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Pierre de Gaétan Njikam, l'homme qui veut réveiller les diasporas africaines en France

  Société, #

Il évolue à Bordeaux comme un poisson dans l'eau. Parmi la bourgeoisie locale tout autant que dans le milieu associatif. Autour de lui, beaucoup de jeunes qu'il inspire, certains issus de la diaspora africaine, d'autres, étudiants à Bordeaux, tous fascinés par le parcours de leur aîné.

C'est que Pierre de Gaëtan aura réussi, au fil des années, à réunir autour de lui les notables de la ville, les intellectuels, les différentes communautés étrangères, les entrepreneurs... dans la plus grande discrétion.

Mais avec un idéal : faire converger Bordeaux et l'Afrique. Camerounais d'origine, Français d'adoption, Pierre de Gaétan est arrivé à Bordeaux il y a vingt ans pour poursuivre des études en droit.

Très vite, il ne tarde pas à s'intégrer dans le tissu associatif local. Un engagement né dès son adolescence au lycée de Kribi, sa ville natale. Là-bas, il organise des débats avant des réunions autour de la littérature au lycée à Yaoundé.

C'est que c'est sa seconde passion, avec la politique, initié qu'il est par ses professeurs et inspiré par les grands auteurs tels que Senghor, Nkrumah, en passant par Mandela. Puis une rencontre donnera une autre tournure à son engagement.

Un moment décisif : sa rencontre avec Alain Juppé

C'est en 2001 que Pierre de Gaétan croise la route d'Alain Juppé. Il ne le quittera plus. "Pour son esprit de modération", explique-t-il, après avoir admis avoir choisi "un homme plutôt qu'un parti", le RPR à l'époque, puis l'UMP maintenant. "J'ai pendant plusieurs années doublement accompagné Alain Juppé.

Sur le plan politique d'abord en étant un peu dans l'ombre d'un des membres fondateurs de l'UMP, ensuite, pendant sept ans comme délégué de circonscription de l'UMP à Bordeaux.

Parallèlement, j'ai été conseiller national pour l'UMP puis, sur le plan professionnel, pendant quelques années, responsable du groupe UMP au conseil régional de la Gironde avant de devenir un de ses collaborateurs en charge des questions de citoyenneté, de diversité et des relations avec les cultes au sein du cabinet du maire. En mars, il a souhaité que je poursuive à ses côtés..." poursuit-il.

De la diversité à l'Afrique, son parcours d'élu

Ainsi, le destin de Pierre de Gaétan va continuer à se jouer à côté d'Alain Juppé. Le voilà donc qui oeuvre officieusement dans son sillage jusqu'en 2008, année où il est nommé chargé de mission à la mairie de Bordeaux sur les questions de diversité notamment, celle de la vie associative et les relations avec l'Afrique. Et en avril 2014, c'est la consécration : il est promu maire adjoint en charge des partenariats avec l'Afrique subsaharienne. Il devient ainsi le premier élu d'origine africaine dans l'histoire de Bordeaux.

Un joli clin d'œil à l'histoire pour cette ville qui fut un des comptoirs coloniaux de la traite... Alors, Pierre de Gaétan explique : "C'est quelque chose à la fois d'emblématique et de significatif. Bordeaux a été cette ville qui a vu partir les bateaux négriers vers le continent africain.

Bordeaux, c'est aussi la ville qui au XIXe siècle a vu partir des commerçants pour l'aventure coloniale française. Et au XXe siècle, Bordeaux, c'est aussi la ville qui a accueilli les tirailleurs sénégalais, au sens générique du terme.

Mais Bordeaux, c'est aussi la ville qui accompagne l'émergence des nouvelles élites africaines à travers la prestigieuse École nationale de magistrature. Bordeaux abrite également le plus grand centre de recherche sur l'Afrique d'Europe, anciennement appelé "Centre d'études d'Afrique noire", aujourd'hui "Les Afriques dans le monde".

