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L'image prend la parole

  Société, #

En quoi la nature de l'image que l'on reflète est-elle importante ?



L'image positive du peuple auquel on appartient donne des ailes à celui qui se croyait incapable de voler et qui de ce fait, ne planifiait aucun voyage loin de ses terres. L'image négative le cloisonne derrière des frontières qu'il croit infranchissables et indigne de franchir. En gros, si tu appartiens à une tribu de guerriers qui fait et gagne toutes les guerres, tu te sentiras destiné à être un guerrier et n'éprouveras aucune crainte à te lancer au combat. Mais si tu descends d'une lignée de captifs, tu sentiras que la victoire n'est pas faite pour vous, tu te résigneras et n'entreprendras rien pour que les choses changent.


L'image est la carte d'identité qui donne un nom au sein de cette société ou qui déclare sans papier, invisible. Elle crée une réputation lumineuse à qui elle veut, peu importe la valeur de la personne et assassine qui elle veut. C'est avec l'image véhiculée par les médias que les politiciens anesthésient la réflexion de la population. Plus besoin de discours pour orienter et influencer les choix de la masse. Des images qui parlent en silence, mais avec une indomptable éloquence. La propagande est l'arme la plus efficace pour faire plier ses adversaires ou asservir en douceur ses clients potentiels, ses futurs sujets, serviteurs, esclaves...

L'image virtuelle se concrétise en message réel qui évolue vers un point de vue parfois irrationnel et une action potentielle. Cette image que je formule est à l'origine des clichés, des préjugés, du racisme, de la discrimination raciale à l'embauche, à la location de logement. Elle entre également en ligne de compte pour composer les relations sociales et placer des barrières entre les ethnies différentes. Combien de noir(es)s se font refouler à l'entrée de soirées car notre image ne répond pas aux critères de sélection de leur public et influerait négativement sur leur réputation.
Un point de vue irrationnel, fondé sur aucune preuve, comme celui qui condamne le noir à ce qu'il y a de mauvais et d'inférieur. Notre regard a tant et tant été conditionné dans la vision de noirs avilis que nous-mêmes, noir que nous sommes, l'avons assimilé à la vérité. Les conséquences engendrées par ce lot d'inepties poussent certains d'entre nous à détester leur image, à se blanchir la peau ou à le désirer fortement. Lorsque l'un d'entre nous est à l'origine d'un comportement, d'une initiative nobles ou d'une entreprise qui génère des bénéfices, on souligne une réussite " individuelle ". En revanche, lorsque l'un d'entre nous commet un acte répréhensible, ce sont TOUS les noirs qui sont concernés, sans distinction. " Encore un noir, toujours les mêmes, le noir est vraiment mauvais ". Ce genre de commentaires sortis tout droit de la bouche d'hommes et de femmes noirs n'ont plus rien de surprenant. C'est cette image qui est incrustée dans leur cerveau qui prend la parole.


A qui donc profitent réellement ce genre de films ?



Celui qui souhaite sincèrement utiliser sa caméra pour motiver un jeune noir à s'affranchir de son matricule social péjoratif, doit utiliser la méthodologie qui a fait ses preuves depuis la nuit des temps : la propagande. Poser une pile de livres sur la tête d'un jeune à la dérive en lui ressassant qu'ils représentent son avenir est comme, perdu d'avance. Quant aux films s'achevant sur une morale, un message positif ayant pour but de leur dire " toi aussi, tu peux t'en sortir ", ils n'ont pas plus d'impact, voir même, de mérite. Exploiter le cas d'un garçon qui sort du ghetto et prend son avenir en main par le biais des études pourra même être perçu comme une utopie : " ouais mais lui, c'est une exception. Y en a plein dans les quartiers qui ont des diplômes et ils sont au chômage. Ca sert à rien de faire des études ". De nombreuses scènes se déroulent encore et toujours au sein du ghetto et s'incrustent dans un cerveau, une fois de plus, d'où elles sont difficiles à déloger. L'image, c'est l'image qui prend la parole. Si elle est positive, les traces laissées dans le cerveau seront positives. Si elle est négative, vous avez déjà compris...

