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Startups et technovation en Afrique: entre la hype et la réalité

  Business, #

L'une de mes lectures les plus marquantes de 2014 a été la biographie de Steve Jobs par Walter Isaacson. Au-delà de l'histoire de la vie de Steve Jobs et de son empreinte indélébile pour le monde des technologies, des affaires et du divertissement, j'ai été aussi édifié par l'histoire de la Silicon Valley qui se dessine en filigrane tout au long de ce bouquin.

 

L'histoire de la Silicon Valley est celle de rencontres loin d'être hasardeuses.. Rencontres entre de jeunes visionnaires fougueux pétris de talents, produits d'une éducation axée sur l'innovation et la recherche, d'un marché et d'un écosystème mûr, ainsi que d'une économie et un milieu des affaires disposés et enthousiastes, dans une zone géographique précise. La suite, c'est la légende que nous connaissons tous. L'on peut être tenté -à juste titre - de se laisser porter par le buzzde ces dernières années autour de l' African Tech pour penser à une réplique du boom de la Silicon Valley en Afrique. Entre les forums, conférences, articles de presse, et autres shows télévisés qui lui sont consacrés, le moins que l'on puisse dire c'est que l'écosystème technovation en Afrique est en ébullition. Il y a cependant quelques nuances qui, si elles sont mises en relief, assombrissent le tableau et laissent penser que la fresque festive cache un mur décrépi.

De l'idée au business

Il y a quelques jours, je suis tombé sur un post de l'aîné Florent Youzan sur Facebook. Un post qui m'a interpellé et attristé. Il en a d'ailleurs fait un billet de blog que je vous encourage à lire. C'est une histoire, hélas, loin d'être isolée. L'histoire de jeunes talentueux porteurs d'idée, d'idées extraordinaires, qui écument forums, ateliers et concours de startups et de business plans. Ils gagnent des prix. Ils apparaissent dans des articles de magazines et des classements. Puis...rien. La hype passe. Le buzz s'éteint. Et les super idées n'ont jamais pu avoir de vrais supports (et apports) pour aller vers le succès qui leur est dû sur le marché réel. Loin des paillettes et du glamour des concours de business plan et de startups, la réalité est parfois différente de ce qui apparaît dans les médias spécialisés et très peu de ces idées se transforment en business viable et durable.

 

Du buzz avant l'heure

L'idée ici n'est point de dépeindre l'AfricanTech avec le prisme du pessimisme. Dans la recherche et l'innovation en général, et encore plus dans la tech, l'échec fait partie intégrante du processus. Le taux d'échec à la Silicon Valley est très élevé. Cela fait partie du jeu. La différence notoire, est que l'on ne fait pas d'une idée qui n'a pas encore été passée au crible de la maturité un buzz avant l'heure. Une idée aussi novatrice soit-elle n'est pas encore un succès tant qu'elle n'a pas été mise à l'épreuve du marché. Au delà des concours de business plans, il faut viser le couronnement par le marché.

 

Les médias sont à la recherche de belles histoires à raconter, soient-elles vraies ou pas. Et il est dangereux pour un entrepreneur de se laisser prendre par ce piège. Il faut être préparé à l'échec, et ne pas sauter les étapes. Le besoin noble d'avoir des success stories africaines à raconter ne doit pas nous emmener à mettre la charrue avant d'avoir les bœufs. Attendons d'une histoire qu'elle soit réellement un succès avant d'en faire une success story.

De la non-prise en compte des spécificités locales

Une idée qui a marché aux USA ou en Europe peut se retrouver inappropriée au Ghana ou au Mali. Les techpreneurs se sentent de gré ou de force, consciemment ou pas, obligé de concentrer leurs efforts sur des idées ou actions " sexy et glamour " qui sont plus susceptibles de retenir l'attention des médias que celle du marché ciblé, ou même de carrément cibler un marché soit inaccessible, soit trop restreint pour porter à la croissance. Easy Taxi au Ghana; par exemple, qui a été pendant un long moment la coqueluche des blogs et des médias spécialisés n'a finalement pas pu avoir le succès escompté.

 

 

So @EasyTaxiGh has shut down. The twitter account doesn't even exist anymore. Ironically, I'm not surprised. ????

- Edem Kumodzi (@edemkumodzi) 20 Février 2015

 

@KellyGeek in Ghana, owning a smartphone doesn't necessarily mean u can afford to take a taxi. That's the first mistake they made.

- Edem Kumodzi (@edemkumodzi) 20 Février 2015

 

@KellyGeek the first thing any Ghanaian wanna do after they start working is buy a car. Means the customer base doesn't grow for easy taxi.

- Edem Kumodzi (@edemkumodzi) 20 Février 2015

 

@KellyGeek and their taxis charged much more than regular ones which made it unattractive for many. So we all went to our old ways.

- Edem Kumodzi (@edemkumodzi) 20 Février 2015

 

@KellyGeek problem easy taxi was solving wasn't one we have in Ghana. Finding a taxi isn't hard. Doing it w a phone doesn't add any value.

- Edem Kumodzi (@edemkumodzi) 20 Février 2015

La non prise en compte du contexte local peut se matérialiser de diverses manières. A mon opinion, l'une des actualités de la semaine dernière permet d'illustrer très bien cet état de fait. VMK, cette entreprise congolaise opérant dans les terminaux mobiles (déjà une tablette, deux smartphones et un feature phone à leur actif en 5 ans!) n'est plus à présenter. C'est une entreprise que j'apprécie tant par son audace que pour le symbole qu'elle incarne. Cependant, et avec tout le respect, je pense que pour VMK, l'ouverture d'un store à Abidjan dans un effort appréciable d'internationalisation est décalé par rapport au contexte local. Dans sa démarche et avec ses produits, VMK semble cibler la grande partie des populations africaines qui n'a pas accès au mobile (et à Internet) en raison du coût voire de l'inaccessibilité des terminaux. Ce marché cible, cependant, n'a pas pour habitude de consommation de rentrer dans un store pour acheter un mobile. D'ailleurs, combien de fois êtes vous rentré dans un store pour acheter un téléphone ou une tablette en Afrique? L'action est louable, mais le contexte local n'est pas pris en compte. J'espère toutefois que l'avenir me prouvera que j'ai tort, VMK étant une histoire qui doit continuer pour servir de modèle.

Créer des rencontres

Comme l'histoire de la Silicon Valley, celle de l'African Tech se fera par des rencontres. Des rencontres entre de jeunes fougueux pétris de talents. Des rencontre entre des idées qui correspondent à nos spécificités locales. Des rencontres avec des investisseurs. Des rencontres avec le monde de la recherche scientifique et académique. Des rencontres entre la volonté des entrepreneurs et innovateurs et celle des décideurs et investisseurs. Attelons-nous à favoriser ces rencontres. le buzz se fera tout seul quand de ces rencontres résulteront de vraies success stories.

 

KA.



Source : LET'S TALK ABOUT


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