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Présidence BAD : une candidate nommée Duarte

  Politique, #

 

Par notre envoyée spéciale à Abidjan,

Cristina Duarte a un atout certain d'être femme à l'heure où la promotion du leadership féminin est en vogue sur le continent, mais pas seulement. Elle a l'expérience, l'expertise et la vision. Cristina Duarte a naturellement des faiblesses aussi. "Je ne voudrais pas qu'elle soit élue parce que c'est une femme", dit une diplomate ouest-africaine. "Elle a tant d'autres qualités !"... et un CV qui parle de lui-même.

À 52 ans, Cristina Duarte, ministre des Finances et du Plan du Cap-Vert depuis 2006, brigue l'un des postes les plus convoités du continent, la présidence de la Banque africaine de développement. La bataille est rude mais Cristina a ses armes. Fille de Manuel Duarte, combattant de la Liberté en Angola, Guinée-Bissau et Cap-Vert, Cristina a été à bonne école. "Je suis née dans une famille panafricaniste", a-t-elle confié à un média anglophone. Elle en tire son multiculturalisme.

Un parcours sans faute

Native d'un pays lusophone, elle maîtrise cinq langues, dont le français, l'anglais et bien entendu le portugais. Une tête bien faite donc et bien pleine. À la maison tout d'abord. "Toute petite, j'ai appris de mon papa les notions de la force de l'Afrique, de l'Afrique unie, les questions de développement..." Puis, c'est un parcours universitaire sans faute qui s'illustre par une licence en économie à l'Université technique de Lisbonne, complété par un MBA en finance internationale et marchés financiers émergents décroché aux USA. C'est ensuite au pays qu'elle fait ses classes, dans l'administration publique, où elle évoluera rapidement jusqu'à être nommée directrice générale des études et de la planification au ministère du Développement rural. Ce qui l'amènera à exercer un titre de consultante auprès de plusieurs organisations internationales, dont le PNUD, la Banque mondiale, et la FAO. Elle pose un premier pied à la BAD il y a neuf ans, en tant que gouverneur. Rôle qu'elle cumule avec celui de ministre des Finances et du Développement depuis près d'une décennie. C'est là qu'elle se distingue : c'est sous son mandat que le Cap-Vert, pays jugé "non viable" à son indépendance, tardive, en 1975, passe de pays moins avancé à pays à revenu intermédiaire. Un exploit de l'avis de tous pour un pays d'à peine 500 000 âmes et peu doté de ressources naturelles. Entre-temps, Cristina Duarte sera également passée par la case secteur privé en opérant pour la City Bank où elle a notamment exercé la fonction de vice-présidente en charge du "corporate & investment banking". Une diversité professionnelle, une diversité géographique également : Cristina Duarte a travaillé en Afrique du Sud, au Kenya, en Angola, au Mozambique, en Guinée-Bissau, sans oublier le Cap-Vert. Une parfaite connaissance de l'Afrique, dans sa diversité et sa complexité, de ses défis comme de ses opportunités. "J'ai pris part à la politique très jeune pour servir mon pays, le Cap-Vert. Maintenant, j'ai l'opportunité de servir l'Afrique. C'est pour cela que je suis candidate."

Intégrer "la perspective africaine du développement de l'Afrique"

À ce titre, elle est la seule femme en lice parmi les huit candidats à la succession de Donald Kaberuka. Ce qui est loin d'être un handicap chez elle, pas plus qu'un atout. "Être une femme c'est une condition, ce n'est pas une compétence." De quoi faire taire ceux qui murmurent qu'elle a les préférences des États non-membres sous prétexte que c'est une femme et que la promotion du leadership féminin en Afrique est en vogue. Pour gagner, Cristina joue son expertise, son expérience, sa diversité. Et son programme. Qui pourrait se résumer à un concept "complicité positive" qu'elle définit en trois mots : le dialogue, l'analyse, la collaboration. Selon le modèle qu'elle a mis en place au ministère des Finances cap-verdien avec les résultats qu'on lui connaît. Cristina Duarte manifeste donc la volonté de changer en profondeur le fonctionnement de la BAD. "Pour l'emmener plus loin." Parce que face aux défis que doivent affronter aujourd'hui les pays africains, les partenaires au développement, la BAD en premier lieu, doivent aller plus vite, plus loin. Avec un principe de base : intégrer "la perspective africaine du développement de l'Afrique". Faire avec les États africains, en somme, et non à leur place. Ce qui passe par un changement d'approche " de la gestion de la pauvreté et de la précarité à la création de richesses " par exemple.

Cristina a un plan qu'elle veut développer sur plusieurs fronts

Si elle considère qu'il faut poursuivre les actions entamées par son prédécesseur, et donc la stratégie 2013-2022 de l'Institution, des chantiers doivent être revus, tel que celui de la décentralisation, jugé trop coûteux et remis en question. Pour mobiliser les ressources nécessaires au développement de l'Afrique, notamment internes, puisque c'est le mot d'ordre, Cristina a également son plan : renforcer les institutions, les systèmes financiers, l'intermédiation financière en Afrique. Renforcer le rôle du secteur privé également. Admettant "un programme d'efficacité organisationnelle" au sein de la BAD, elle déclare dans African Banker : "Le prochain président doit avoir le profil d'une personne ayant la capacité d'imposer des réformes nécessaires pour rendre l'institution plus efficace, mais aussi pour consolider la soutenabilité de la banque." Une personne comme elle, donc. Qui a su importer les réformes financières nécessaires au Cap-Vert.Reste que si elle a le soutien des pays lusophones, dont le président Pedro Pires, primé du prix Ibrahim Mo de bonne gouvernance, elle souffre de la concurrence d'autres candidats de la région Afrique de l'Ouest, représentée par trois autres prétendants : le Malien Birama Boubacar Sidibé, le Sierra-Léonais Samura Kamara et le Nigérian Akinwumi Adesina... Si elle est élue, elle deviendra alors la première femme à la tête de la BAD, le premier président originaire d'un pays lusophone également. Le début d'une nouvelle ère pour la BAD ?



Source : afrique.lepoint.fr


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eva
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