L'Afrique dans l'agenda de la ville de Bordeaux

C'est la raison pour laquelle l'engagement de la Ville s'est traduit par l'élection d'un adjoint en charge particulièrement de la collaboration avec l'Afrique. L'Afrique est pour la première fois inscrite dans l'agenda de la Ville. C'est dire l'importance de l'Afrique dans la stratégie de la municipalité."

Une ville pourtant marquée à droite. Une droite qui s'est distinguée par son orientation vers les extrêmes sous le mandat de Nicolas Sarkozy avec le débat sur l'identité nationale, le discours de Grenoble ou encore celui de Dakar... "À l'inverse", souligne l'élu, "dans un contexte de montée des extrêmes, Bordeaux, à travers Alain Juppé, a pris une tout autre orientation", poursuit-il.

Et de préciser : "Bordeaux, fidèle à sa tradition de ville d'ouverture, d'accueil, de modération, peut apporter cet esprit de partage, de rencontre, de dialogue avec l'Afrique. Nous sommes très attachés, dans le cadre de cette nouvelle mandature, à faire preuve d'innovation dans la politique africaine que nous souhaitons développer et d'y associer les diasporas africaines présentes sur le territoire ainsi que les sociétés civiles africaines."

Son autre implication : faire jouer un rôle aux diasporas

Là, Pierre de Gaétan touche une question qui lui est chère : celle des diasporas africaines. Son leitmotiv : renouveler les relations entre la France et l'Afrique. Avec Bordeaux pour laboratoire. C'est dans ce cadre qu'il a lancé la Journée nationale des diasporas africaines (JNDA), dont la troisième édition s'est tenue à Bordeaux à la fin de la semaine dernière, à partir du 25 avril.

Déjà en avril 2014, il créait le club Bordeaux-Cameroun-France qui regroupe en son sein d'illustres membres, dont Pierre Castel, président d'honneur du club, Jean-Claude Fayat, maître du BTP en France, ou encore Alain Taris, le président du Club d'entreprises Bordeaux Afrique (CBSOA). Sans oublier le soutien inconditionnel de son mentor, Alain Juppé.

De Tunis à Abidjan, en passant par Addis-Abeba, où en 2016 aura lieu une édition "africaine" de la JNDA, Pierre de Gaétan multiplie les visites sur le continent, pour bâtir son réseau, lancer de nouvelles relations d'échanges aussi bien politiques qu'économiques et culturels, et, in fine, repositionner la France sur un continent dont elle était un partenaire historique et privilégié, mais où la concurrence des nouveaux amis de l'Afrique ne lui facilite pas la tâche.

"Si un changement d'approche est nécessaire, il doit passer par les diasporas africaines présentes en France", préconise-t-il. "Elles ont un rôle à jouer à la fois ici, en France, et là-bas en Afrique", ajoute-t-il.

 

Dépasser le symbole et oeuvrer à des réalisations concrètes

En attendant, Pierre de Gaétan Njikam est résolu à ne pas se cantonner à un rôle de symbole à Bordeaux. Ce dernier pourrait voir sa patience et sa loyauté envers le maire de la ville bientôt récompensé. Il se murmure à Bordeaux qu'Alain Juppé, résolument déterminé à prendre la tête du pays lors de la prochaine élection présidentielle, pourrait confier les clés de sa ville à Pierre de Gaétan.

Une perspective qu'il contourne, tout en confirmant "la confiance" que lui prête Alain Juppé. Il souligne toutefois : "J'ai été, trois fois et toujours largement, élu à la tête de la 2e circonscription UMP de Gironde par un électorat pas du tout d'origine africaine ou dit de la diversité."

Une manière de laisser entendre que Bordeaux serait prête à élire un maire d'origine africaine... Quoi qu'il en soit, Pierre de Gaétan continue de tracer sa route. Au service de Bordeaux, dans la fidélité à Alain Juppé mais aussi dans celle d'un idéal qu'il partage avec son mentor : une nouvelle vision de l'Afrique et des relations avec le continent renaissant.



Source : afrique.lepoint.fr


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