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MaameYaa Boafo, la diva de la websérie " An African City "

  Culture & Loisirs, #

 

" I am soooo sorry ! Je suis désolée ! " Il est 15 h 40 passé, et MaameYaa Boafo (prononcer " Mah Mih Yah Bwafoh ") a plus d'une demi-heure de retard. Combinaison à fermeture Eclair bleu électrique, lunettes de soleil rondes cerclées de gris, cheveux courts et afro, l'actrice ghanéenne, vedette de la websérie An African City, pousse la porte du coffee-shop, déboulant de la rue d'Harlem. A la main, une valise beige à roulette, format cabine, qu'elle range vite sous la table. Ses grands yeux tourbillonnent dans la pièce. " Regardez, l'Afrique est là, partout autour de nous ", rit-t-elle, en pointant les motifs colorés type boubou d'un mug posé sur le comptoir.

MaameYa Boafo vient à peine de s'asseoir, mais elle ne tient plus en place. Elle semble déjà à la recherche du prochain avion. Les épisodes d' An African City, diffusés sur YouTube depuis mars 2014, ont tous plus de 100 000 vues. La star de la série aime faire la mystérieuse. Quand est-elle née ? " On ne demande pas son âge à une actrice ", objecte MaameYa Boafo.

L'actrice n'est pas née au Ghana, mais au Soudan où son père travaille à l'UNHCR, l'Agence des Nations unies pour les réfugiés. " On a habité au Soudan, en Ethiopie, à Genève, et enfin au Kenya ", indique-t-elle. Afropolitaine, MaameYaa Boafo ? " Je préfère dire "enfant de la troisième culture", souligne la jeune actrice. Les Afropolitains, pour moi, ce sont juste des Africains qui ont un mode de vie métropolitain, et qui peuvent vivre en Afrique, ou en dehors de l'Afrique. "

En 2001, après le lycée, elle part pour les Etats-Unis, pour des études de français et de communication, avant de s'initier au jeu d'acteur à la prestigieuse Rutgers University (New Jersey). Au détour d'un semestre, elle fait un échange à l'université March-Bloch de Strasbourg. Mais c'est à New York, via un groupe Facebook qu'elle découvre An African City. Elle se présente aux auditions et décroche le premier rôle.

" Montrer l'Afrique du portable et du Wifi "

La websérie retrace le parcours de cinq femmes, retournant habiter à Accra après avoir grandi à l'étranger la majeure partie de leur vie. Les " Black Diamonds " sont belles, riches, diplômées, décomplexées. Leurs dialogues dans les cafés et les restaurants chics de la capitale ghanéenne sont inspirés de la série newyorkaise Sex in the City. " On voulait montrer autre chose que l'Afrique des pauvres. On voulait montrer l'Afrique vivante, dynamique, celle des portables et du Wifi ", explique MaameYa Boafo.

Mais les jeunes femmes se heurtent à un pays où elles n'ont que peu vécu. Au Ghana, point de Starbucks (un drame pour ces fraîches débarquées des Etats-Unis), les parents forcent leurs filles à se faire lisser les cheveux ; être végétarienne est un parcours du combattant ; il est très impoli de se servir de la main gauche ; dans la société traditionnelle ghanéenne, se faire traiter de " fat ", " grosse ", est en fait un compliment.

Mais la série dépasse vite l'anecdote. D'épisode en épisode, elle se fait caisse de résonance des contradictions de l'envol africain. " Je n'ai qu'une priorité : le travail. Pas d'amour, juste des contrats, des gros contrats avec le gouvernement ", assène dès le premier épisode NanaYaa, le personnage interprété par MaameYa Boafo. Mais, à Accra, le prix du logement a explosé, et les cinq amies doivent s'en remettre aux bons soins d'un sugar daddy, s'accommoder de la corruption et des pots-de-vin. Dans le Ghana d' An African City, les jeunes femmes subissent aussi le sexisme. Leur sexualité assumée et leur indépendance non négociable (l'une d'elle est divorcée) leur valent l'opprobre des hommes et de leur famille.

 

" C'est beaucoup plus politique que Sex in the City, insiste pourtant MaameYa Boafo. J'ai reçu des messages de femmes du Ghana, mais aussi du Rwanda ou du Nigeria, nous remerciant d'avoir enfin parlé du sort des femmes en Afrique. " " Mais on nous a aussi dit que les cinq femmes sont des "happy few", des riches, très éloignées des préoccupations du peuple ".

Des références ghanénnes

Les références de MaameYa Boafo sont ghanéennes (Marcel Desailly - elle adore le foot - ou Kofi Annan) ; le Ghana où elle n'a jamais vécu reste pourtant " [son] pays ", Kumasi, la ville de ses parents, sa " hometown " et la langue twi, qu'elle parle parfaitement, " [son] dialecte ". Même si elle confie qu'à Accra, on la prend toujours pour " une New-Yorkaise, une Américaine ".

Ses préoccupations politiques sont de plus en plus afro-américaines. La mort de Freddie Gray à Baltimore ( " une horrible régression ") l'a bouleversée. Elle en a fait une vidéo, As Nina, référence à Nina Simone, à qui elle ressemble beaucoup. Au festival de cinéma de San Francisco, dont elle revient, la jeune femme a présenté Bus Nut, un film expérimental, où elle lit des paroles du procès de Rosa Park, poursuivie pour avoir refusé de céder sa place à un blanc dans un bus de la ségrégation, à Montgomery, il y a 60 ans.

La deuxième saison de An African City est lancée. Les épisodes y seront plus longs (trente minutes, au lieu de quinze), les problématiques plus étayées. " J'aimerais qu'on aborde, comme la corruption dans le foot ghanéen, les coupures d'électricité, Ebola. J'aimerais qu'on parle de la néocolonisation des Chinois qui rachètent tout en Afrique ", lance l'actrice, qui ajoute : " On a le script, on part le 31 mai ! " La valise beige ne restera pas immobile longtemps.



Source : www.lemonde.fr


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