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Tirailleurs, oubliés officiels des commémorations de 14-18 ?...

  Politique, #

 

En avril 2014, les 4e Rencontres lycéennes et universitaires du lycée français Blaise Pascal d'Abidjan étaient consacrées à l'Afrique face à la Grande guerre. Retour sur des aspects oubliés de la contribution des colonies africaines au combat de la métropole...

 

La France libre fut africaine titre, pour son dernier ouvrage, le Pr. Eric Jennings (Université de Toronto, grand spécialiste de la France coloniale). Car au-delà de la légitimité territoriale et politique que lui a offert Brazzaville, puis l'AEF, de 1940 à 1942, c'est bien en Afrique centrale que se trouvent une grande partie des racines de la (re) construction de l'État gaulliste... qui devient, à la Libération en 1944, le gouvernement provisoire de la République française. C'est là qu'est installée la première capitale de la France libre, qu'est reconstruit la Caisse centrale de la France libre (premier système bancaire qui est devenu aujourd'hui l'agence française de développement), que sont trouvées les matières premières et les forces vives, que sont levés les premiers contingents pour reconstruire l'armée française. Bref, tout ce qui fait l'intendance, si longtemps ignorée de l'écriture de l'histoire, derrière les célèbres et glorieuses épopées de la Force L du général Leclerc, à Koufra, ou de la Légion étrangère à Bir Hakeim.

Force est de constater que le recours aux colonies est un fondamental de l'armée française. La " force noire ", théorisée par le général Mangin, en constitue le pilier. Ces troupes qui avaient conquis des régions entières de l'Afrique sous les ordres d'officiers français après le congrès de Berlin (1884-1885), deviennent pendant la première guerre mondiale une véritable force d'appoint sur le front. Blaise Diagne, député français pour le Sénégal se fait même, à partir de 1918, recruteur de troupes dans toute l'Afrique subsaharienne française, lui qui savait pour autant que ces troupes étaient utilisées comme de la chair à canon. Chacune des deux guerres mondiales - on pourrait en dire autant des guerres coloniales - a vu débarquer ses contingents de Tirailleurs sénégalais - une étiquette généraliste forgée depuis le Second Empire et la colonisation du Sénégal pour désigner les troupes d'Afrique subsaharienne. Rarement leur histoire est connue. Si la mémoire populaire a conservé les batailles italiennes et allemandes de l'armée d'Afrique, notamment à Monte Cassino, en 1944, qui se souvient des sacrifices des combattants africains dès les premières heures de la Seconde guerre mondiale ?

Un homme, manifestement, s'en est souvenu : Jean Moulin. Si sa tentative de suicide en juin 1940 est connue de tous, ses raisons le sont traditionnellement moins : c'est pour refuser de signer l'acte d'accusation soumis par les Allemands qui désignent - pour maquiller leurs crimes - les tirailleurs africains comme les auteurs des violences perpétrées contre les civils à La Taye (Eure-et-Loire).

Une femme, aussi, a tenu après-guerre à témoigner : Claude Gérard. Ancien officier de la résistance intérieure, commandant à la Libération, journaliste progressiste partisane du combat du Rassemblement démocratique africain, elle a exhumé l'histoire du " Tata de Chasselay ". Le 20 juin 1940, près de 200 tirailleurs sénégalais et leurs officiers européens se sacrifient au château du Plantin, aux portes de Lyon, pour barrer la route aux Nazis. À l'issue de violents combats, dans un rapport de force disproportionné, la cinquantaine de survivants de l'armée française rend les armes... Les SS de la division Totenkopf ("tête de mort") ouvrent le feu de leurs mitrailleuses sur les tirailleurs et leur officiers désarmés et prisonniers, puis écrasèrent leurs corps sous les chenilles de leurs chars. Derrière l'acte de guerre, les Nazis procèdent explicitement à un acte éminemment raciste en exterminant le corps du "sauvage", suivant les consignes du commandement allemand, qui interdit ensuite toute sépulture à ces soldats. Dès 1942, l'office des Anciens combattants du Rhône décide de rendre hommage aux Africains : ils entreprennent la récupération et l'identification des corps, ainsi que la construction d'un cimetière-mausolée. Le Tata, "enceinte de terre sacrée où sont inhumés les guerriers morts pour leur pays" (wolof) est inauguré le 20 juillet 1947.


Source : libeafrica4.blogs.liberation.fr


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