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Toute la violence faite aux Noirs

  Société, #

Le Diable et le bon Dieu se sont trouvé un terrible terrain de jeu au sud des Etats-Unis, au Texas, où se déploie la vie violente de Ruby - pierre précieuse souillée par les hommes dès l'âge de six ans - partie adulte sur les traces de sa mère à New York, puis revenue dans la petite ville de Liberty se débattre avec ses fantômes et la folie.

" Ruby ", premier roman de Cynthia Bond, une poétesse et militante sociale de cinquante-trois ans, est un voyage au bout de l'enfer. L'histoire effrayante de cette jeune femme noire dans l'Amérique profonde des années 1970 entre tristement en résonance avec le récent massacre perpétué par un jeune terroriste blanc dans l'église de Charleston.

La folie des hommes, la haine qui l'emporte sur l'amour, sont au centre de ce roman singulier, qui, au-delà de sa dimension sociale et humaniste, est une oeuvre littéraire de toute beauté. Cynthia Bond met en relief les exactions du KKK, la violence inouïe des Blancs à l'égard des Afro-Américains, qui persiste des années après l'abolition de l'esclavage. Mais elle montre aussi les effets pervers de cette ségrégation sur la communauté noire : hystérie religieuse incontrôlée, superstitions douteuses, rancoeur et haine de soi, jusqu'à la folie meurtrière... La brutalité des hommes, à l'égard des femmes surtout, est montrée sans concession, avec pour seule exception l'attachant personnage d'Ephram, doux homme à l'enfance brisée (lui aussi) qui veut sauver Ruby des flammes de l'enfer.

Poésie fiévreuse

Le lecteur est emporté autant par l'intrigue haletante et la fable sociale implacable que par le style de l'auteur. Une poésie fiévreuse qui emprunte aux plus grands auteurs américains (Faulkner notamment). Cynthia Bond, qui a mis dix ans à écrire ce premier roman, cultive un genre de réalisme magique, où se mêlent chroniques du mal ordinaire et psalmodies vaudoues.

Ruby se bat avec le diable, le " Dibouh ", abrite dans son corps des fantômes d'enfants violés, trouve son salut dans la communion avec la nature, se confondant avec l'écorce des arbres, les cailloux des routes. On est happé par la force tellurique de ce conte-brûlot fantastique sur le bien et le mal, qui fait souvent penser au sublime film de Charles Laughton " La Nuit du chasseur ". Arrivé au bout de ce combat sans merci entre " Love and Hate ", on referme en tremblant presque ce livre brillant comme un rubis, rouge comme le sang et noir comme la nuit.

Philippe Chevilley



Source : www.lesechos.fr


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