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Mémorial ACTe, le plus ambitieux lieu de mémoire jamais dédié à l'esclavage

  Politique, #, #10

 

A Pointe-à-Pitre, le Mémorial ACTe sera inauguré le 10 mai par François Hollande. (Aeroworx)

Le site abrita, plus d'un siècle durant, l'usine sucrière Darboussier, fermée en 1980 puis démolie, à l'exception de sa seule annexe administrative, une bâtisse jaunie de style colonial, où furent réglées les payes de générations d'ouvriers locaux. Connu de tous les Antillais pour avoir englouti des quantités de tiges de canne à sucre en plein centre de Pointe-à-Pitre, à deux pas de la préfecture, ce phare industriel de l'île de la Guadeloupe cède aujourd'hui sa place à un imposant bâtiment moderniste tout juste sorti de terre, long de 240 m et fort de 7.124 m², dont 2.500 m2 dédiés aux expositions mémorielles et artistiques. Le "centre Beaubourg" de l'île? La formule circule.

Il s'agit du flambant Mémorial ACTe, le centre caribéen d'expressions et de mémoire de la traite et de l'esclavage*, projet porté par la Région Guadeloupe tout au long des années 2000. Érigée en bord de mer à la façon d'un navire, sa façade altière, toute minérale, rappelle celle du récent MuCem, à Marseille ( musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée). Elle donne à voir des entrelacs d'acier argenté, recouvrant un granit noir serti d'éclats de quartz. "Et regardez bien : ils scintillent sous l'effet du soleil mais aussi la nuit", s'enthousiasme l'architecte Pascal Berthelot, mandataire passionné de cet ouvrage sans précédent aux Antilles, pensé "en termes de noblesse, d'âme et de résonance, en hommage aux millions d'ancêtres victimes de la traite négrière".

Connaissance, échange, recueillement

Il l'admet volontiers, à défaut de prétendre à l'appellation de musée, contraignante en termes de fonctionnement, ce mémorial ne lésine pas sur les symboles. "Oui, il y a beaucoup de métaphores et d'images. Une chose est sûre, nous avons évité l'effet place d'Armes, si courant aux Caraïbes. Ici, on ne réunit pas des soldats mais des citoyens autour de la connaissance et du passé." Au cœur de l'édifice, Berthelot a lui-même signé une sculpture en forme de "poto mitan", un poteau d'acier monumental faisant écho au vaudou antillais, nommé arbre de vie.

 

 

 

 

 

("Peuples d'Afrique", lithographie (1890) (Hélène Valenzuela))

La visite se déploie sur trois pôles. Celui de "la connaissance", en cours d'installation, abritera une exposition permanente forte de 500 objets patrimoniaux et de 25 œuvres contemporaines. "De Spartacus à Malcolm X", indique le directeur scientifique Thierry L'Étang, cette collection recèle aussi bien des fouets et des entraves, témoins de la sordide histoire, que des œuvres actuelles dédiées aux "aliénations contemporaines" ou au mouvement rasta. On y verra aussi des icônes religieuses Renaissance, des masques et des parures d'Indiens arawaks et kalinagos, des perles de verre de grande valeur au temps de la traite, de très rares manuscrits du dominicain espagnol défenseur des Indiens Bartolomé de Las Casas, etc. Un centre de ressources et un autre dédié aux recherches généalogiques complètent le dispositif.

 

"En hommage aux millions de victimes de la traite négrière"

Le pôle de "l'échange et de la diffusion" dispose d'une immense salle d'expo et d'une autre modulable prévue pour 250 spectateurs qui va accueillir le Festival caribéen de l'image, une biennale dont la première édition est coordonnée par le photographe Jean-François Manicom. Sa mission sera de dévoiler le monde vu par les artistes caribéens au sens large, diaspora comprise. Il y a, enfin, le pôle "du recueillement", un jardin suspendu sur un monticule envahi de verdure, jadis dénommé le morne Darboussier et devenu le morne Mémoire. On y accède par une passerelle piétonne gracieuse, élancée à 11 m du sol et sur plus de 250 m de long.

 

 

 

 

 

("Chaine d'esclaves en provenance de l'intérieur , illustration (1817) (Hélène Valenzuela))

De là, côté mer, on voit Jarry, le port industriel, autre symbole. À l'arrière, côté terre, apparaît Carénage, quartier populaire historique de Pointe-à-Pitre, peuplé de cases traditionnelles en bois et tôle dégringolant vers le bord de mer, les unes joliment entretenues, les autres rapiécées ou quasi effondrées. Elles appartiennent à de petits pêcheurs, dockers, restos ou bistrots de bric et de broc. Sans oublier le gang des prostituées dominicaines, bien connu de toute l'île. Un charme plus canaille que bien-pensant mais authentique, emblématique, lui aussi, d'une riche et complexe histoire.

 

* Le Mémorial ACTe ouvrira ses portes au public le 7 juillet.
Une première ouverture gratuite est prévue les 27 et 28 mai, lors de la commémoration de l'abolition de l'esclavage aux Antilles.

 

Source : www.lejdd.fr


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elsa
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