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MoonLook, à la rencontre de la mode Africaine

  Business, #

Aujourd'hui nous interviewons Nelly, fondatrice de MoonLook. Elle nous raconte comment elle a commencé cette magnifique aventure, faite de rencontres et de voyages en Afrique et pourquoi la boutique éphémère complète à merveille la market place MoonLook sur internet. Découvrez le site web à la fin de cet article !

HopShop - Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Nelly Wandji - Je m'appele Nelly et je suis fondatrice de MoonLook. MoonLook est une place de marché dédiée à la créativité africaine. Notre objectif est de valoriser le savoir-faire africain dans une modernité qui est la nôtre qui est celle de la ville de Paris où toute l'équipe vit.

Nous avons une âme très cosmopolite et on voyage beaucoup, on est entre plusieurs pays, entre l'Europe et l'Afrique. On a une vision qui est assez différente des clichés habituels sur l'Afrique et c'est ce qu'on aimerait transcrire par notre offre. Dans l'équipe nous avons des coups de cœur pour des créateurs et on aimerait pouvoir les partager avec un maximum de personnes !

HopShop - Qu'est-ce qui vous a poussé à monter MoonLook ?

Nelly Wandji - Mon expérience est basée sur l'univers de la distribution. J'ai fait une école de commerce classique et ensuite je suis directement rentré chez Swatch Group Retail, un groupe qui distribue plusieurs marques. Dans le département retail je me suis occupée de l'ouverture de plusieurs points de vente spécialisés dans l'horlogerie.

J'ai fait un MBA en commerce international avec un complément marketing et management du luxe et je suis plus sensible à l'univers des marques qu'au mass market.

Depuis quelques années je m'intéresse de plus en plus à l'Afrique. Au cours de mes différents voyages je me suis rendue compte qu'il y avait là-bas beaucoup de marques qui émergeaient, qui étaient visibles dans les médias internationaux mais qui n'avaient toujours pas de distribution.

HopShop - Donc l'opportunité était là pour MoonLook ?

Nelly Wandji - Oui j'ai identifié cette opportunité dans la distribution. J'étais aussi arrivée à un point où personnellement j'étais prête à prendre un peu plus de risques professionnellement et je me suis dit : " allez, pourquoi pas ? ". Je me suis donnée deux ans pour pouvoir développer cette activité. J'avais déjà des marques que je portais parce que j'étais en contact avec ces créateurs. J'envoyais des mails pour recevoir les produits et c'était toujours très long (rires) !

C'était épuisant et j'étais convaincue que je n'étais pas la seule à leur envoyer des mails pour savoir comment faire pour acheter des pièces ! Alors j'ai fait une petite étude comme ça dans mon entourage. Il y avait plusieurs jeunes filles et plusieurs jeunes garçons qui achetaient en Afrique mais c'était toujours trop compliqué. Il fallait faire venir tous les produits par des amis qui voyageaient et je me suis dit : " mais on ne peut pas continuer comme ça ! " (rires).

Donc on a fait un test, on a lancé des pages sur les réseaux sociaux. Au fur et à mesure on a créé une communauté. Quand on a lancé le site en mai dernier on a eu un super accueil.

L'idée est donc venue du fait qu'il y a beaucoup de marques qui émergent en Afrique. En plus ce sont de très bonnes manufactures qui sont offertes à des prix corrects sans les coûts marketing qui font que aujourd'hui les grandes marques connues sont hors de prix.

HopShop - On paye le marketing ?

Nelly Wandji - Oui on paye le marketing, on paye le pas de porte, on paye l'adresse.

Les marques avec lesquelles MoonLook travaille font de très belles choses mais elles ne sont pas visibles, elles ne sont pas distribuées. On les voit de temps en temps quand il y a une fashion week africaine on quand il y a des choses à Rome, " Vogue Talent Night " des choses comme ça. Mais après, au long de l'année on ne les voit plus.

C'est parce que leur marketing n'est pas au goût du jour. En terme de communication (qu'elle soit 2.0 ou pas) elles ne sont pas non plus toujours très présentes. Je me suis dit que MoonLook pourrait être un renfort, une plateforme, un endroit de mise en relation entre le client qui désire le produit et la marque (ou le commerçant qui ne sait pas forcément comment vendre).

En animant un peu tout ça, avec un peu plus de dynamisme, on toucherait une clientèle qui est arrivée à un point où elle assume de porter des choses différentes. En effet pour certaines personnes porter quelque chose qui ne ressemble pas à ce qu'on a vu sur le dernier défilé ça veut dire se sentir marginalisé (rires) ! Il y a d'autres personnes qui ont un peu plus de maturité et qui aimeraient justement ne pas ressembler à tout le monde, qui cherchent justement ces pièces uniques ou des pièces de bonne manufacture à un prix correct.

HopShop - Votre job c'est d'agréger ces créateurs et de leur donner une visibilité ?

Nelly Wandji - Oui ! Eux sont déjà occupés à faire la création. Le marketing ce n'est pas leur boulot et ils ne savent pas forcément faire. Ce sont de très très bons créateurs mais ils ne sont pas du tout businessmen.

Il y en a beaucoup qui ont du mal à commercialiser leurs produits, ils ont du mal à mettre un prix sur leur produits, ils seraient presque prêts à les donner ! C'est pour ça qu'on a une activité en amont qui s'appelle MoonLook " coaching ". On leur apprend à comprendre le client. On leur explique qu'on fabrique parce qu'on veut que nos vêtements soient portés ! Dans cette phase en amont nous les aidons à choisir les bonnes couleurs, à ne pas aller sur des sélections beaucoup trop extravagantes qui seraient plus difficiles à mélanger avec un style quotidien très urbain.

