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" Nous sommes tous des Michael Brown "

  Politique, #

Une manifestation qui a rassemblé samedi plusieurs milliers de personnes dans le centre de Saint-Louis a constitué le point d'orgue de ces initiatives. Percutante de punch et de détermination elle était emmenée par les jeunes Afro-Américains de Ferguson, regroupés au sein de l'alliance Hands up, don't shoot ("?Mains en l'air, ne tirez pas?"), en allusion aux circonstances de la tragédie qui a coûté la vie à l'adolescent en août dernier. Tous les témoins affirment que c'est dans cette position qu'il a été abattu. L'émotion était d'autant plus forte qu'à la veille de ce week-end de mobilisation, jeudi, un autre ado de dix-huit ans a été victime des tirs d'un policier qui faisait, en toute légalité, des heures sup pour une société de gardiennage privée dans le quartier de Shaw, au sud de la ville (voir l'Humanité du 10?octobre).

Darren Wilson, l'officier de police qui l'a tué, est toujours libre

"?C'est insupportable, il s'agit du troisième jeune Noir abattu dans la région sans autre forme de procès par un policier depuis la mort de Brown en août?", lance une manifestante qui défile sous une pancarte où elle s'autodésigne?: "?femme blanche en colère?". "?Est-ce à quoi ressemble la démocratie???" interpellent des manifestants qui dénoncent une logique d'apartheid. La manif compte quasiment autant de participants afro-américains que blancs. Mike Brown était un ado sans problème qui, exception dans les quartiers noirs de Ferguson minés par le chômage et la mal-vie, aurait dû démarrer en ce moment même des études supérieures. Darren Wilson, l'officier de police qui l'a tué, est toujours libre. Un "?grand jury?" qui devait statuer rapidement ne cesse de reporter l'heure de l'annonce de son verdict. "?Qui est Michael Brown???" lancent des voix dans le cortège, "?c'est moi?!?" répond la foule en s'approchant du capitole de l'État du Missouri, à deux pas de la grande arche censée symboliser le mélange initial des populations créant la ville sur les rives septentrionales du Mississippi. Si la région est bien touchée par un atavisme historique - le Missouri fut le dernier État de la fédération à abolir l'esclavage -, "?il ne faut pas s'y tromper, ce qu'il se passe ici revêt un enjeu national?", souligne l'écrivaine Mary Wertsch qui ajoute?: "?Il y a trop de banlieues qui vivent ou pourraient vivre des événements du même type. Ferguson c'est partout aux États-Unis.?" Son compagnon, prof d'anthropologie à l'université Washington de Saint-Louis, pointe le besoin de faire émerger aujourd'hui "?l'équivalent d'un nouveau mouvement des droits sociaux?". Le creusement phénoménal des inégalités auquel on assiste ces dernières années est à l'origine de cet impressionnant regain de la ségrégation raciale. Terrible hiatus après l'entrée historique, il y a six ans, d'un président afro-américain à la Maison-Blanche. Cette ségrégation aggravée se repère d'abord dans l'éducation.

 

Car le financement des écoles est fondé sur la taxe d'habitation. La qualité de l'enseignement va ainsi de pair avec la valeur locale de l'immobilier. Et Ferguson, comme de nombreux quartiers habités par des Noirs, fut frappé de plein fouet par le séisme des crédits hypothécaires subprimes. "?Cela signifie, lance une prof venue avec son syndicat, des établissements sans moyens, souvent surpeuplés alors qu'à Ladue (la banlieue sélecte où se situent les somptueuses demeures à grandes colonnades des chefs d'entreprise), ils ont les meilleurs profs et des équipements au top du top.?" Les jeunes employés des chaînes de restauration rapide, engagés depuis près de deux ans dans une lutte de dimension nationale pour des augmentations de salaire, étaient très présents dans les rues de Saint-Louis samedi. Arborant sur le dos de leurs t-shirts "?Travailleurs des fast-foods luttant pour la dignité et la justice?", ils ont bien établi la concordance entre l'extension phénoménale des inégalités et ce regain de la ségrégation raciale. Laritta Harris, vingt-trois ans, afro-américaine, est de ceux-là. Elle touche 7,25?dollars (environ 5?euros) de l'heure chez McDonald's. "?Impossible de vivre directement de mon salaire, dit-elle, il me faut des aides publiques, des tickets d'alimentation et m'inscrire au programme Medicaid (qui assure un minimum de couverture santé aux plus démunis)?".

 

Saint-Louis est l'un des foyers du mouvement qui s'est baptisé "?Montre-moi 15?" (Show me 15) puisqu'il revendique 15?dollars de salaire minimum. Des grèves ont permis aux jeunes salariés du secteur d'ouvrir de premières brèches. Comme la décision prise par plusieurs collectivités d'augmenter le salaire minimum local, passé ainsi à 11,25?dollars (9?euros) à Chicago et même à 15?dollars (11,50?euros) à Seattle. "?Notre combat continue, relève Laritta, qui ajoute, sourire aux lèvres, c'est exactement le même que celui engagé pour que justice soit faite à Mike Brown.?"

Saint-Louis, Missouri (États-Unis), envoyé spécial. La résistance grandit pour exiger que justice soit rendue à Michael Brown, ce jeune Afro-Américain de dix-huit ans abattu de six coups de feu il y a deux mois à Ferguson, dans la proche banlieue de Saint-Louis, à la suite d'une altercation avec un policier blanc et alors qu'il n'était pas armé. Pendant quatre jours, des syndicalistes, des associations de défense des droits de l'homme, des droits civiques, des militants pacifistes, des prêtres, des citoyens ordinaires se sont mobilisés pour un "?octobre de Ferguson?", montrant leur détermination "?à ne pas se résigner à l'inacceptable?".



Source : www.humanite.fr


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