Depuis toujours, les productions les plus populaires libèrent des discours démotivants. Elles inculquent à ce public que les conditions de vie qui constituent leur présent est un avant-goût d'un futur auquel ils ne peuvent échapper. Une pauvreté qu'ils exigent héréditaire.


Le résultat positif qui découle des études et d'une vie respectant des valeurs doit directement être exposé et aurait peut-être plus d'impact. L'action des films devrait se tourner dans des univers ou la réussite (familiale, sentimentale, sociale, universitaire, professionnelle...) est un point commun aux personnages noirs, une normalité, non plus une exception qui n'existe " que dans les films ". L'image devrait directement refléter ce qu'ils convoitent avec fureur : grosses voitures, villas, sape de marque...et les cerner de toute part. A force de voir des noirs heureux et valorisés dans leur quotidien, ils diraient de leur propre chef : " Je veux la même vie. C'est grâce à ses diplômes qu'il a tout ça ? Ben moi aussi j'vais taffer dur comme lui pour réussir. J'veux fonder une famille, être un bon père, prendre soin de mes parents. J'veux pas aller en prison. C'est possible. ".

Les rappeurs ont-ils besoin d'inclure dans leurs lyrics " devient rappeur comme moi, et tu auras tout ce que j'ai " ? Ils étalent leurs biens dans leurs clips qui passent en boucle dans les cerveaux dépourvus d'anti-virus des jeunes. Ces derniers intègrent les messages dans leur data center et les transmettent autour d'eux.

Une proposition différente de l'accessibilité à une réussite et du rapport volontaire avec les études pourrait être contagieuse et créer une émulation au sein de tous ces jeunes. Le statut de galérien ne serait plus toléré dès lors qu'il rimerait avec " tu ne vaux rien". A débattre...


Une visibilité négative attitrée
" Act like a lady, Think like a man " film rassemblant de beaux et belles Afro-Américains ayant un fort pouvoir d'achat, une situation confortable et surtout IN LOVE ! ( quand on tente par tous les moyens de nous faire croire que deux noirs qui s'aiment relève de la légende), a fait un carton au box-office Américain, mais n'a pas été diffusé en France. Ce film représentait une menace. Mais la raison évoquée a été justifié commercialement parlant. " La population française ne se reconnaîtrait pas dans ce film. " Ce qui doit être traduit en réalité par : " nous ne voulons pas que les noirs de France puissent un jour se reconnaître dans ces personnages. Nous ne voulons pas que ce film leur communique le désir de s'identifier à ces Afro-Américains et leur communique la motivation et la détermination à se battre pour atteindre cette réussite. Nous ne voulons pas qu'ils pensent que cette vie leur est accessible, réalisable et qu'ils existent, qu'ils soient positivement visibles en France. " Voici ce qu'il faut comprendre. En revanche, La France applaudit à tout rompre : " 12 years a slave " qui nous rappelle que nous sommes des fils d'esclaves, sautant à pieds joints sur le statut " d'homme " dont elle a dépouillé nos frères. Qui se reconnaît dans " 12 years a slave " ?
Elle déroule le tapis rouge pour : " Bandes de filles " chef d'œuvre qui nous cloître dans des situations de bas étages qui repoussent l'ambition de gravir les marches du succès économique et social. Au moment de sa sortie, il était absolument impossible de louper les affiches placardées sur tous les espaces publicitaires des stations de métro, les arrêts de bus, vantant la vie d'adolescentes en plein cœur d'une cité qui constitue notre paysage quotidien. Ca intéresse qui franchement ? A côté de cela, les affiches pour le film " Selma " se sont faites très discrètes...
Toute représentation susceptible de nuire à notre image est surmédiatisée. Tandis que nos succès et nos événements culturels pouvant générer des prises de conscience sont étouffés et ne bénéficient d'aucune visibilité.


