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Société, # |
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Le documentaire de Jean Queyrat sur les pratiques dans la vallée de l'Omo en Ethiopie a été diffusé le 22 février dernier sur France 5. Vaguement au courant des pratiques des populations de cette région, ce documentaire inédit m'a fait froid dans le dos.Ces images dont témoigne le documentaire, continuent à s'imposer à mon esprit de façon imprévisible, au détour d'un geste, d'une pensée ou d'une rencontre. Je me décide donc aujourd'hui à vous en parler, non pour vous en informer tout simplement mais susciter chez vous un élan d'esprit critique face aux images qui proviennent de l'Afrique. Il y a dix ans, lorsque Jean Queyrat se rend pour la première fois dans la vallée de l'Omo, cette région reculée du Grand Sud éthiopien n'est guère connue que des paléontologues, de quelques anthropologues et d'une poignée de voyageurs intrépides. Mais aujourd'hui, à cause des images qu'il a prise notamment, les touristes affluent et les autochtones se mettent naturellement en scène pour offrir un spectacle, des plus pittoresques aux invités. Près de ceux qui sont habillés normalement dans les marchés, une partie des peuples de l'Omo ont fait de leur image, un véritable commerce.
Les femmes et les enfants ont beaucoup de succès auprès des touristes étrangers. Dès neuf heures du matin, tout le monde se pare et s'affuble d'ornement aberrant (clous - percing) et de tout ce qui leur tombe sous la main. Le village est transformé en " village studio ".
Avec sa famille, ils proposent une vision exécrable et sauvage de leurs vies. La plupart des touristes veulent ainsi croire que c'est l'expression de la culture locale. A croire que les touristes ne demandent qu'à se laisser berner. Le spectacle est poussé très loin et le travestissement encore plus. Loin de cette scène, parfaitement banale au pays de l'Omo, une soixantaine de touristes filment " le saut du taureau ": un rituel d'initiation à l'age adulte. Les guides commentent comme ils peuvent, dans un anglais balbutiant. L'appareil photo et la caméra sont des filtres qui tiennent l'émotion à distance. Ils n'ont pas les clés pour comprendre la cérémonie. Une savoureuse comédie de dupes dans une région très pauvre. " On ne vit pas sans les touristes " dit un sage de la région. D'autre part, ce que les touristes ignorent, c'est que les femmes se font mutiler pour l'argent. Cet argent pour lequel, même les élèves devienent encore plus sensibles au tourisme. Le documentaire montre un groupe de touristes qui demandent à de jeunes élèves de peindre sur leurs corps des motifs précis. Alors si on considère que le tourisme permet aux populations de survivre et au pays de se développer, quel est l'intérêt pour les touristes de dénaturer une réalité? Le voyage a coûté cher, il faut le rentabiliser? Sans accuser quiconque, cette question reste ouverte... Je vous invite à regarder le documentaire pour essayer d'y répondre. sinathlafricaine.mondoblog.org | |||
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