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Technologie : Mohamed Keïta : "créer les entrepreneurs du futur"

  Business, #

 

Par notre envoyée spéciale à Bamako,

Avec 63 lieux répartis dans le monde, le réseau " Impact Hub " désire s'implanter en Afrique avec la mise en place de plusieurs hubs. Pour ce faire, le réseau a lancé, en septembre 2014, son programme " Afrique Seed ". Objectif : sélectionner plusieurs capitales africaines afin que le réseau puisse s'implanter efficacement sur le continent. En Afrique francophone, le choix s'est porté sur Bamako. L'équipe dirigeante, dont fait partie Mohamed Keïta, a élu domicile à Hamdallaye ACI, le quartier d'affaires situé dans l'Ouest bamakois, pour être à proximité des acteurs indispensables à l'écosystème. Celui qui affirme avec le sourire être un " serial entrepreneur " nous relate le cheminement qui a conduit à la création de la franchise de ce réseau à dimension internationale. Entretien.

Le Point Afrique : Depuis quand " Impact Hub " existe-t-il à Bamako ?

Mohamed Keïta : Nous avons commencé le processus en octobre 2014, parce que nous sommes passés par une procédure de candidature où il y a eu des sélections. La candidature a été validée en décembre 2014. Nous-mêmes, nous avons suivi un programme d'incubation pour pouvoir nous outiller, nous former à gérer un espace, jusqu'en mai dernier. C'est au terme de ce processus que l'ensemble des autres hubs ont procédé à des votes et nous avons été retenus pour l'octroi de la licence. Là maintenant, tout ce processus est terminé, nous sommes dans la phase finale, c'est-à-dire que nous aménageons le local pour le mettre à la disposition du public malien. Et pour cela, nous escomptons le mois de février si tout se passe bien.

Pourquoi avoir fondé un incubateur d'entreprises ? Dans quel but ?

La motivation, elle est venue essentiellement de mon propre parcours. Quand je me suis lancé, c'était en 2008. J'ai constaté que, malgré les discours politiques, les agences publiques, telles la PEJ ou l'ANPE [Programme emploi jeunes - Agence nationale pour la promotion de l'emploi, NDLR] qui avaient été mises en place pour fournir les accompagnements nécessaires aux entrepreneurs - moi-même j'ai eu à solliciter ces structures-là -, il n'y avait pas assez de répondant et que cela ne s'était pas matérialisé avec un vrai accompagnement tel qu'un entrepreneur pouvait l'attendre. C'est ce qui m'a fait beaucoup réfléchir. La première initiative que j'ai posée dans ce sens a été la création d'une petite association qui s'appelle Nelio 8, qui organise essentiellement des compétitions pour faire découvrir de jeunes entrepreneurs, de jeunes équipes, et éventuellement les accompagner. On a commencé par ce cycle d'incubation en pré-amorçage, d'autres nous ont rejoints dans l'initiative et on a eu vent que le réseau " Impact Hub Global " cherchait à s'installer en Afrique. Ils ont lancé un programme qu'ils ont appelé " Africa Seed " et beaucoup de jeunes comme moi ont postulé. C'est donc une franchise que nous avons obtenue pour développer ce concept localement. Il s'agit d'offrir un espace de travail, des programmes de formation, d'incubation et aussi de faire la jonction entre le fonds de pré-amorçage, parce que souvent les entrepreneurs ont les idées, les compétences, mais pas le petit capital minimum pour amorcer quelque chose.

D'ailleurs, qu'est-ce qu'est un incubateur d'entreprises ?

Un incubateur d'entreprises pour faire simple avec des mots accessibles à tout le monde, c'est essentiellement de prendre des équipes qui ont des projets qui semblent intéressants et qui montrent toutes leurs capacités de croissance de développement. L'idée, c'est de les prendre en main en leur offrant un espace de travail, de les intégrer à un réseau avec d'autres entrepreneurs qui peuvent compléter certains talents qu'ils n'ont pas. C'est de leur fournir un support technique. Souvent, il s'agit de capacités managériales qu'ils n'ont pas. Nous fournissons aussi du répondant en matière de gestion de budget, de trésorerie, comment mener une campagne marketing, comment faire découvrir son produit et ses services. Pour compléter le tout, ce serait aussi de faire la première jonction avec le monde de la finance. Généralement, les petits entrepreneurs ne savent pas gérer ce domaine-là. Ils ont de brillantes idées, mais cela s'arrête là. Il faut donc les aider à structurer tout cela, et c'est ce processus que nous appelons " incubation ". Nous les couvons pour qu'ensuite ces petites entreprises puissent voler de leurs propres ailes.

Le réseau " Impact Hub " de Bamako concerne-t-il tous les actifs, quels que soient leurs domaines de compétence ?

