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Culture & Loisirs, # |
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Dope, ça veut dire drogue - c'est évident tout le monde le sait. Mais utilisé comme adjectif, c'est également synonyme de cool, frais, sympatoche. Dans cette double signification tient tout le film, le quatrième de son auteur Rick Famuyiwa. Remarqué à Sundance, et montré en clotûre de Quinzaine des réalisateurs, il remplit parfaitement son rôle de bouffée d'air frais pour festivalier qui vient de se prendre, dix jours jours durant, matin midi et soir, toute la noirceur du monde sur la gueule. Ici la noirceur est seulement sur la peau des personnages, ados d'un ghetto de Los Angeles qui chacun à leur manière tentent de se frayer un passage vers la sortie. Malcolm, le héros, est un geek qui aime le hip-hop des nineties et joue du high school punk avec ses deux potes (dont Tony Revolori, le groom indien du Grand Budapest Hotel) en attendant, espère-t-il, d'intégrer Harvard - une gageure lorsqu'on vient d'un lycée public défavorisé d'Inglewood. Il va donc devoir ruser, tout comme Tom Cruise, en 1983 dans " Risky Business ", devait ruser pour entrer à Princeton. C'était le proxénétisme, la bourgeoisie WASP et Reagan dans le film de Paul Brickman, c'est le trafic de drogue (auquel Malcolm se retrouve malencontreusement mêlé), le ghetto et Obama dans celui Rick Famuyima ; mais c'est au fond le même programme (comique) et la même morale (gentiment cynique). Dope, c'est sa principale qualité, s'extrait du discours nunuche et moralisateur (sois mignon, respecte la loi, etc.) que l'on pourrait attendre d'une telle sundancerie, et préfère montrer des personnages qui s'en sortent en exploitant les failles d'un système qui ne leur laisse a priori aucune chance. Des hackers de leur propre vie en quelque sorte. Echapper aux assignations, définir son identé entre les clous, se jouer des apparences pour mieux les retourner : on retrouve là tout ce qui faisait la réussite de " Dear White People ", dont Dope n'atteint cependant pas la sophistication formelle et discursive. Pour masquer le manque de mise en scène, Famuyiwa a tendance à allumer tous les voyants du cool : bande-son démente garnie de tubes hip-hop, score original et production executive par Pharrell, A$AP Rocky dans le cast, image sucrée et gimmicks à gogo... Un peu bourrin, mais irrésistible. Jacky Goldberg
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