On les accompagne aussi dans l'identification des prestataires qui peuvent les aider à passer à la série. Notre rêve ce serait de pouvoir leur proposer des unités de production basées localement où ils sont. On ne va pas les emmener en Indonésie car ce serait beaucoup trop compliqué à gérer !

On peut leur donner un vrai brand manager parce qu'une marque c'est ça. Il faut faire le brand management tous les jours et ça c'est quelque chose que les créateurs ne savent pas faire, donc on leur apporte avec la petite équipe qu'on a aujourd'hui et les ressources dont on dispose.

Maintenant au-delà du coaching et de l'accompagnement on a le retail. Le retail c'est la face visible de l'iceberg où on peut présenter ce sur quoi on travaille depuis un bout de temps avec les différents créateurs et permettre au grand public de pouvoir toucher apprécier essayer et finalement être convaincu et ramener chez soi, d'où la boutique éphémère.

HopShop - Qu'est-ce qui te plaît le plus dans ton travail ?

Nelly Wandji - Ce qui me passionne le plus c'est cette capacité à accompagner les créateurs et à être l'ambassadeur de leur savoir faire. Il y a des gens qui font des choses " vraies " encore aujourd'hui, tout le monde n'utilise pas du coton mélangé à du polyester, on a des pièces qui sont bien vérifiées et qui sont faites main et on appelle pas ça forcément du luxe ! Finalement le luxe pour nous c'est d'offrir de très très belles manufactures à un public plus large.

HopShop - Quel est le meilleur conseil qu'on vous ait donné ?

Nelly Wandji - Le meilleur conseil que je retiens toujours c'est de rester authentique. Quoi qu'il arrive on ne peut pas mentir trop longtemps donc c'est mieux de ne pas mentir tout court. Surtout quand on parle de marques et de créativité il faut rester authentique il faut rester vrai. Il faut rester proche de ce qui est essentiel.

HopShop - Quel sont vos projets dans les mois à venir ?

Nelly Wandji - Sur le début de l'année prochaine j'irai de nouveau en Afrique, d'abord pour du sourcing et aussi pour des partenariats possibles. Pour trouver des unités de fabrication comme je disais tout à l'heure, voir si il y a des joint ventures possibles qui pourraient accompagner les créateurs qui sont sous la houlette de MoonLook afin d'aller un peu plus sur de la série. Si à terme notre offre est très demandée il va falloir assurer en terme de mise à disposition des pièces pour nos clients.

On aimerait aussi pouvoir rapidement représenter un popup store aux clients parce qu'on a eu beaucoup de demande ! Quand on a lancé l'activité on était surtout présents sur internet mais là le popup store a volé la vedette à la boutique en ligne !

Notre base de fans sur les réseaux sociaux est très parisienne et cela a drainé beaucoup de trafic vers la boutique physique. Les personnes qui nous suivent depuis longtemps étaient ravies qu'on ait une boutique, on a même eu des fans de Genève qui ont profité de notre présence à Paris pour passer nous voir. Dans la boutique on a réalisé le chiffre d'affaires de plusieurs mois en quelques weekends mais ça nous coûte aussi plus cher d'avoir une boutique physique.

Le chiffre d'affaires aujourd'hui est encourageant, il nous permet de tenir nos charges fixes qui sont maîtrisées. Nous travaillons pour MoonLook par passion par détermination et aussi par conviction pour toute cette création qui n'est pas assez valorisée.

HopShop - Quel est le bilan de la boutique éphémère ?

Nelly Wandji - Nous sommes largement rentrés dans les frais. Nous devons analyser ensuite dans le détail notre stratégie retail pour évaluer les résultats. Mais nous avons eu un très bel accueil et quelques bonnes retombées presse. Cette boutique nous a permis d'augmenter notre notoriété et de recruter de nouveaux clients. On aimerait pouvoir répéter l'expérience rapidement !

Le client qui a vu, touché et acheté le produit est beaucoup plus à même de le recommander sur internet. Du coup nous n'avons pas vocation à être toute l'année dans un lieu qui coûtera beaucoup trop cher et fera grimper les prix. Aujourd'hui nous voulons répéter l'opération boutique éphémère mais dans d'autres quartiers de Paris. Et pourquoi pas aller en province et aussi s'exporter en Europe dans des pays proches. L'éphémère nous convient très bien, on aime voyager, on aime cette flexibilité.

HopShop - Pas de regrets d'avoir lâché un boulot confortable dans un grand groupe ?

Nelly Wandji - Dans les grands groupes c'est très bien parce que c'est très formateur, on a du budget pour travailler, c'est plus confortable. Mais en terme d'éthique je ne m'y suis pas forcément retrouvée. Et puis j'aime aller au bout des choses et généralement dans les grands groupes on reste cloisonné dans son périmètre, on reste uniquement là-dessus et ce n'est pas mon tempérament. Donc aucun regret !

HopShop - Le mot de la fin?

Nelly Wandji - Il ne faut pas avoir peur d'être authentique, de rester soi-même et d'aller au bout des choses. C'est la seule façon de durer : en restant fidèle à sa personnalité et à sa moralité on arrive au bout des choses. Même pour les grandes maisons on a parfois l'illusion que c'est beaucoup plus facile, mais un jour elle ont été de petites maisons, elle faisaient avec de petites mains et en restant fidèles à ce qu'elle étaient, en ne se mentant pas elles sont restées dans la durée.

moon-look.com

hop-shop.fr


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elsa
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