La fin de mandat porte une des énigmes politiques de la présidentielle. A moins d'un an de l'échéance, le candidat des Forces Cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe) reste encore à découvrir. Boni Yayi évolue à son rythme et tarde à jouer la précieuse carte du dauphin. La stratégie du Président sortant, fait planer le mystère sur son choix politique. Et la grande famille des Verts vit dans l'attente de la fin du suspense.

Le peuple béninois sera appelé dans les urnes le 28 février 2016 pour l'élection d'un nouveau président de la République. Mais à moins de 10 mois avant cette échéance, l'on ne connait le dauphin de l'actuel locataire du palais de la Marina. En effet, le slogan " après nous, c'est nous " des Fcbe n'a toujours pas une réponse politique concrète du leader de cette alliance ambitieuse.

La formule reste inachevée, faute d'une légitimation. Devant la bousculade de candidats déclarés et la montée en puissance de potentiels présidentiables, Boni Yayi ne semble pas presser de délibérer et de fixer sa troupe sur l'identité du nouveau porte-flambeau de l'écurie cauris. Cette indécision laisse flamber les spéculations et inaugure une circulation fluide de noms de possibles dauphins.

Difficulté de trancher ou stratégie politique ? L'attitude du Chef de l'Etat en fin de mandat, fait pleuvoir sur lui des préjugés sur une impréparation dans le délicat exercice de règlement de sa propre succession. Trop enclin à greffer son propre avenir politique sur le souffle d'un improbable 3 ^ème mandat, le Président longtemps absorbé par la révision de la Constitution n'a pu vite dégager la petite fenêtre pour le dauphin.

Avec les législatives compliquées et le rêve brisé de 50 députés combinés à la perte du perchoir, le locataire de la Marina, leader charismatique des Fcbe, s'est finalement rendu à l'évidence que l'utopisme de son projet politique implique l'érosion de ses intentions mal masquées. Sortie, non sans séquelles, des secousses fratricides lors de l'élection du bureau de l'Assemblée Nationale et des affaires de traitres, de Judas, les Fcbe gèrent un calme précaire et il serait suicidaire pour Boni Yayi d'officialiser le parrainage d'une candidature pour la présidentielle.

Un dauphin désigné dans ce contexte fragile pourrait ranimer les querelles de leadership et faire exploser le bloc cauris. En marchant sur des œufs au point de se liquéfier dans les atermoiements, le Chef de l'Etat crée un vide aux Fcbe qui, sans un candidat déclaré, se projette vers 2016 avec le doute et le manque de repère. Politiquement, le Président prend un gros risque en misant sur un éventuel joker de luxe pour mobiliser et souder les Forces Cauris Pour un Bénin Emergent dans la fièvre de campagne présidentielle. Le temps joue contre le pouvoir des Verts.

La tactique utilisée pour ne pas surfer sur le charisme d'un dauphin et jouer les manettes de la notoriété d'un candidat Fcbe déclaré, met le probable poulain de la mouvance à l'abri des attaques massives de l'opposition. Sans une cible officielle, les candidats à l'alternance, courent le risquent d'explorer de fausses pistes. Engagé dans toutes les batailles politiques des Fcbe, Boni Yayi dans la chaude dynamique du " après nous, c'est nous ", ne peut continuer à se dérober au devoir politique de passation de relais à un candidat connu et pas condamné à se morfondre dans l'ombre du leader.

Des noms circulent dans le couvent des Cauris et la sphère du yayisme. Mais contraints à porter les masques, tous attendent la bénédiction du mentor en fin de règne pour se libérer et se jeter à l'eau. Il n'y aura finalement qu'un seul candidat pour les Fcbe. Et l'oiseau du chef portera sur ses épaules les espoirs d'un régime qui aura dirigé le pays pendant dix ans. Seul le visage de cet oiseau tient l'énigme.