Devenez publicateur / Créez votre blog


 

" Sans aide, l'Afrique pourrait polluer autant que la Chine à la fin du siècle "

  Société, #


La croissance démographique et économique expose l'Afrique à devenir un foyer majeur de pollution, selon Ibrahim Thiaw, directeur adjoint du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Sauf si elle met ses forces dans le développement d'une industrie propre.

Que pensez-vous des contributions rendues par les pays africains pour la COP21 ?

Ibrahim Thiaw A ce jour, 48 pays africains sur 54 ont volontairement soumis leur plan d'action climat. Cela représente un engagement politique fort, d'autant plus remarquable que les Africains auraient pu se contenter de déclarer que leur part des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont négligeables.

 

L'Afrique se présente à la COP21 avec un programme majeur : l'Initiative africaine sur les énergies renouvelables qui vise à combler l'énorme déficit énergétique du continent. Bien que le continent dispose d'un immense gisement en énergie propre, six habitants sur dix vivent sans accès à l'électricité. C'est incompréhensible.

 

Le continent africain connaît une forte croissance économique engendrant une demande soutenue en énergie et donc un niveau accru de pollution. De plus, l'Afrique pourrait compter 2 milliards d'habitants d'ici à 2050, peut-être 4 milliards vers la fin du siècle.

A moins d'investir dans un développement économique et industriel plus propre, l'Afrique pourrait ainsi reprendre, vers la fin du siècle, la place qu'occupe la Chine ou l' Inde, dans la catégorie des grands pollueurs.

Les Africains doivent-ils payer pour un réchauffement climatique provoqué par les autres ?

Le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) a publié un rapport sur les besoins financiers de l'Afrique en matière d'adaptation au changement climatique. Estimés entre 7 et 15 milliards de dollars (6,6 et 14,2 milliards d'euros) par an d'ici à 2020, les besoins annuels vont croître jusqu'à 20 milliards à l'horizon 2030 et pourraient même atteindre, dans le pire des scénarios, jusqu'à 100 milliards d'ici à 2050. L'Afrique doit donc ajuster ses plans de développement. Elle ne peut pas se contenter d'une posture de victime. L'Afrique doit bien entendu négocier des financements substantiels et additionnels à l' aide publique au développement pour faire face aux nombreux défis qui l'assaillent. Mais, à l'instar des autres pays, les Etats africains doivent aussi se résoudre à recourir à leurs propres ressources.

 

Vous êtes originaire de Mauritanie. Quelles seront les conséquences du changement climatique dans votre pays natal et sur la région ?

En Mauritanie et au Sahel, 80 % à 90 % des impacts climatiques sont dus à des événements hydroclimatiques, avec alternance de sécheresse et de pluies torrentielles. Entre 2000 et 2008, les dégâts des inondations dans le Sahel ont été estimés à 80 milliards de dollars. Rien qu'en Mauritanie, le coût en atteint 10 milliards de dollars. En contraste total, la sécheresse de 2012 a mis un million d'enfants en danger pour cause de malnutrition, et a directement touché plus de 15 millions de personnes dans huit pays d'Afrique.

Lire aussi : Les cinq Africains qu'il faut suivre à la COP21

En plus de cela, les zones côtières, déjà fragiles, subissent des agressions humaines croissantes avec la construction de villes et d'infrastructures diverses. Les société s rurales, essentiellement agro-pastorales, ne disposent d'aucun système d'assurance pour faire face aux catastrophes qui, régulièrement, déciment les cheptels et détruisent les productions agricoles, entraînant migrations forcées, mutations sociales et révoltes diverses. Certains jeunes issus de ces milieux appauvris deviennent, malheureusement, les proies faciles de certains prêcheurs islamistes radicaux.

Malgré l'urgence, on ne voit pas beaucoup de dirigeants politiques africains véritablement impliqués dans les questions climatiques. Comment l'expliquez-vous ?

C'est vrai que, pour l'essentiel, les leaders africains ne se sont que peu exprimés sur ce sujet à l' international. Des exceptions notables existent tel feu Meles Zenaoui qui, joignant l'acte à la parole, a laissé à son pays un legs qui a marqué un tournant dans le développement économique de l' Ethiopie.

 

A défaut d'être très visibles, les pays africains n'en sont pas moins actifs. Aujourd'hui, les exemples se multiplient, notamment en ce qui concerne les énergies renouvelables ( Maroc, Kenya, Afrique du Sud, Mauritanie). Il faut noter les efforts de la Banque africaine de développement (BAD) avec des financements annoncés de 5 milliards de dollars par an en faveur du climat. Les programmes de la Commission économique pour l'Afrique ou encore la Vision 2063 de l' Union africaine donnent également beaucoup d'espoir. Visiblement, les lignes sont en train de bouger.



Source : www.lemonde.fr


PARTAGEZ UN LIEN OU ECRIVEZ UN ARTICLE

Pas de commentaire

Pas de commentaire
 
amite
Partagé par : amite@France
VOIR SON BLOG 94 SUIVRE SES PUBLICATIONS LUI ECRIRE

SES STATS

94
Publications

26085
J'aime Facebook sur ses publications

350
Commentaires sur ses publications

Devenez publicateur

Dernières Actualités

Pas d'article dans la liste.