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Culture & Loisirs, # |
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Musique * Vingt ans après "Sister Act 2", le drame "12 Years a Slave" crevait les écrans et remettait le chant afro-américain au goût du jour, en territoire fribourgeois aussi. Déborah Boschung
A l'origine du gospel, il y a les esclaves noirs-américains, qui suaient dans les champs de coton ou sur les chemins de fer, chantant au rythme de leur travail. Il s'agissait d'une musique de survie, composée au jour le jour et empreinte des promesses de libération bibliques. Puis, au fil du temps et grâce à l'influence du christianisme, "l'énergie et l'incroyable sens du rythme africains se mélangèrent aux accords et à la précision des chants religieux", explique Alain Bertschy, professeur de chant au Conservatoire de Fribourg. Ainsi naquit le gospel, littéralement "évangile" en anglais. Depuis, le genre s'est transformé: sa fonction religieuse laisse souvent place à une dimension plus sociale, en s'insérant dans des événements comme les mariages ou les enterrements. "Le gospel est un style très ouvert, il n'y a pas forcément besoin d'être croyant pour le chanter", relève à ce sujet Coline Cuennet, 20 ans, étudiante à l'Université de Fribourg et chanteuse amateure. Une musique d'espéranceSon point de vue n'est cependant pas partagé par tout le monde. Pour Eléonore Francisco, 19 ans, ce chant reste principalement religieux. Accompagnée de sa guitare basse, elle se rend chaque dimanche à la messe avec le Chœur de louanges du Foyer Beauséjour. Etudiante au Collège Sainte-Croix, elle explique que c'est par rapport au racisme et à l'esclavagisme que le gospel a pris ses distances: "Je prends une certaine distance avec le passé. Je chante pour Dieu." Elle n'écarte toutefois pas la dimension sociale: "Mon chœur est comme une deuxième famille, nous nous soutenons mutuellement." L'artiste Bonny B. ne pense pas non plus que le gospel ait quelque chose à voir avec l'esclavage. Lui-même réfugié politique de la dictature de Pol Pot au Cambodge, ce musicien et recordman d'harmonica explique que le gospel n'abordait d'ailleurs jamais des problèmes de société: "C'était simplement une musique d'espérance. Grâce à la souffrance que ces gens ont vécue, ils ont pu créer quelque chose de très fort et profond." Encore peu connuMême s'il a ses adeptes passionnés, ce style de musique reste encore peu connu à Fribourg. Pourtant "il n'y a pas besoin d'être Afro-Américain pour le chanter", affirme Alain Bertschy, qui s'y était mis afin de mieux tenir sa voix durant des concerts de rock. Il poursuit: "Chacun y est le bienvenu. Il n'est pas non plus obligatoire d'avoir des connaissances particulières en musique: la mélodie est simple, le rythme entraînant, les chants sont faciles à mémoriser." Bonny B., dont la voix puissante impressionne dès les premières notes, avoue d'ailleurs ne même pas savoir dessiner une clé de sol! Coline le conseille précisément à tout jeune intéressé par le chant qui ne souhaiterait pas suivre de formation: "C'est un excellent moyen de se lâcher, on est moins statique que dans un chœur classique, on claque des doigts... Bref, on s'amuse!" Le moyen le plus sûr de se faire une idée fidèle du gospel est probablement de l'entendre de sa propre oreille. Et qui sait, il y aurait peut-être plus de monde à la messe de Noël si l'on y chantait "Hallelujah", "Joshua Fit the Battle of Jericho", ou "Roll, Jordan Roll", autant de récits bibliques convertis en chansons. I
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