Une visibilité négative consentie ?
Lorsque des noirs occupent l'espace public, les médias, c'est généralement pour des causes qui nous desservent : le dépistage du HIV, lutte contre la lèpre, les ravages d'ébola, dons pour le " tiers-monde ", violences sexuelles faites aux femmes, agences d'aide à domicile qui proposent des repasseuses, nourrices mais dont on ne verra jamais les têtes pour l'accompagnement scolaire ! Si la France a pour dessein de nous maintenir la tête sous l'eau, qui nous empêche de couler son projet et de voguer vers des eaux plus douces ? Qui nous contraint à endosser les rôles de mauvaises filles ou de mauvais garçons ? Qui nous contraint à être les porte-parole de causes qui nous rabaissent et nous rendent responsables de tous les maux ? Qui nous contraint à refléter publiquement cette image qui nous salie ?

La véritable question est peut-être de savoir si les Afropéens (dois-je employer ce terme ?) et les noirs vivant en France ont envie de camper d'autres rôles dans les médias tout comme dans la vie quotidienne que ceux dans lesquels le gouvernement et l'élite des industriels veut les voir ? A quoi rêvons-nous ? Quels sont nos objectifs ? A quelle réussite les noirs de France aspirent-ils ? Comptent-ils inlassablement faire du copié-collé des Afro-Américains dont l'histoire diffère de la nôtre et ne peut qu'entraîner des priorités et des outils différents ? Comptent-ils toujours juger leurs semblables selon les normes édictées par les Afro-Américains ?

Une visibilité consentie qui s'approche même de la soumission. Etablissons un parallèle entre les photos de Coretta Scott King, de Tommie Smith et John Carlos avec ce tableau rassemblant des affiches de films de notre époque. En noir et blanc, le cliché d'une digne femme noire forte, déterminée à exprimer sa révolte et son insoumission face à l'injustice qui frappe ses frères et sœurs de plein fouet. A l'opposé, en couleur, une bande de filles noires et une slameuse asservies de leur plein gré à ce même système injuste qui n'a pas bougé d'un iota son objectif, seulement subtilisé sa méthode. Les portes du succès leurs ont été grandes ouvertes, du moins pour les premières. Soumises en quoi ? Elles ont accepté fièrement d'incarner des rôles où les noirs sont attendus, comme ils sont attendus. Comparons Tommie Smith, John Carlos à Dr Dré et ses acolytes. L'unité et la détermination des premiers à oeuvrer pour la justice et le bonheur de leur peuple force l'admiration. C'est une photo qui renvoie de la fierté à être noir. De l'autre côté, Dr Dré et les siens, déterminés eux aussi, mais à conquérir toutes les scènes...


Une visibilité négative irréversible ?
" Vouloir, c'est pouvoir ". Mais pour vouloir, il faut savoir. Savoir ce dont on a besoin, ce qui nous ressemble, nous inspire, quel but atteindre etc...Là encore se pose les mêmes questions : " A quoi rêvons-nous ? Quels sont nos objectifs ? "
Posons un regard sur la ville de Harlem, le fief des Afro-Américains. Que dis-je ? Le ghetto des Afro-Américains et des dealers ! Rien qu'à l'écoute de ce nom, un blanc bégaie. " Oui, mais ça, c'était avant ". Aujourd'hui, Harlem compte parmi les quartiers les plus dynamiques et fashion de New-York. En 2001, Bill Clinton y a même installé ses bureaux. Cela dit, ne nous trompons pas de sujet. Lorsque l'on sait que les prix de l'immobilier ne cessent de grimper dans ce quartier, au détriment des classes sociales les plus modestes qui en sont chassées, la présence de l'oncle Bill à Harlem, c'est bel et bien un autre sujet...Ce que je veux faire ressortir, c'est qu'une visibilité négative est réversible, si Dieu le veut.


La réussite, quel que soit le domaine, est un mélange d'efforts et de destin qui se rejoignent. A nous donc de déployer ces efforts et d'invoquer Dieu pour qu'Il les couronne de succès. A nous de puiser tout le bien qu'il y a en nous et d'en irradier notre quotidien et celui des autres.

Source : www.femmesnoiresamoureuses.com


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