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Nigeria : une application pour calculer la dot des femmes, "The bride price"

  Société, #

Lancée il y a trois mois au Nigeria, l'application "The bride price" (littéralement "Le prix de la mariée") permet en quelques clics de calculer la valeur de votre dot ou celle de votre promise. Bien que présentée comme une simple plaisanterie, elle a suscité des réactions très contrastées.

L'application "The bride price", développée par l'agence digitale Anakle, basée à Lagos, calcule la valeur de la dot en fonction d'une série de questions allant de la taille au poids, en passsant par les compétences culinaires. Chaque réponse se voie attribuer une valeur pécuniaire, négative ou positive. Ainsi par exemple, une femme métisse, avec "les jambes de Beyoncé" ou encore avec les dents du bonheur, verra sa dot augmenter considérablement. À l'inverse, surpoids et tatouages la font baisser.

Dot symbolique, pas pécuniaire

En trois mois, l'application a enregistré environ quatre millions de visiteurs originaires de plus de 180 pays. Un succès qui n'est pas apprécié par tout le monde, en particulier - on la comprend - par la gente féminine. Dans un reportage du Washington Post, la militante féministe Joan Okorodudu déclare : "Le conseil que je donne aux parents, c'est de ne pas vendre leurs filles, je veux dire prendre de l'argent en échange de leurs filles sous prétexte que c'est une question de tradition, l' oji - qui est la noix de kola - et de la monnaie symbolique devraient amplement suffire". De fait, dans l'application, il n'est pas question de mesurer la dot avec des produits traditionnels, mais bien en naira, la monnaie nigériane.

 

Juliet Gilbert, docteure en anthropologie sociale qui a réalisé sa thèse sur les moyens de subsistance des jeunes femmes au Nigeria, confirme. "La dot est un élément extrêmement important dans les coutumes de mariage au Nigeria" qui "doit être considéré comme une marque de respect et de solvabilité pour la famille et la communauté, plus que comme une valorisation monétaire de la femme", explique-t-elle.

"Renforcer une tradition sexiste"

Dans sa tribune pour le , la journaliste nigériane Minna Salami reprend quant à elle les propos du personnage d'un des livres les plus célèbres de l'écrivain Chinua Achebe Obierika, Things Fall Apart, pour souligner le problème que pose l'application. Celui-ci dit, critiquant un autre village : "Toutes leurs coutumes sont à l'envers. [...] Ils marchandent comme s'ils achetaient une chèvre ou une vache sur le marché".

 

Le créateur de l'application, Editi Effiong se défend quant à lui de toute mysoginie, arguant qu'il s'agissait avant tout d'une plaisanterie. "D'où je viens tout le processus du mariage est conçu pour montrer du respect à la famille de la femme". Il ajoute que dans son cas la dot était insignifiante (moins d'un euro), mais qu'il "apprécie cette tradition" et pense qu'il faut "la préserver".

Dans sa tribune, Minna Salami lui répond que "l'ambivalence rend l'humour nigérian piquant et ingénieux. Le problème est que, quand cela conduit à renforcer une tradition sexiste pour laquelle les femmes - et non les hommes - payent le prix fort, nous devrions peut-être nous prendre plus au sérieux". Selon elle, la tradition de la dot est révélatrice "d'une histoire qui a supporté la patriarchie et le lignage patrilinéaire ininterrompu".

"Il vaut mieux en rire qu'en pleurer"

D'autres femmes nigérianes, comme la journaliste et bloggeuse Bim Adewunmi, ont en revanche pris l'application sur le ton de l'humour. "Il vaut mieux en rire qu'en pleurer", dit-elle, ajoutant que, bien qu'il y ait "encore des gens qui croient que "payer" signifie que l'épouse, la femme ("notre femme") soit une propriété et qu'elle soit à traiter avec négligence (...) de nos jours, le prix de la mariée est un charmant renvoi à notre passé - notre histoire - un geste plus généreux que les libations au nom des ancêtres".

 

Comme le rappelle Juliet Gilbert, les pratiques concernant la dot diffèrent beaucoup selon les différents groupes ethniques du Nigeria. Ainsi par exemple, "il est de coutume pour le père de la mariée à Ogoja (sud-est du Nigeria) de rendre l'argent à son beau-fils durant la cérémonie traditionnelle du mariage en lui disant 'Ma fille ne peut pas être achetée, mais tu peux la marier'", alors que dans d'autres cas l'aspect pécuniaire prend une grande importance. Ces expériences diverses peuvent en partie expliquer la diversité des réactions que suscite "The bride price".

Source : www.jeuneafrique.com


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