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Comment je suis devenue nappy

  Mode & Beauté, #

En septembre 2012, j'ai décidé de ne plus me défriser les cheveux. Après longue réflexion. Pourquoi continuer à me lisser les cheveux alors que je les coupais régulièrement ? Comment mes proches le prendraient-ils ? Mon nouveau look serait-il accepté dans mon milieu professionnel ?

Autant d'interrogations avant mon " big-chop ", comprenez par ce mot couper toute la partie défrisée des cheveux pour ne laisser que la repousse crépue. Mais je l'ai fait. Épouvantée par ma nouvelle coupe, ma mère m'a à peine regardée. Quant à mon petit ami de l'époque, il a préféré " prendre le large ". Je n'étais plus assez féminine à son goût. Et pourtant, je me coupais les cheveux bien avant le " big chop ", sauf qu'ils étaient lisses grâce au défrisage et j'étais perçue alors comme " la femme sexy qui ose ".

Avec mon TWA (Teeny-weeny Afro = un court afro), c'est-à-dire une coupe nappy (une contraction de " Natural and Happy ", naturelle et heureuse), j'ai entendu des phrases comme : "elle ressemble à un garçon manqué !", "elle ne trouvera jamais de mari avec cette coupe", "elle n'a pas d'argent pour acheter les tissages de cheveux naturels"... Concernant ces tissages, je refuse de dépenser une fortune (les vrai cheveux, qui viennent d' Inde, coûtent dans les 300 000 francs CFA, 460 euros) pour ressembler à Beyoncé ou à Naomi Campbell. Des femmes dont le style capillaire s'inspire des canons de beauté occidentaux, des cheveux lisses et longs.

Quête identitaire et confiance en soi

La nappy que je suis désormais montre qu'on peut être belle avec ses cheveux crépus. Une vérité que l'on ne vous enseigne pas quand on est enfant ou adolescente. Dès mon plus jeune âge, ma mère m'a défrisé les cheveux parce qu'elle ne supportait plus mes cris et pleurs quand elle les peignait. À la télé comme sur les affiches publicitaires, les femmes avaient la peau claire et les cheveux longs, lisses ou frisés. Une bizarrerie qui s'amenuise : certaines publicités osent depuis peu mettre en avant la beauté de la femme africaine authentique.

Au-delà de la quête identitaire, le mouvement nappy redonne de la confiance à la femme afro. En tant qu'activiste des droits de la femme, assumer mes cheveux crépus est essentiel pour obtenir le respect des autres pour ce que je suis vraiment. Une de mes tantes a par exemple soutenu que " les nappy sont des lesbiennes, car aucun homme ne voudrait épouser une femme qui porte une tignasse crépue ". Je ne suis pas lesbienne. Même si j'avoue ne pas encore être mariée, à 35 ans.

Le look nappy est désormais adopté par un grand nombre de jeunes Africaines. Crédits : DR

Au travail, ce n'est guère plus aisé. Lors de plusieurs entretiens d'embauche, j'ai été éliminée d'office parce que je portais une coupe afro qui, dans l'esprit des patrons ou des recruteurs, ne sied pas à un poste de responsable en communication. Une autre fois, j'ai été interdite de représenter l'ONG pour laquelle je travaillais lors d'un séminaire, parce que j'avais fait des " vanilles " (sortes de tresses torsadées) sur mes cheveux crépus courts. Cette coiffure, selon mon ex-employeur, ne valorisait pas l'organisation.

 

Dans la plupart des salons de coiffure, face à une touffe de cheveux crépus, le premier réflexe des coiffeuses est souvent d'ouvrir un pot de crème à défriser. Cette tendance aussi est en baisse, grâce aux femmes de plus en plus nombreuses qui portent fièrement leur coupe afro.

Naturelle et heureuse

Une nouvelle génération d'Africaines authentiques est née. Au Sénégal, les rencontres et manifestations de femmes nappy (ou N'happy) se multiplient.

Des groupes " cheveux crépus " se créent sur les réseaux sociaux pour les conseils et les bons plans. Je co-anime d'ailleurs une page sur Facebook et bientôt un blog pour donner des idées coiffures et partager les articles et photos qui valorisent le port des cheveux naturels. Il existe désormais des salons de coiffure qui ne traitent et coiffent que la texture crépue.

Pour cette nouvelle année 2015, j'ai décidé de franchir une nouvelle étape, en me faisant faire des dreadlocks. Une aventure qui risque à nouveau d'en choquer plus d'un, à commencer par ma famille. Féministe, nappy et "locksée", ma tante dira probablement : " Te voilà prête à mourir vieille fille ".



Source : www.lemonde.fr


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