Exactement, ce qui est formidable avec Impact Hub, c'est que nous ne faisons pas de restrictions contrairement à d'autres incubateurs qui imposent, surtout en Afrique, d'évoluer dans les TICs ou dans le développement durable, par exemple. Nous, nous ne mettons pas ce filtre-là. Dès lors que vous avez un talent, des compétences à faire valoir et que, surtout, vous êtes motivé, alors vous êtes le bienvenu dans un Impact Hub. Dans le monde, il y en a une centaine actuellement, cela a débuté à Londres, en 2005. Il y a quelque temps, j'étais à Berlin, et dans ce hub, il y a des peintres, des artistes, et même des gens qui font du yoga. Ces derniers organisent des sessions auxquelles participent les autres membres de ce hub. Il y a une grande énergie positive qui se dégage dans ce genre d'espace. Souvent, les jeunes entreprises trouvent leurs premiers clients au sein de leur propre réseau. D'ailleurs, j'ai une anecdote à vous raconter. Au sein du Impact Hub de Tokyo, de jeunes entrepreneurs ont décidé de faire le premier salon au monde spécialisé sur le kimono traditionnel. C'était un événement inédit, ils ont travaillé sur leur concept avec le soutien du hub, ils ont été mis en réseau et ont fait une campagne sur une plateforme de financement participative. Tous les hubs ont participé à la promotion de cet événement et plusieurs vidéos ont été partagées sur le réseau global d' Impact Hub qui compte plus de 11 000 membres tout de même. Donc, cela a facilité la communication du projet, l'information a bien circulé et des fonds ont pu être levés. Ils ont même défilé à New York. Tout le monde est le bienvenu, danseurs, chanteurs, musiciens.

Comment l'Impact Hub de Bamako compte-t-il s'imposer face aux autres incubateurs d'entreprises déjà présents en Afrique ?

Nous pensons, vraiment, que notre première force, c'est la taille de notre réseau. Pas plus tard qu'il y a quelques mois, un classement réalisé par un magazine américain a classé le réseau " Impact Hub " comme premier mondial dans le co-working. Nous appartenons à un réseau, et en Afrique il y a le hub de Kigali, de Khartoum, et plein d'autres suivront. Alors que les autres incubateurs ne disposent pas d'une telle force. Avec nos 11 000 membres, nous avons beaucoup de programmes qui sont approuvés, notamment les programmes d'incubation, nous avons des programmes que nous avons testés dans les pays qui disposent d'un Impact Hub et qui ont fait leurs preuves. Ce sont des programmes que nous sommes à même de déployer et d'offrir aux entrepreneurs maliens. Là aussi, nous pensons que c'est un avantage que nous avons par rapport aux autres. Ces programmes ont pu être bénéfiques à des entreprises qui réalisent aujourd'hui des chiffres d'affaires qui se comptent en millions de dollars. Nous croyons vraiment que grâce aux contenus que nous allons offrir à nos participants, nous avons un avantage considérable. Nous sommes affiliés à la G.E.L, la Global Entrepreneurship League, nous avons également la licence pour tous les programmes APE Global, les StartUp Week-end, les Startup Battles. Ce sont des programmes (destinés aux jeunes entrepreneurs et aux personnes désireuses d'entreprendre afin de leur prodiguer des conseils, etc.) que nous pouvons proposer en exclusivité dans notre Impact Hub, ce qui n'est pas le cas des nos concurrents. Pour la petite histoire, le système de l'incubation au Mali est totalement nouveau, nous sommes quasiment les précurseurs. Dans le co-working spécialisé, il y a déjà un acteur qui a commencé à partir de Dakar et qui commence à avoir son réseau, mais ils sont surtout focalisés sur le co-working. Nous allons plus loin que cela. Nous faisons du co-working, de l'incubation, nous faisons en sorte d'accélérer le développement des entreprises. À l'instar des réseaux sociaux, nous disposons du nôtre : " Impact Hub Net ". Moi, je peux avoir besoin d'un éclaircissement sur un point en particulier, je me tourne vers les membres du réseau social et je peux avoir une réponse qui vient du hub de Séoul, de Singapour ou d'Auckland, par exemple. Tous nos membres au Mali seront automatiquement identifiés sur l' Impact Hub Mali. Ils pourront se connecter et échanger avec les autres personnes connectées.

Quelles seront les missions que vous vous fixez, dans un premier temps ?

Une de nos missions premières est d'offrir un espace qui fasse rêver, je m'explique. Un espace qui donne l'énergie nécessaire pour bien travailler et mener à bien son projet d'entreprise. Surtout, nous mettons l'accent sur l'accompagnement des entrepreneurs qui veulent évoluer dans le domaine de l'agro-business. Nous n'avons pas de restrictions, mais nous avons des focus. Je pense que les projets en agro-business ont un fort impact sociétal, parce que dans l'esprit même du Impact Hub, il y a le volet sociétal qui est très important. C'est bien de dégager des profits et de faire émerger des entreprises, mais nous accordons une attention particulière à l'impact sociétal. Malheureusement, nous ne pouvons pas prendre énormément de projets en même temps, nous sommes obligés à ce niveau-là, de procéder à un tri. En plus de l'agro-business, nous accordons une importance aux TICs.



Source : afrique.lepoint.fr


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