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Musique - Madagascar - Caylah : la révolution slam de la Grande Île

  Musique, #

 

Le buzz, ce n'est pas vraiment ce que cherche Caylah. Bien sûr, cela peut aider à faire avancer les projets dans un pays où les artistes sont peu soutenus dans leurs activités. La jeune artiste malgache ne mâche pas ses mots. Dans le clip vidéo qu'elle a publié le 9 janvier dernier, elle marche dans les rues pluvieuses de Tananarive, la capitale, capuche sur la tête, à contresens des passants au début de la vidéo, puis de face pour laisser en fin place à ce visage juvénile, mais téméraire. À tout juste 22 ans, rien ne lui a échappé de la réalité que vit son pays depuis l'époque coloniale jusqu'à l'indépendance, le 26 juin 1960, et aujourd'hui. La politique, l'économie, dans le détail, le coût de la vie, la culture malgache qui ne s'apprend plus dans les écoles. C'est que la mondialisation, Caylah en a un goût amer. Lassée des coups d'État politiques, des retombées économiques qui se font attendre, de l'image de carte postale diffusée partout à propos de la Grande Île, elle clame haut et fort ce que beaucoup de Malgaches pensent tout bas. Loin de la décourager, elle veut se faire la porte-parole d'une génération d'éclairés au service de la Grande Île. Alors, quand sa vidéo Slam gasy fait le buzz, c'est l'occasion pour la jeune femme titulaire d'une licence en communication des entreprises d'expliquer sa démarche, et sa vision pour son pays. Bien présente sur les réseaux sociaux, c'est à travers eux qu'elle communique le mieux. Avec à peine 4 % de la population qui a accès à l'Internet à Madagascar, Caylah montre aussi que les temps changent, et ce, malgré l'incertitude politique. Sa vidéo a été vue, selon Radio France Internationale (RFI), plus de 70 000 fois en date du 23 janvier. Investie dans le social à travers des cours de slamothérapie qu'elle donne dans un centre pour mères adolescentes, elle s'est confiée au Point Afrique pour quelques minutes.

Le Point Afrique : quelles sont vos sources d'inspiration ?

Caylah : Pour moi, il y a trois sortes d'inspiration : la première, du cerveau intellectuel, quand on demande décrire sur un thème ; la seconde, du coeur, des émotions, joies, tristesse colère, haine, et qui nous pousse à écrire la troisième, d'une entité supérieure, qu'on ne connaît pas, car il me plaît de dire que les artistes sont des intermédiaires entre le monde imaginaire et la réalité

Êtes-vous en colère, Caylah ?

Je ne suis pas en colère vis-à-vis de mon pays, c'est plus de la tristesse que de la colère vis-à-vis de ce qui se passe à l'intérieur. Le plus difficile pour moi est de voir ce que les Malgaches eux-mêmes font à leur pays. C'est ce qui me décourage vraiment. C'est pourquoi dans le texte tout le monde en prend pour son grade, que ce soient ceux en costard ou le Malgache d'aujourd'hui. Parce que, si on est pauvre, c'est aussi de notre faute quelque part, parce qu'on est pauvre au niveau de l'esprit, je trouve.

À qui vos textes s'adressent-ils ?

Mes textes s'adressent à tout le monde, vieux, jeunes, riches ou pauvres.

Quels sont vos messages ?

J'aspire à une prise de conscience collective en fait, et mes messages ne s'adressent pas seulement au malagasy, mais aussi aux étrangers.

Comment voyez-vous l'avenir du pays ?

Je vois malheureusement un avenir sombre, même si j'observe une lueur d'espoir quand même à l'horizon parce que les gens commencent à prendre conscience de ce qui ne va pas et font des actions. Comme l'embellissement de mon quartier à la suite de la diffusion de ma vidéo. Mais on est encore loin d'un avenir glorieux pour Madagascar. Pourtant, petit à petit, on avance.

Comment gérez-vous votre soudaine notoriété ?

Le buzz, ça n'a rien changé dans ma vie, je suis restée la même malgré tout. Et puis ça fait deux ans qu'on peut dire que je suis connue dans le milieu. J'ai été déjà championne des champions de slam à Madagascar en 2014, alors, de ce côté-là, je n'ai pas eu du mal.

Où en est le projet du documentaire Mada Underground ?

Phillipe Chevalier et Denis Sneg (les deux coréalisateurs du clip Slam gasy) vont revenir certainement bientôt pour terminer ce qu'on a commencé. C'est toujours en cours de financement, mais le documentaire suscite déjà beaucoup d'intérêt et ça ne saurait tarder.

La colonisation, vous avez beaucoup à dire sur le sujet ?

Oui, la colonisation est toujours présente, mais d'une autre façon. La mondialisation, on peut dire ce qu'on veut, mais c'est une forme de colonisation moderne ! Si un pays ne fait pas attention, il peut être engrené dans ce système.

Quel est votre message aux jeunes, dont vous êtes proche par vos activités ?

Au niveau de l'éducation, je pense qu'il faudrait plus de professeurs qualifiés dans les écoles publiques. Mais aussi instaurer une bonne base dès les premières années : c'est le secret. Étant une population jeune, nous les jeunes, les enfants qui vont grandir à leur tour, on est l'avenir du pays, donc il faut donner une bonne base dès la petite école, et ce, dans un cadre favorisant la création et donnant l'envie d'aller à l'école et d'étudier tout simplement.

Vous êtes assez pessimiste...

Je ne suis pas pessimiste. Je suis, au contraire, très optimiste, j'y crois, mais à ce stade-là rien ne semble changer ! Regardez ce texte, je l'ai écrit il y a quatre ans et, aujourd'hui, il est toujours d'actualité ! Je n'attends rien de nos dirigeants, j'attends plus de chacun de nous Malgaches, quel que soit le niveau, j'appelle à une prise de conscience collective et individuelle. Qu'on se donne la main et qu'on mette nos forces en commun pour assurer un meilleur avenir à notre pays et à nos générations futures.

Avez-vous un album en préparation et de quoi sera-t-il fait ?

J'ai un groupe actuellement : Caylah and Men. Il s'agit de trois artistes, Miora Rabarisoa, Éric Harilala et Andriantiana Nantenaina. Nous mélangeons slam, poésie, rap et chant. On est assez ouverts. Mais nos textes sont clairement engagés d'un point de vue social, politique et culturel. Nous sommes encore à la recherche de sponsoring pour le produire, surtout après le concert réussi que nous avons fait à l'Is'art Galerie Ampasanimalo.

REGARDEZ, Caylah dans son clip vidéo Slam gasy coréalisé par deux Français :



Source : afrique.lepoint.fr


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gad
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