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Soldats indigènes : un siècle d'oubli, de mépris ...

  Politique, #

Au cours de la Première Guerre mondiale, des centaines de milliers de soldats « indigènes » sont venus, de gré ou de force, se battre pour leur colonisateur et ont largement payé le prix du sang.

Le réalisateur et écrivain Mehdi Lallaoui, connu pour ses films et ouvrages sur la colonisation et l’immigration, apporte, avec un livre et un documentaire, une précieuse pierre au travail de reconnaissance de ces relégués de l’histoire.

En août 1914, les premiers contingents de troupes coloniales arrivèrent massivement en France. Ils participèrent à toutes les batailles offensives et décisives. Et on oublie souvent l’armée d’Orient, majoritairement constituée de coloniaux qui combattirent entre 1915 et 1918 aux Dardanelles et à Gallipoli (Italie).

Dans ce premier conflit mondial, l’Afrique du Nord fournira 300 000 soldats, pour moitié des Algériens. Leurs régiments feront l’objet du plus grand nombre de citations militaires. On lèvera de l’Afrique équatoriale et occidentale française d’alors quelque 200 000 tirailleurs.

IL A FALLU ATTENDRE CENT ANS, LE DÉBUT DU XXIE SIÈCLE, POUR QUE DES STÈLES OU DES MONUMENTS SOIENT ÉRIGÉS DANS L’ESPACE PUBLIC EN SOUVENIR DES POILUS D’AILLEURS.

Ils sont connus sous le nom de tirailleurs sénégalais, mais pas moins de cinquante ethnies les composent. On retrouvera également des combattants de Martinique et de Guadeloupe, de la Nouvelle-Calédonie, de La Réunion, des Comores, de Madagascar, sans oublier quelques milliers de Somaliens, ainsi que 50 000 Indochinois.

Au total, c’est donc près de 700 000 hommes que l’on fit venir des quatre coins de l’empire. Depuis 2014, la France vit au rythme de centaines d’événements autour du centenaire de la Première Guerre mondiale. Expositions, conférences, ouvrages éclairent les multiples aspects d’un conflit aussi dévastateur que traumatisant.

Mais que reste-t-il, dans notre mémoire collective, de ces centaines de milliers d’hommes d’au-delà des mers, soumis pour la plupart au « Code de l’indigénat » qui en faisait des sujets et non des citoyens venus contribuer à la libération de la patrie ? En 2014, les initiatives significatives mettant à l’honneur les combattants des anciennes colonies se comptent sur les doigts d’une main...

De plus, hormis quelques exceptions remarquées, tels l’inauguration d’une plaque aux musulmans de la Grande Guerre morts pour la France par le président de la République, le 18 février 2014, à la Grande Mosquée de Paris, ou encore le défilé du 14-Juillet, les « poilus d’ailleurs » n’y seront que dans le décor de cette tragédie humaine qui ouvrit le XXe siècle.

Dans le récit national, les poilus (les métropolitains) sont devenus des héros, mais les tirailleurs (les colonisés), des soldats de passage que l’on oublia très vite. Le parti pris que sous-tend le titre « les Poilus d’ailleurs » est aussi de remettre symboliquement à égalité tous les combattants de cette terrible guerre.

Il faudra attendre le début du XXIe siècle pour que des municipalités réactivent dans l’espace public des stèles ou des monuments en souvenir des poilus d’ailleurs. À Reims, avec l’inauguration en 2008 d’une sculpture en hommage aux soldats de l’Armée noire, on se souvenait du sacrifice de ces milliers d’hommes dans la défense de la capitale champenoise en juinjuillet 1918.

Le monument d’origine, érigé en 1924, avait été démonté par les Allemands lors de leur entrée dans la ville en 1940. À Fréjus, passée dans l’escarcelle de l’extrême droite xénophobe aux municipales de 2014, un bronze composé de tirailleurs africains et inauguré en 1994 rappelle les mots de Léopold Sédar Senghor : « Passant, ils sont tombés fraternellement unis pour que tu restes français. » Le cas du monument aux morts de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, est édifiant. Durant 80 ans, seuls les noms des Calédoniens morts pour la France y étaient gravés.

Les Kanaks étaient relégués à l’arrière, seulement représentés par le nombre de morts, suivi du nom de leur commune ou de leur île d’origine. C’est à la demande des ministres FLNKS que le maire fit ajouter, en 1998, des plaques de marbre où ils sont enfin nommés. Il en fut de même en Guyane, sur le monument aux morts de Cayenne, inauguré en novembre 1922. Il fallut attendre 2009 pour que les noms des soldats cayennais y soient gravés dans le marbre.

À travers le livre et le film « les Poilus d’ailleurs », nous réaffirmons l’importance pour tous ceux qui vivent dans notre pays d’être à égalité de mémoire car les descendants de colonisés réclament pour leurs anciens combattants oubliés, non pas des médailles et des citations posthumes, mais le respect. Simplement le respect.

Le Livre : « les Poilus d’ailleurs », de Mehdi Lallaoui, éditions Au nom de la mémoire, 2014, 142 pages, 26 euros. Le fiLm : « les Poilus d’ailleurs », de Mehdi Lallaoui, Au nom de la mémoire-Mémoires vives productions, 2014, 52 min, VF. Projection en le 11 novembre, à 17 heures, à l’AGHJA à Ajaccio, avec l’association Per a Pace. Le 18 novembre, à Marseille, avec l’association Approches cultures et territoires.

 

Contact : Au nom de la mémoire, 14, rue de la Paix, 95370 Montigny-lès- Cormeilles.


Source : www.humanite.fr


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