. Les révélations de dopage entachaient la réputation du Kenya, il fallait jeter en pâture aux médias deux noms, et on a pris les plus gros. " Lui s'occupe d'une " quinzaine " d'athlètes africains, qu'il préfère parfois ne pas aligner en raison des mauvaises conditions d'accueil des organisateurs. " Sur la moindre course où il y a 150 euros, vous avez trois ou quatre Africains, reconnait-il. Pour les coureurs comme pour moi, c'est se tirer une balle dans le pied que de les faire venir dans de telles conditions ! "



Source : www.lemonde.fr


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Yasmina
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